Dans cet entretien, le secrétaire général du bureau de la wilaya de Béjaïa de l’Organisation Nationale des Enfants de Chouhada, Saïd Amrouche, parle du programme prévu pour la célébration du 62e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale. Comme il revient sur les péripéties du bras de fer qui l’oppose depuis des années à quelques membres du bureau qui veulent prendre les destinées de l’organisation à Béjaïa.
La Dépêche de Kabylie : Est-ce que vous avez déjà peaufiné un programme pour commémorer la date historique du 1er Novembre 54 ?
Saïd Amrouche : A l’ONEC, il est de notre devoir de commémorer toutes les dates historiques et c’est ce que nous faisons chaque année. Mais la famille révolutionnaire compte plusieurs organisations et chacune d’elles élabore son propre programme qu’elle adresse à la wilaya, laquelle se charge d’assembler et de faire un seul programme à célébrer ensemble, c’est-à-dire les autorités wilayales en collaboration avec les organisations. Le programme élaboré cette année est le suivant : les festivités débuteront le 31 octobre avec une exposition au théâtre régional de Béjaïa où des photos de nos illustres Chouhada, livres et articles de presse parlant de notre glorieuse révolution seront mis à la disposition des visiteurs. Il y aura également dans la journée plusieurs conférences qui seront animées par des Moudjahidine et des historiens. Des projections de films traitant de la guerre d’Algérie sont au menu de cette journée. Le soir, place sera laissée aux activités culturelles avec une pièce de théâtre. Tard dans la soirée, c’est-à-dire aux environs de 22h, un rassemblement aura lieu à la place du 1er Novembre (place Gueydon). A minuit pile, des coups de feu seront tirés et des sirènes retentiront des bateaux. La journée du 1er Novembre sera riche aussi en festivités. Elle débutera avec la levée des couleurs sous le son de l’hymne national, le dépôt d’une gerbe de fleurs au carré des martyrs de la wilaya, puis s’ensuivra une prise de parole par le secrétaire général de l’ONM de la wilaya. Une délégation composée des autorités de wilaya et des membres de la famille révolutionnaire rendra ensuite visite à un moudjahid malade et à une veuve de chahid. Les festivités se poursuivront avec des baptisations et des poses de pierres pour la réalisation de plusieurs projets.
Parlez nous de votre parcours au sein de cette organisation. Depuis quand occupez-vous le poste de secrétaire général du bureau de wilaya ?
En 2007, j’étais membre du conseil chargé de l’organique au sein du bureau de wilaya. En 2008, le secrétaire général a démissionné et j’ai été désigné pour assurer l’intérim. Quelques mois après, on a préparé une assemblée générale du conseil à laquelle a pris part un membre du conseil national. Et c’est à l’issue de cette assemblée générale que j’ai été élu secrétaire général du bureau de wilaya. Mon premier mandat s’est achevé en 2015, année où eut lieu le congrès national, le 15 janvier à Alger. La même année, le 5 décembre, j’ai été réélu par une assemblée générale des membres du conseil de wilaya, en présence d’un représentant du conseil national.
Occupez-vous une autre fonction que celle de SG du bureau de wilaya ?
Je suis membre du conseil national chargé de l’organique dont la mission principale est la structuration des bureaux de wilayas. Donc, depuis ma désignation à ce poste, je n’ai pas cessé de sillonner les wilayas pour mettre en place dans chacune d’elles un bureau qui élit ensuite le secrétaire général de wilaya qui va représenter localement notre organisation. La tâche est ardue. Je vais boucler bientôt une année à ce poste et au jour d’aujourd’hui, j’ai pu installer 15 bureaux de wilayas répartis entre les régions d’Alger, Oran et Constantine. Comme la loi organique stipule qu’à chaque fois qu’un congrès national se tient pour élire ou réélire un secrétaire général du bureau national, les élections suivent à l’échelle de wilaya pour élire ou réélire le secrétaire général du bureau de wilaya. Je suis appelé à continuer ma mission qui est celle de structurer le reste des wilayas non encore dotées de bureaux ONEC. Notre organisation joue un rôle important dans la défense des intérêts des ayants droit qu’elle accompagne dans la constitution et le suivi des dossiers, jusqu’à leur aboutissement. Nous menons aussi diverses activités comme la célébration des dates historiques, la construction de stèles et monuments sur les lieux connus d’accrochages, etc.
