Eection houleuse !

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L’assemblée générale de la Chambre de l’agriculture de la wilaya de Bouira n’aura pas été marquée par le sceau de la sagesse ni par celui de la sérénité pour l’élection des membres de la présidence du conseil d’administration de cette entité.

Jeudi matin, plusieurs dizaines d’agriculteurs ont tenté d’empêcher la tenue de cette élection et il aura fallu l’intervention des forces de police pour faire régner l’ordre aux alentours de la Maison de l’agriculture où se tenait ce scrutin. Scrutin chahuté et interrompu alors que les présents pensaient s’acquitter de leur devoir en procédant à un vote anodin pour le renouvèlement des instances de la Chambre. Les forces de l’ordre ont rapidement dispersé les protestataires qui se sont tenus éloignés mais qui n’ont pas quitté les environs, insistant pour faire entendre leur mécontentement. Pour M. Akkouche Malek, secrétaire général de la Chambre de l’Agriculture, «c’est là l’œuvre d’individus qui veulent à tout prix perturber les élections, faisant fi des statuts de la Chambre», dira-t-il. Il expliquera : «Il faut savoir qu’à Bouira nous avons 23 associations à caractère agricole et il peut y avoir plusieurs associations dans la même filière. Au niveau de l’assemblée générale de la Chambre d’Agriculture, chaque filière a droit à 5 sièges et je dis bien chaque filière pas chaque association. En ce qui concerne la wilaya de Bouira nous avons 8 filières qui ont participé à cette élection. Il y a une filière qui n’a pas voulu participer, c’est celle de l’élevage ovin. De ce fait, 8 filières avec 5 sièges donnent 40 sièges. Les prestataires de services, d’après les statuts de la chambre ont droit à 10 sièges. Les prestataires de service sont tous les gens qui font des services avec le secteur de l’agriculture, c’est-à-dire les grainetiers, les vendeurs de matériels agricoles, les coopératives agricoles de service…». M. Akkouche affirmera par ailleurs que cette élection avait été reportée à deux reprises : «Nous avons commencé le travail depuis le mois d’août et cette assemblée générale a été reportée par deux fois, une fois parce que des gens étaient à la Mecque et une autre fois à cause de certaines wilayas qui n’étaient pas prêtes parce que les associations ne s’étaient pas encore conformées à la nouvelle loi 12-06 portant sur les associations. Ainsi, sur les 23 associations, 3 n’avaient pas participé. La première réunion s’est tenue, le 24 août dernier, et a concerné les producteurs. Nous avons fait une réunion pour les présidents d’associations et nous leur avons expliqué que le mandat de l’ex-assemblée générale était arrivé à son terme et que nous allions procéder au renouvèlement de tous les organes délibérants de la chambre d’agriculture, l’assemblée générale, le conseil d’administration et le président. On a demandé à chaque association de faire son assemblée générale pour désigner ses 5 membres pour les représenter. Dans le cas où il n’y a qu’une seule association pour la filière, les 5 désignés iront directement à l’assemblée générale de la chambre. Dans le cas où il y a une filière qui dispose de plusieurs associations, chaque association fait son AG et désigne ses membres pour les primaires».

Sous haute protection policière

Selon le secrétaire général de la chambre de l’agriculture, le travail a été de longue haleine pour informer tous les concernés, notamment les prestataires de service et plusieurs spots publicitaires ont été diffusés par le biais de la radio régionale : «Pour informer tout le monde, cela n’a pas été une chose facile car ils sont nombreux et dispersés aux quatre coins de la wilaya dans des zones par toujours joignables. On a du faire des spots publicitaires par le biais de la radio locale durant deux jours et 5 fois par jour. En plus de cela, la chambre a procédé à l’affichage public dans tous les endroits fréquentés par les agriculteurs, les CRMA, la BADR, la CCLS, la CASAP… Nous les avons réunis en présence d’un huissier de justice et en présence de l’UNPA et ils ont choisi leurs 10 représentants. Ce jour-là l’UNPA a demandé de reporter cette élection car le nombre des présents n’était pas suffisant et n’était pas représentatif. Nous leurs avons dit que les concernés avaient été avertis et que s’ils ne sont pas venus c’est qu’ils n’étaient pas intéressés. L’assistance n’a pas voulu reporter cette AG et en tant que secrétaire général de la chambre, j’ai notifié dans le PV que l’UNPA a voulu le report mais que l’assistance a refusé». Pour M Akkouche, certains agriculteurs n’auraient pas compris comment cette assemblée générale fonctionne : «Il y a des gens qui croient que tous les agriculteurs sont concernés par ces élections, mais c’est faux ! Dans le fichier de la Chambre, nous disposons de 16500 agriculteurs mais seuls ceux organisés dans des associations sont concernés. Alors, des gens sont venus ce matin pour empêcher et perturber ces élections en pensant qu’ils étaient marginalisés. Ils se sont marginalisés eux-mêmes en n’adhérant pas aux associations représentant leurs filières respectives. Nous avons plus de 7 000 céréaliculteurs, mais ils ne sont pas tous structurés dans des associations. Ces perturbateurs sont venus dire que les gens présents ne sont pas des agriculteurs alors que ces personnes ont jusqu’à 500 hectares de céréales, d’autres ont entre 30 000 et 40 000 repro-chair et repro-ponte, il y a de grands agriculteurs parmi cette assemblée, il y a des membres d’EAC, des apiculteurs et tous disposent de cartes d’agriculteurs dont un comité Ad Hoc et un conseil d’administration qui leur ont reconnu leur qualité d’agriculteurs», indique le secrétaire général de la chambre d’agriculture affirmant que cette élection ne saurait être remises en cause. Ainsi, après cette interruption, l’assistance a repris le vote et six producteurs ont été élus ainsi que deux prestataires. Parmi les 06 producteurs, le ministre de l’Agriculture devra en designer un pour présider le conseil d’administration de la chambre d’agriculture en tenant compte de certains critères comme la productivité et l’importance de son exploitation, son niveau d’instruction mais surtout de sa notoriété et de sa bonne conduite. A noter qu’à l’extérieur, les protestataires qui nous ont approchés étaient unanimes à déclarer qu’ils refusaient cette élection ainsi que le nouveau président de la chambre qui sera désigné. Ils menacent par ailleurs de fermer la chambre de l’agriculture dès demain dimanche.

Hafidh Bessaoudi

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