L’isolement et le sous-développement demeurent les deux maîtres mots qui décrivent cette région charnière et chargée d’histoire laquelle se trouve nichée sur les hauteurs du chef-lieu communal de Boudjellil. Il s’agit du douar Tazmalt, qui n’a rien à voir avec la commune voisine éponyme. Ce douar est un ensemble de 7 villages relevant de la municipalité de Boudjellil. Il y a Tansaout, Ath Saïda, Taourirt, Talefsa, Ath Dassen, Tizi-Allouane et Ath H’Lassa. Ces villages enclavés, sont situés entre trois chefs-lieux communaux: Boudjellil, Aït R’zine et Ighil Ali. Comptant sur l’agriculture vivrière, l’élevage bovin, ovin et avicole et l’oléiculture, les habitants arrivent quand même à s’en sortir. Mais ce qui est frappant dans tout cela, c’est ce passé glorieux et éblouissant de ces 7 villages qui abritaient, jusqu’aux premières années de l’indépendance, des ateliers des métiers artisanaux tenus par des artisans d’une dextérité irréprochable. Les vieilles personnes qui ont connu cette époque faste du douar Tazmalt racontent, presque les larmes aux yeux, que cette période «fut inégalable à celle d’aujourd’hui, où les artisans fabriquaient toutes sortes de produits». Chaque village avait ses artisans et des activités qui lui sont particulières. Comme ce fut le cas pour le village d’Ath Dassen, où des familles entières étaient spécialisées dans la confection des bijoux Berbères et de l’orfèvrerie. Ce métier tend à disparaître actuellement, où seuls quelques vaillants bijoutiers perpétuent la tradition ancestrale. Ou encore à Tansaout où l’on travaillait le cuir. Cette bourgade, perchée sur une colline, était connue par la fabrication de produits en cuir tels que les portemonnaies (Itezdamen), les ceintures, les bracelets, les sacs, les chaussures,… À présent, les métiers artisanaux pratiqués autrefois dans ces villages ont disparu à cause de l’industrialisation à outrance, la concurrence déloyale et l’importation des produits, notamment, chinois, qui ont fini par tuer carrément l’âme même de l’artisanat rural! Sur un autre registre, après avoir connu l’âge d’or le douar Tazmalt est tombé en désuétude, où l’enclavement a fini par étreindre les habitants qui n’ont aucun moyen de transport. Car les transporteurs de la commune n’assurent aucune desserte de et vers ce douar, habité par environ 6500 habitants. Ces villages vivent comme perclus, complètement oubliés par les pouvoirs publics!
Syphax Y.