Une agglomération qui se vide

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Ath Oualvane, un village millénaire, est l’un des douze villages de la région de M’chedallah. Il est implanté à l’ouest du chef-lieu de commune de Saharidj et distant de celui-ci de quelque deux km. Le village est bordé au nord par le village Ath Hamad, à l’ouest par les vastes forêts de Tizi Ghrane et au sud-est par le village Aggach. C’est l’un des plus anciens villages de la région qui a su préserver ses us et coutumes. Et ceci du fait que les tribus qui le composent sont restées groupées y compris celles qui l’ont déserté pour s’installer ailleurs. A l’heure actuelle, Ath Oualvane comptabilise dans l’ancien village à peine 2000 âmes sur les 11.000 habitants originaires du village. Les 9000 autres habitants se sont éparpillés à travers la région de M’chedallah pour former d’importantes agglomérations telles que celles d’Ighrem et Ahemam dans la commune d’Ahnif et Chekra dans celle de M’chedallah. D’autres se sont installés au chef-lieu de commune de Saharidj. L’ancien village qui est complètement déserté et où ne subsistent encore que des vestiges d’anciennes maisons traditionnelles encore debout, est composé de plusieurs cités qui sont par contre toujours occupées à l’image de Tighilt, Timeglelet, Ahriq u Cherridh, Nezla, Aharrach et Izemuren. Une ancienne légende court à propos de ce village auquel on impute le fait que toutes leurs activités se font à 07(sept). Légende tirée en fait des sept sources qui l’entourent. Ce village révolutionnaire, sachant qu’il comptabilise pas moins de 74 martyrs, ce qui est énorme par rapport à sa démographie de l’époque coloniale, est à vocation agropastorale. Bien que ses habitants se soient éparpillés, ils ont préservé leurs us et coutumes semblables à celles de toute la communauté kabyle, notamment en matière d’activités collectives dénommées tachemlith (volontariat) telles l’immolation rituelle (timechret), le volontariat pour l’entretien des ouvrages collectifs dans l’ancien village. Ainsi l’entretien des cimetières et des routes se fait en présence de tous les villageois. Bien qu’il ait bénéficié de la majorité des moyens d’accompagnements modernes tels que le revêtement de la route qui le relie à Saharidj à l’aide du bitume, l’alimentation en AEP et le gaz naturel, son raccordement au réseau électrique et l’assainissement, ce village, du fait de sa situation géographique, reste isolé. Un isolement aggravé par l’absence d’une ligne de transport de voyageurs. Bien qu’il soit doté d’une école primaire et d’une unité de soins, les villageois continuent à le quitter pour s’installer ailleurs. Parmi ses vestiges, l’on retrouve en plus de l’ancien village l’une des plus anciennes mosquées, plusieurs huileries et un moulin traditionnels.

Oulaid Soualah

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