De Souk-el-Tenine, dans la wilaya de Bejaia, à Amoucha, dans la wilaya de Sétif, et malgré l’ouverture de l’agence CNEP à Bordj-mira il y a de cela une année, l’agence bancaire BADR de Kherrata demeure l’unique établissement bancaire d’importance couvrant cette vaste région. Cependant, sa capacité d’accueil et la qualité du service ne cessent d’être pointées du doigt. Dès que le virement de leurs pensions de retraite est effectué, à partir du 18 de chaque mois, des milliers de retraités de France de la région de Kherrata se hâtent de s’agglutiner devant le siège de cette agence, sis au centre-ville de la commune. Dans le froid et la chaleur, qu’il pleuve ou qu’il vente, ils se placent là pour faire la queue dès les premières lueurs du jour. Des personnes âgées, dont certaines n’arrivent pas à tenir debout, et des jeunes, munis de procurations, arrivent de partout. A un certain moment, pour éviter les cafouillages à l’entrée de l’agence et sur la ruelle adjacente, on distribuait des tickets numérotés, mais, pour gagner quelques sous, quelques jeunes venaient tôt s’accaparer les tickets qu’ils vendaient par la suite, à prix forts, à ceux qui n’arrivaient pas tôt la matinée. Chose qui a contraint, récemment, l’agence à supprimer ces tickets. À neuf heures, quand l’agence ouvre ses portes, l’exigüité des locaux oblige la majorité de ces infortunés à patienter dehors sous une pluie battante, ou sous un soleil cuisant. Seule une dizaine de clients trouve des sièges pour s’assoir à l’intérieur, les autres patientent à l’extérieur, debout, ou en s’asseyant carrément par terre quand les conditions climatiques le permettent. Derrière le comptoir de l’agence, les fonctionnaires font de leur mieux pour servir le maximum de clients en une journée. Avant, ils étaient seize, mais, actuellement, ils se retrouvent à dix, car six d’entre eux sont partis, récemment, en retraite suite à l’annonce faite par le gouvernement de porter l’âge de la retraite à 60 ans, laissant ainsi leurs postes vacants. Même le poste de directeur est vacant depuis juin 2016, ce qui oblige un des fonctionnaires à abandonner son poste pour assurer l’intérim. Bien qu’illégales, les opérations de change parallèle se font juste à la sortie de l’agence, auprès de quelques individus qui se sont convertis en agences de change ambulantes. Bien que le taux de change soit le même, l’opération se fait discrètement dans un coin à l’abri des regards indiscrets. On raconte même qu’il y a certains vieillards qui se sont fait arnaquer. En plus du payement des subventions allouées dans le cadre de la CNL, 7000 comptes en devises et 2000 en Dinars sont domiciliés dans l’agence, avec un tel nombre et un seul caissier, il est quasiment impossible de faire face au flux important de clients pouvant se présenter un même jour. Cette agence ne dispose même pas d’un GAB, ce qui aurait, à coup sûr, réduit l’attente des clients et le travail des banquiers. Dans ces conditions, le maximum de clients servis la même journée peut avoisiner les 450, par contre, les plus malchanceux d’entre eux doivent revenir, et parfois à maintes reprises, et subir le même sort. Pour éviter toutes ces tracasseries, les clients importants ont préféré délocaliser leurs comptes, ce qui débouche parfois sur un manque de liquidité, chose que plusieurs fonctionnaires ont dénoncé, car, à chaque fois qu’ils se rendent sur les lieux pour retirer leurs salaires, ils reviennent bredouilles. Aussi, l’agence, ne disposant pas d’un groupe électrogène, souffre de la multiplication, surtout en été, de coupures de courant électrique fréquentes dans la région. Ceci rallonge à chaque occasion les délais d’attente des clients et accroît, par la même occasion, leur exaspération. Pour améliorer la qualité des services et les conditions de travail des fonctionnaires, la construction de nouveaux locaux adéquats pour accueillir cette agence s’est imposée depuis plus de huit ans comme l’unique solution. Malheureusement, depuis 2009, date du premier choix de terrain fait dans cette optique, rien de palpable n’est venu se traduire sur le terrain afin de mettre fin au calvaire des clients de cette agence, et notamment des vieux retraités de France qui mériteraient plus de considération et un meilleur accueil. Pourtant, en 2010, après moult changements, une assiette de terrain, se trouvant en face de la mosquée centrale de Kherrata, a été choisie à cet effet. A ce jour, et bien que ce choix ne souffre d’aucune ambigüité, les travaux tardent à être entamés et rien ne présage qu’ils le seront bientôt. En attendant, au niveau de cette agence, et comme il est de coutume chez nous, le client continue d’être malmené et ces vieux retraités, en plus des tracasseries ‘’paperassières’’, doivent s’armer davantage de patience pour tenir debout à chaque fois que leur retraite leur est versée.
Saïd M.