Lancement des semis sous les meilleurs auspices

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La ferme pilote Haicheur Ali d’Aïn Bessem s’est illustrée, jeudi dernier, en invitant de nombreux responsables de la wilaya de Bouira pour assister au lancement de la campagne semis.

Une campagne inscrite sous le sceau des valeurs et des traditions ancestrales afin d’assurer les meilleurs rendements possibles, pour la future récolte de céréales. M. Berber Karim Mustafa, PDG de la ferme Haicheur, M. Fersadou Karim, directeur régional du centre du groupe semences, plantes et géniteurs (GSPG), des représentants de la direction des services agricoles de Bouira, d’autres spécialistes activant dans le domaine agricole, ainsi que des notables de la région étaient présents à cette journée. M. Bennour Abderazak, directeur de la ferme, ingénieur agronome, affirme que cette journée s’inscrit dans un cadre un peu particulier pour marquer la journée du démarrage des semis. «Nous venons d’achever la campagne des labours. Nous avons organisé cette journée pour respecter nos traditions ancestrales, tout en perpétuant la tradition de nos aïeux qui, avant d’entamer une campagne, organisaient une ‘’Tiwizi’’. En parallèle, nous tenons à expliquer que nous sommes une ferme pilote exemplaire dans la région, il fallait, donc, donner l’exemple du démarrage de cette campagne des semis que l’on souhaite fructueuse et surtout pluvieuse. Nous ne voudrions surtout pas retomber dans le phénomène de l’année passée, où nous avons enregistré des saisons très sèches et pénalisantes pour les récoltes, après avoir effectué des semis précoces, mais dans un climat sec. Heureusement qu’ici, à Aïn Bessem, nous avons profité des rosées matinales et avons sauvé le semis des céréales avec cette humidité bénéfique. En plus, vers la fin de l’hiver, il y a eu des pluies salvatrices qui ont contribué à une assez bonne récolte, ce qui a sauvé l’année !», explique M. Bennour. Celui-ci exprimera sa satisfaction en affirmant que, malgré tout, il a été enregistré une moyenne de rendement, entre 25 et 26 quintaux à l’hectare, pour toutes espèces et catégories de céréales, avec parfois des pics entre 30 et 34 quintaux à l’hectare.

La ferme Haicheur diversifie ses activités

Pour M. Fersadou Karim, directeur régional du centre du groupe semences, plantes, et géniteurs (GSPG), depuis l’arrivée à la tête de la ferme de M. Bennour Abderazak, beaucoup de changements positifs ont été effectués. Il citera l’exemple de l’aménagement d’une bergerie : «Aujourd’hui, la ferme pilote Haicheur fait dans l’engraissement, et ce, après que les anciennes étables ont été aménagées en bergerie. Cet élevage permet d’absorber l’excédent de fourrage dont nous disposons, ainsi que de parer à sa mévente. D’ailleurs, 600 ovins sont attendus très prochainement en 4 arrivages. Nous pouvons dire maintenant que la ferme est polyvalente en plus de sa vocation céréalière. Avant, les activités de la ferme dépendaient des aléas climatiques, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ! Et grâce au cheptel, nous avons également de l’engrais naturel sur les terres», précise-t-il.

Des performances agricoles à sec !

Voulant rompre avec sa vocation essentiellement céréalière, les dirigeants de cette ferme ont mis en place un dispositif pour varier les activités de ce domaine agricole. C’est du moins ce qu’indique M. Bennour qui estime qu’il est possible de fructifier davantage les potentialités qu’offre la ferme. «La ferme pilote Haicheur Ali s’étend sur un peu plus de 1 000 hectares. C’est une ferme principalement céréalière et semencière de toutes catégories : blé dur, blé tendre, orge, avoine… Nous faisons, toutefois, des légumineuses, des pommes de terre en terme d’assolement et de rotations pour assurer l’alternance sur les parcelles, et ce, afin d’augmenter les rendements par rapport aux céréales. Semer céréales sur céréales n’est pas techniquement performant ! On essaye, alors, d’augmenter et d’équilibrer les parcelles. Toujours pour les céréales, nous avons plus de 500 hectares sur le contrat de performance de la ferme et on essaye d’équilibrer avec la pomme de terre et les légumineuses. Nous avons d’ailleurs des rendements très satisfaisants, aussi bien pour la pomme de terre qu’on fait en partenariat, que pour les légumineuses, que nous produisons nous même, notamment les pois chiches et les lentilles, et ce, avec des rendements assez acceptables et très bénéfiques pour le sol. On essaye, également, d’améliorer de plus en plus les performances de la ferme qui est d’ailleurs très renommée dans ce sens et ce en sec ! C’est très important de le souligner et nous allons essayer de développer cela avec de l’irrigué. Pour le moment le réseau d’irrigation est en pleins travaux de réhabilitation et nous attendons sa réalisation pour en bénéficier», nous apprend-il.

