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“Maâtkas ne peut pas supporter le plan d’austérité”

Le maire MPA de Maâtkas dresse à travers cet entretien son bilan et lance un SOS vers l’administration régionale pour venir en aide à sa municipalité qui souffre de plusieurs manques.

La Dépêche de Kabylie : Comment évaluez-vous la visite du wali le 26 octobre dernier ?

M. Khermouche Slimane : Je dirai que la visite du Wali a été fructueuse. D’une part c’est toujours un honneur d’accueillir le wali dans sa commune et d’autre part cela nous a honorés davantage puisque Maâtkas a été sa première destination. Nous avons bien sûr saisi l’occasion pour exposer la situation de notre commune au premier magistrat de la wilaya, il a été réceptif et à l’écoute. Il s’est engagé à examiner de plus près l’état des lieux et de prendre les mesures nécessaires selon les moyens disponibles pour soulager un tant soi peu nos préoccupations et celles de notre population. La méthode qu’il est en train d’utiliser sera sûrement efficace puisque quelques jours seulement après la visite, Le wali nous a invités au cabinet de la wilaya pour présenter nos dossiers et les doléances de nos concitoyens. Je pense que c’est là une méthode de travail qui apportera ses fruits dans un proche avenir.

Revenons maintenant à l’état des lieux qui prévaut actuellement dans votre commune…

Depuis 4 ans, mes appels ou plutôt le S.O.S de la cinquantaine de villages et des 35 000 âmes n’arrivent toujours pas à percer les secrets du développement local. Ma commune ne peut pas supporter le plan d’austérité car elle a trop supporté le manque de plans de développement depuis l’indépendance. Durant toutes ces années passées, nous avons évolué dans une atmosphère de gestion suffocante décriée et signalée dans mes multiples rapports circonstanciés adressés à la tutelle ou lors de toutes les occasions qui m’étaient offertes pour parler de ce qu’elle endure face au manque de moyens humain et financier pour la faire sortir de sa léthargie. Le Wali, a été invité lors de sa dernière visite à inscrire notre commune au nouveau découpage administratif ou son érection en collectivité à régime spécifique. Notre commune présente un grand déficit dans tous les secteurs de gestion. Ce déficit, est né de la disparité constatée, depuis des années, dans la répartition des différentes enveloppes financières allouées aux communes dans le cadre des programmes de développement de la wilaya de Tizi-Ouzou. Notre tutelle doit revoir les critères de la répartition des enveloppes financières à allouer aux communes conformément à leurs catégories et aux spécificités de chacune.

Commençons par l’extension du nouveau siège de l’APC…

La structure existante ne répond plus aux attentes d’une gestion imposée par les nouvelles recommandations de la tutelle en vue de l’amélioration du service publique et la prise en charge de la biométrie. Un siège de l’APC frappé par l’exigüité et la vétusté de ses espaces. Un siège dépourvu d’une salle de délibération et n’offre ni bureaux pour les 04 adjoints ni espace de travail pour les 04 commissions permanentes de la nouvelle assemblée qui compte 19 élus. Pour parer à ce manque, nous avons arraché sur PCD un premier financement de 15 000 000,00 DA, mais cela ne suffira pas pour finaliser cette extension, le mieux serait de nous accorder une enveloppe financière de 10 000 000,00 (comme tranche conditionnelle) pour le réceptionner dans les délais prévus. Comme il convient aussi de nous financer son équipement bureautique, informatique et l’installation du réseau biométrique.

Des articles sont omis dans les travaux de l’aménagement urbain, pourquoi ?

Ce projet accordé à notre commune tient toujours en haleine toute sa population. Il est tout sauf l’aménagement urbaine au regard des anomalies constatées dans l’étude qui n’a pas pris en charge les articles nécessaires à une vraie amélioration urbaine, comme le drainage des eaux pluviales, le talutage, les murs de pieds… Malgré nos multiples réquisitoires tenus contre l’étude adoptée par la wilaya et contre l’exécution aléatoire des travaux réalisés, aucune suite sérieuse n’est venue nous tranquilliser et responsabiliser de ce fait les chargés de cette opération au niveau de la DUC de Tizi-Ouzou. Quant à l’amélioration du cadre de vie des citoyens dans nos villages, toutes les fiches techniques remises à cette direction sont reléguées au dernier plan. Nous avons supporté sur notre maigre budget communal pas mal d’articles manquant à l’amélioration urbaine du chef-lieu. Mais cela demeure insuffisant pour parler d’un chef-lieu de daïra.

Qu’en est-il de l’hydraulique et de l’AEP ?

La vétusté de la conduite d’AEP existante, les déperditions quotidiennes sont signalées un peu partout à travers le territoire de la commune, ce qui a engendré un manque chronique en cette richesse naturelle, notamment durant la période estivale, d’où la nécessité urgente de procéder à sa rénovation totale. L’étude de la réfection des conduites en EPHD pour les 45 villages de la commune doit recevoir une attention particulière en matière de financement. Pour soulager la population des affres de manque d’eau touchant la quasi-totalité des villages alimentés depuis la station de pompage de Tassadort de la commune de Tizi-Ouzou, il y a lieu de nous inscrire une chaîne d’A.E.P pour une dizaine de villages situés dans le versant Sud-Ouest de la commune. Et ce, à partir du site hydraulique nommé Tadjdiout (Oued Bougdoura)-Mechtras. Pour ce qui est du réseau d’assainissement communal, il n’a pas encore atteint le niveau escompté (pour atteindre au moins 70 %).

