Par Ali Boudjelil
Ainsi donc, l’automne des poètes s’invite, sous ce ciel avare d’averses salvatrices, à happer nos idoles. Triste est ce jour de Novembre qui vit partir un maître du chaabi, un genre que des Kabyles ont magnifié. Lounès Kheloui, voix qui réjouit les amoureux, que dis-je, les idolâtres de ce genre qui allie toutes nos constantes identitaires, s’en est allé rejoindre les icônes qui l’ont savamment formé et surtout, inspiré. La Kabylie et le Chaâbi ne le pleurent pas, ils lui rendent grâce et le consacrent au panthéon des illustres. Ses œuvres, ou plutôt, son œuvre est là et sera toujours là pour témoigner de sa fougue créatrice. La chanson kabyle, d’essence universelle car ancrée dans l’algérianité, car issue de ce peuple qui, malgré l’indigence a su allier joie de vivre et combat. Bien des représentants des hymnes à la liberté et de l’art des Hommes libres se sont éteints mais dont l’œuvre survivra aux mortels. Noura, ta chanson «Amirouche» ne fait qu’agrandir, chaque jour qui passe, les cimes du Djurdjura. Chérif, ta chanson «leghna yagui i wathmathen, igadh id yehyen tamurt», (cette chanson est pour mes frères qui ont libéré le pays), nous enjoint à tout instant à nous incliner devant les héros qui ont fait qu’aujourd’hui nos enfants sourient. Rabah, ta chanson «Ma techfam a Igudhar» nous astreint au devoir de mémoire. Que nul n’oublie le sacrifice du million et demi de martyrs ! Kheloui, ta chanson dédiée à la JSK est un appel à la jeunesse qui a le devoir et l’obligation d’être fière d’appartenir à se peuple qui a mis à genoux la quatrième puissance de l’OTAN. Artistes que nous voyons amèrement se retirer, vous vivrez éternellement dans nos cœurs tant votre art sublime l’Algérie. Vos chants et cris sont des airs guerriers entonnés pour glorifier Qassaman, le plus bel hymne que la Terre ait jamais entendu ! Gloire à vous, artistes qui «voient ce que l’homme a cru voir» et que vos «ailes de géant empêchent de marcher» et Gloire à nos Martyrs !
Ali Boudjelil
(Merci Zakaria, Rimbaud, Baudelaire…)