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Du gaz de ville ou de village

Nos villages agglutinés aux flancs ou trônant sur les cimes de nos montagnes se sont offert, ou s’offriront sous peu, une commodité qui était, il y a peu de temps, l’apanage des citadins. En ce mois de commémoration de la glorieuse lutte de libération, beaucoup de foyers se sont libérés du joug de la bonbonne de gaz butane et de la corvée du bois de chauffage. Désormais, les ruraux ne pourront que disserter sur le charme des étincelles qui crépitaient naguère dans les antres des cheminées voluptueuses. Qui eut cru ou prédit que quelques années après que l’on se fut débarrassé de l’ogre colonial, le berger du Djurdjura ou celui gitant au pied de Tamgout en finirait avec les froidures hivernales juste en actionnant une petite vanne et en faisant grésiller une allumette. Certes, des foyers ne sont pas encore raccordés et des citoyens s’ingénient à exprimer leur espoir de jouir du gaz de ville, mais force est de reconnaître que des efforts surhumains ont été consentis pour que nos villages rivalisent avec les villes. Cela augure conséquemment que l’exode rural devienne un acte répréhensible. Les grognes sociales, les actions revendicatives qui, faut-il le signifier, s’expriment souvent mal, même si elles accélèrent le progrès, ne prouvent que cette réalité qui veut que l’Algérien est frondeur de nature. Quelle ambiance s’invitera dans les foyers ? Les nostalgiques du kanoun et de la vieille égrenant des contes au milieu des tourbillons de fumée que la souche de bruyère répand dans le sombre logis garderont cette image chère puisque témoignant d’une époque révolue que l’occupant, le plus affable des colonisateurs, a longtemps plongé dans la misère. Notre siècle est là fait de lumière et de chaleur. Patience et sagesse animent ce peuple que sa lutte pour la liberté élève chaque jour que Dieu fait.

Ali Boudjelil

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