Ichekfiouene célèbre la femme rurale

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Le village d’Ichekfiouene, dans la commune d’El Kseur, a célébré cette semaine, la journée internationale de la Femme rurale, sous le thème «Femme rurale, pilier de l’épanouissement économique du ménage et de la communauté». Une initiative de l’association «Assirem Gouraya» de Béjaïa qui a sollicité pour la circonstance, la participation de la conservation des forêts, la direction de la jeunesse et des sports, le musée du Moudjahid et le Mouvement associatif local. Une centaine de jeunes participants y compris des représentantes de la gente féminine, ont visité le musée de Bourbaatache qui était un centre de torture dans la commune de Fanaia à l’époque coloniale. Les habitants de la localité d’Ichekfiouene, ont assisté à une projection vidéo sur la vie de la femme rurale et par la suite, effectué une randonnée, d’une distance de cinq kilomètres, intitulée «Sur les traces de la femme rurale révolutionnaire et du développement local». Pour illustrer la participation de la femme rurale à la révolution, le romancier et correspondant de la radio locale, Karim Chikh, fils d’une moudjahida, torturée dans ce lieu funeste que fut le centre de torture de Bourbaatache, donna à l’assistance toutes les explications sur cette machine, à déshumaniser les êtres, tout en offrant quelques spécimens de son livre traitant de ce lieu cauchemardesque. M. Chikh a également présenté une exposition de photos des torturés de ce centre. Deux autres fils de deux victimes de ces lieux ont donné d’autres explications sur les différentes étapes que subissaient les victimes coloniales en s’arrêtant sur les lieux de torture qui répondaient à un souci de faire souffrir la personne détenue: clouage de corps à des pieux pour les déchiqueter, fosses pleines d’eau, salles de tortures… Les présents écoutaient assidûment les explications fournies par les intervenants qui connaissaient le dossier et ce lieu maudit et ont pu découvrir les photos des soumis à la torture durant la guerre d’indépendance. Cela leur a permis de prendre connaissance d’un pan de l’histoire de la guerre d’Algérie. Puis la délégation s’est rendue vers le village d’Ichekfiouene pour découvrir une exposition diversifiée (produits du terroir, photos de la guerre de libération, outils anciens utilisés par les paysans kabyles dans les différents travaux ménagers, dans les champs et dans l’artisanat traditionnel…). La délégation a pu apprécier la valeur des outils domestiques ancestraux et des explications sommaires ont été fournies aux présents.

Voyage dans l’Histoire

Puis, les présents ont bénéficié d’une dégustation de produits du terroir dans une ambiance conviviale et fraternelle. Les participants ont été conviés à une visite guidée dans ce village sous les chants de femmes de la localité et des youyous qui faisaient à profusion. Le président de l’association organisatrice, Amar Rabhi, dira: «la réappropriation de l’Histoire du pays est une priorité dans le programme de l’Association Assirem Gouraya sans attente d’une quelconque contrepartie puisque notre crédibilité auprès des institutions et des particuliers nous a toujours permis de réunir tous les moyens pour la réussite de nos activités. La journée internationale de la Femme rurale a été un grand moment de partage qui a pu regrouper de différentes activités orientées vers l’Histoire, la promotion des produits du terroir, la randonnée pédestre et la valorisation du chant kabyle. Les grands bénéficiaires de cette journée ont été les enfants qui ont pu découvrir les souffrances de leurs ainés dans le centre de torture colonial. C’est une occasion de rendre hommage à la femme kabyle qui a beaucoup donné durant la révolution algérienne et qui participé activement au développement local tout en préservant nos traditions séculaires. Un programme spécial de sensibilisation a été arrêté au profit des enfants de bas âges, de la population rurale et des amis de notre association venus en grand nombre découvrir les horreurs vécues par la Femme rurale durant les sept années et demie d’une guerre génocidaire. Le savoir-faire de la Femme Rurale a eu aussi l’honneur d’être présenté dans cette journée dans un village aux potentialités touristiques indéniables». Le témoignage, ci-dessous, d’un participant, confirme la convivialité qui a entouré cette rencontre. «Merci à nos amis et à l’Association Assirem de nous avoir compté dans le groupe qui s’est déplacé à Ichekfiouene pour honorer la femme rurale, événement organisé dans ce typique village Kabyle. En cours de route, nous nous sommes arrêtés pour visiter le musée du Moudjahid de Bourbaatache. M. Karim Chikh nous a accompagnés dans la visite de cette ancienne prison coloniale où de nombreux moudjahidine et moudjahidate ont subi le martyre. Certains ont même été tués d’une balle dans le dos par l’armée coloniale lors de la funeste «corvée de bois». L’accueil des femmes du village d’Ichekfiouene fut à la hauteur de la tradition kabyle et des valeurs ancestrales. Personnellement, cette sortie m’a permis de ressentir et de revoir certaines valeurs humaines que je croyais perdues à jamais. Cette joyeuse envie de vivre de la jeunesse, garçons et filles, m’a fait chaud au cœur».

A. Gana.

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