Toujours dans l’attente d’un réseau d’irrigation

La ferme pilote Haicheur se trouve au beau milieu du tracé du périmètre irrigué de la plaine des Arribs, mais cela ne lui permet toujours pas de bénéficier de l’eau de l’irrigation. L’année dernière, avec une saison «sèche», le rendement en céréales avait miraculeusement atteint une moyenne de 25 quintaux à l’hectare. Cette année, en revanche, il est envisagé l’extension du périmètre irrigué à 200 hectares, une aubaine pour mettre un terme aux risques qu’encourent les récoltes en l’absence de pluviométrie. Selon le subdivisionnaire agricole d’Aïn Bessem, il s’agit là d’un grand projet qui sera opérationnel au cours de l’année 2017, d’autant plus que les équipements de la station de pompage ont été entièrement renouvelés. «La ferme pilote Haicheur est située sur le périmètre irrigué de la plaine des Arribs, et dès avril 2017, près de 200 hectares seront irrigués en attendant le reste, qui sera alimenté à partir du barrage Oued Lek’hal. La wilaya ne manque pas d’eau, et Ain Bessem est particulièrement bien lotie en la matière. Toutefois, nous enregistrons régulièrement des défections sur le réseau d’irrigation ou sur les équipements. Actuellement le réseau a été refait à 70% et il ne nous reste que 18 kilomètres à renouveler», déclare le subdivisionnaire de l’agriculture d’Aïn Bessem. Il faut savoir que le barrage d’Oued Lek’hal disposait d’une capacité de 30 millions de mètres-cubes en 1986, année de sa mise en service. Actuellement, il contient entre 21 et 22 millions de m3, à cause de l’envasement. Ce barrage alimentait, en eau potable, de nombreuses villes, dont Sour El Ghozlane, El Hachimia, Ain Bessem…avant d’être destiné exclusivement, à partir de 2011, à l’irrigation des 2.200 hectares de la plaine des Arribs et prochainement 2000 autres hectares seront irrigués à partir de ce barrage. La part réservée, jusque là à la ferme pilote Haicheur est de l’ordre de 10%.

Des terres appartenant à la ferme toujours spoliées

Un autre problème, auquel sont confrontés les responsables de cette ferme pilote, ce sont les constructions illicites implantées un peu partout aux alentours de ces terres, mais également des squats par des camionneurs, qui se sont accaparé un large espace sur lequel des transporteurs privés garent leurs véhicules en attendant les clients. Bien que les autorités communales aient été alertées sur cette situation, les camionneurs sont toujours sur place et vaquent à leurs occupations le plus normalement du monde. Pis encore, un terrain, appartenant toujours à cette ferme, a été carrément transformé par des commerçants, sans foi ni loi, en une décharge publique. «Nous avons dû user de persévérance et de pédagogie pour nettoyer et récupérer ce terrain, mais là encore, nous ne sommes pas à l’abri d’actes d’incivisme de la part de personnes peu scrupuleuses», nous confie le directeur de la ferme. En plus des constructions illicites recensées sur le domaine de cette ferme, le subdivisionnaire de l’agriculture d’Aïn Bessem nous révélera que des gens de Bensrour, dans la wilaya de M’sila, sont venus dans les années 1980 pour s’installer sur les terrains de cette ferme et depuis, personne n’a pu les déloger. Idem pour les personnes ayant construit depuis près de 15 ans sur les terres de ce domaine, à proximité du cimetière chrétien de la ville d’Ain Bessem. «Non seulement ils squattent ces terres, mais, en plus, ils les polluent ! Etant donné que ces habitations ne disposent pas de réseau d’assainissement, les eaux usées se déversent à ciel ouvert. Chose qui crée des cloaques nauséabonds à travers ces bâtisses, mais aussi sur les terres fertiles», déclare notre interlocuteur. Au cours de la conversation, on nous apprendra que des incendies criminels se sont, maintes fois, déclarés au niveau des champs de blé et d’orge. Là encore, les autorités ont, à chaque fois, été alertées, mais en vain ! «Nous avons demandé à ce qu’un poste de vigie soit installé afin de permettre la surveillance de l’ensemble du domaine de cette ferme. En plus de nous permettre un gain de temps, cela éviterait, notamment, à nos ouvriers d’être régulièrement réquisitionnés pour assurer des tâches qui ne sont pas les leurs : déblayer les remblais et autres détritus déchargés sur les terres, éteindre les incendies dont nous sommes victimes…», fait savoir M. Bennour.

Une ferme écologique

Pour M. Fersadou Karim, la journée du démarrage des semis se veut écologique. «L’utilité du semis direct a un impact environnemental non négligeable. Le labour complet avec les travaux du sol permet de faire gagner du temps et diminuer les charges dans le respect des conditions techniques. Sur le plan écologique, cela amoindrit l’effet de serre, car le labour superficiel réduit le dégagement de CO2 de la terre, et même les tracteurs n’ont pas besoin d’accélérer à pleine puissance pour ces travaux», indique le même interlocuteur. Ainsi, après avoir fait le tour de la propriété, les nombreux invités, venus assister au lancement des travaux de semis, ont été conviés à une réception traditionnelle où des plats du terroir étaient au menu. Une réception faite pour bénéficier de la «clémence du ciel», malgré des prévisions météorologiques qui annoncent des journées pluvieuses à partir de ce dimanche. Autant dire que les récoltes s’annoncent sous les meilleurs auspices !

Hafidh Bessaoudi

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