Des rumeurs disent que l’ONEC traverse des turbulences avec l’émergence en son sein d’un courant qui cherche à destituer le SG actuel du bureau national et par ricochet s’accaparer de l’ONEC. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé dernièrement au niveau du bureau national. Au moment où on a commencé à prendre en charge les revendications de la famille du Chahid en saisissant les autorités concernées telles que le Premier ministre, les ministères de l’Intérieur et de l’Habitat… leur exposant les revendications venues de la base, on a été surpris par l’attitude de certains ex-membres du bureau national. Ceux-ci n’avaient rien arraché pour la famille du chahid durant leurs mandats et avaient, au contraire, eux-mêmes bénéficié de beaucoup de privilèges sur le dos des ayants droit, et ils tentent de revenir à des postes de responsabilité par la force en faisant tout pour destituer le secrétaire général actuel et prendre les destinées de notre organisation. Je leur dit basta ! Ils m’ont moi aussi freiné dans la restructuration des bureaux de wilayas et cette situation ne fait qu’aggraver le retard déjà existant. Comme nous sommes des légalistes et des partisans de la force de la loi et non de la loi de la force, nous avons saisi qui de droit pour rétablir l’ordre.
Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux enfants de chouhada ?
J’appelle les enfants de chouhada, notamment ceux affiliés à l’ONEC, de travailler main dans la main pour construire une organisation forte capable d’arracher leurs droits légitimes dont ils sont privés. C’est là l’objectif principal de la création de l’ONEC. Je lance un autre appel à tous les enfants de chahid de participer à l’édification de notre pays pour lequel nos parents ont sacrifié leurs vies laissant des veuves et des orphelins pour que vive le peuple algérien libre et indépendant.
Peut-être un message à lancer ?
Le message que je veux adresser à la génération actuelle est le suivant : j’invite les enfants d’Algérie à s’intéresser à l’Histoire de leur pays, notamment la guerre 54/62 qui a permis le recouvrement de notre indépendance. Une guerre noble qui s’est inscrite dans l’échiquier des grandes guerres à travers le monde et où notre peuple a tenu tête à la quatrième puissance mondiale en la vainquant. Ils doivent savoir que cette liberté dont ils jouissent aujourd’hui n’est pas tombée du ciel, mais qu’elle fut l’aboutissement de 7,5 ans de lutte durant lesquelles le peuple algérien a payé un lourd tribut. L’Etat pour sa part doit encourager les historiens en particulier et les écrivains en général à écrire notre Histoire, des écrits qui vont expliquer aux nouvelles générations comment leurs aïeux se sont sacrifiés pour se débarrasser de l’oppresseur colonial qui avait fait main basse sur notre pays durant 132 ans et qui l’ont laissé dans un dénuement total, sans industrie ni infrastructures de base. Elles sauront comment la génération post indépendance s’est sacrifiée pour construire un pays doté d’une industrie, d’hôpitaux, d’universités et d’aéroports. Un pays émergeant sur la bonne voie pour sortir du sous-développement.
C’est votre mot de la fin ?
Je demande à la population de se mobiliser en masse pour célébrer cette date du 1er Novembre qui est un grand repère de notre Histoire. Je remercie votre journal pour m’avoir donné la parole. Gloire à nos valeureux martyrs et vive l’Algérie à qui je souhaite beaucoup de bien, car nous n’avons pas un autre pays de rechange.
Entretien réalisé par L. Beddar.