Et l’environnement ?

Pour combattre l’insalubrité qui prend, de jour en jour, des proportions alarmantes et afin de préserver l’environnement de tous les aléas, nous avons la firme conviction que le civisme reste le seul rempart fiable face aux désagréments quotidiens des citoyens. De toutes les actions entamées au niveau communal (des assises de l’environnement en passant par les volontariats, les réquisitions à plusieurs reprises du service de la voirie communale…), la gestion et l’enlèvement des ordures ménagères anarchiques demeurent un secteur aux multitudes corvées. Du point de vue des moyens humain et matériel et au regard de l’immensité du territoire de la collectivité (46 Km2 de superficie), la commune se retrouve handicapée par son plan de gestion et ne peut pas répondre à la collecte des ordures ménagères des 55 villages, 18 écoles primaires, 5 collèges, 2 lycées, 1 CFPA, une polyclinique, un siège de daïra, une Sûreté de daïra, une brigade de gendarmerie…

La santé publique ?

La couverture sanitaire reste minime. Nos malades se retrouvent ballotés d’une commune à une autre en quête des soins médicaux appropriés. Apparemment, tout l’espoir porté au projet de la réalisation de l’hôpital de 60 lits est compromis par les restrictions budgétaires dues à la chute du prix du baril du pétrole. Que puissions-nous demander si ce n’est le maintien pur et simple de ce projet tant vital pour le sauvetage des vies humaines ? Le centre de soin érigé en polyclinique sis au chef-lieu de la commune est en position d’expectative face au manque de moyens humain et matériel pour répondre aux besoins médicaux des malades. Les quelques unités de soins éparpillées sur les villages ne prodiguent que des soins élémentaires.

Où en êtes-vous avec le gaz de ville et le réseau de l’électricité ?

Seule une minime partie (30%) de notre commune est branchée au Gaz de ville avec des omissions portées dans des rapports remis aux services concernés. La deuxième phase est lancée pour le reste des villages mais connaît un grand retard. Quant au renforcement et à l’extension du réseau d’électricité existant, notre localité ne cesse d’alerter les services concernés et a remis tout un dossier pour la prise en charge de nouveaux ilots à électrifier. Nous remercions, à l’occasion, les responsables du secteur de nous avoir accordé un ensemble de postes maçonnés, mais l’effort doit être maintenu pour parer à la faible tension et aux coupures répétitives du courant électrique touchant la commune.

Les secteurs de la jeunesse, culture et sport et formation professionnelle sont également en souffrance…

Hormis, une salle polyvalente existante qui ne répond plus aux normes requises par les différentes fédérations, il y a lieu de nous inscrire un complexe sportif de proximité et des structures y afférentes. Ou à défaut, nous sollicitons un financement pour réhabiliter cet unique espace sportif à l’échelle communale. La demande du financement du projet du stade communal déposé avec un dossier technique depuis le 21.12.2014 au niveau du cabinet du wali demeure insatisfaite à ce jour. À mes yeux, ce stade est le vœu à exaucer pour cette jeunesse qui attend avec grand espoir. D’autres parts, un effort de l’État pour l’inscription des espaces de détentes et de loisirs est souhaité d’autant plus que nous avons fait des prospections de terrains à proposer pour leur prise en charge dans le cadre des projets d’équipements. Notre bibliothèque communale inscrite dans le cadre FCCL non ré-évaluable en 2006 et elle est toujours en souffrance d’une rallonge financière pour pouvoir l’achever. La commune lui a consacrée deux financements 4 millions de dinars et 5 millions de dinars et il reste un montant d’achèvement évalué à 7.486.000.00 DA pour qu’elle soit totalement achevée. Un musée de poterie multidimensionnel a été inscrit par la direction de la culture à l’indicatif de la commune mais il attend toujours son financement.

Que diriez-vous du secteur de l’éducation ?

Notre commune dispose de 17 écoles primaires (la 18ème en cours de réalisation), 5 C E M, 2 lycées et un CFPA. Un secteur important et immense à prendre en charge surtout en matière de ramassage scolaire. Malheureusement, notre parc roulant se trouve handicapé par le manque de moyens humains et bus pour couvrir les besoins réels de la commune. D’ailleurs, nous n’assurons que le transport des filles scolarisées. Quant aux besoins exprimés par les constats sur les écoles primaires, ils ne cessent de s’accroître en qualités et en quantités et en prise en charge réelles en multiples fournitures et en effectif de gardiennage, d’agents de cantines scolaires et d’agents de salubrité.

Peut-être un dernier mot ?

Depuis quatre ans, nous nous battons sans relâche, certes nous avons réalisé plein de bonnes choses dans différents secteurs et personne ne pourra nier que Maâtkas a connu un saut qualitatif mais je reste persuadé qu’il y a encore du travail à faire pour redresser totalement la barre. Avec le concours des autorités de wilaya, à leur tête M. le wali et M. le P/APW, j’espère que nous irons vers de meilleurs horizons pour notre commune et toute sa population. Merci à vous et à votre quotidien.

Entretien réalisé par Hocine T.

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