Plus connu dans le jargon populaire sous l’appellation de «maladie du sucre», le diabète se propage à un rythme effarant, à tel point qu’il se dresse pratiquement sur le chemin de toutes les spécialités médicales, eu égard à ses multiples retentissements viscéraux et à ses redoutables complications. L’incidence du diabète est telle qu’il est rare de trouver une famille qui ne compte pas un malades, voire même plusieurs, parmi ses membres. Les échos obtenus auprès de médecins et des associations de malades de la wilaya donnent froid dans le dos. «Le nombre des diabétiques grossit à vue d’œil. Je peux attester qu’il ne se passe plus un seul jour sans que de nouveaux malades soient détectés. C’est du jamais vu !», nous confie un praticien établi dans la région de Sidi Aich. «En l’espace de quelques années seulement, le nombre de malades a plus que doublé», confesse un membre d’une association de diabétiques de la haute Soummam. Si le constat est alarmant, les projections sont pour le moins alarmistes. «La courbe de progression du diabète ne va pas s’infléchir de sitôt. Bien au contraire, elle sera inéluctablement orientée vers la hausse aussi longtemps qu’une stratégie préventive fera défaut», subodore un toubib d’El Kseur. Le plus inquiétant, relève-t-on unanimement, c’est l’occurrence de cette pathologie multifactorielle chez la frange juvénile. «L’adulte jeune et l’enfant sont de plus en plus atteints. C’est une tendance lourde qui se confirme chaque jour», soutient un médecin de santé publique exerçant à Akbou. Abondant dans le même sens, un autre praticien de Seddouk met en exergue un fait inédit. Il s’agit de la prévalence, de plus en plus marquée, du diabète gras (diabète de type2) chez les jeunes. «Par le passé, ce diabète non insulino-dépendant était quasi exclusivement diagnostiqué chez les sujets âgés de 40 ans et plus, mais depuis une décennie environ, ce type de diabète touche aussi les jeunes», dira-t-il. Les professionnels de la santé interrogés dévoilent que la transition épidémiologique, observée chez nous, propulse le diabète en tête du peloton des maladies non transmissibles, loin derrière les maladies cardiovasculaires et le cancer. L’urgence d’une lutte coordonnée contre les facteurs de risque du diabète est signalée avec insistance. «La prévention est le meilleur rempart contre le diabète et sa prise en charge coûte excessivement cher à la collectivité», souligne un toubib, en plaidant pour l’observance d’une hygiène de vie saine. «Pour s’en prémunir, il faut manger équilibré, éviter la sédentarité et faire attention à l’obésité», souligne-t-il.
N Maouche