Violente réaction de l’ORAB

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C’est un sévère réquisitoire que l’ordre régional des avocats de Béjaïa (ORAB) a dressé, hier, à l’encontre de l’institution judiciaire à Béjaïa, lors d’une conférence de presse tenue à 14h30, au niveau de son bureau, à la cour de Béjaïa, pour informer sur les décisions prises par l’Assemblée générale des avocats de la wilaya concernant la continuité de leur action de protestation. De graves accusations ont été portées par le président de l’ORAB, en l’occurrence Djennadi Mohand Said, à l’encontre de l’administration judiciaire, qui a décidé de maintenir la session criminelle de novembre, malgré le boycott des avocats et donc l’absence de la défense. «Nous avons suivi avec inquiétude et indignation les plus vives le déroulement des audiences de la session criminelle, où nous avons enregistré des violations de la Constitution et de la loi, visant l’affaiblissement de l’action de protestation des avocats. Nous avons également soulevé l’atteinte grave aux droits de la défense, ce qui tend à dévaloriser et à dénigrer les avocats», a dénoncé le bâtonnier de Béjaïa, Me Djennadi. Bien que l’ORAB ait décidé de boycotter l’actuelle session criminelle, en guise de protestation contre la non-satisfaction de sa plateforme de revendications professionnelles, comportant 17 points, le président de la cour a décidé de la maintenir. Parmi les violations «commises» par l’institution judiciaire, Me Djennadi cite le non-respect de l’article 292 du code des procédures pénales. Cet article stipule que la présence d’un avocat dans les audiences criminelles est obligatoire. «Des procès lourds, inscrits à la session criminelle, se déroulent sans avocats. Il s’agit, entre autres, d’affaires de meurtres. Nous assistons à des procès expéditifs», a déploré le conférencier. Par ailleurs, ce dernier dénonce le recours de l’institution judiciaire à un «dispositif judiciaire archaïque» pour assurer la défense aux accusés. «Nous avons noté le recours aux défenseurs comme une base pour assister les accusés, alors que ce dispositif a été introduit juste après l’Indépendance à cause du nombre insignifiant d’avocats algériens à cette époque-là», a-t-on expliqué. En outre, «les défenseurs», selon Me Djennadi, sont limités dans leur temps de parole, contrairement aux avocats, qui ont une liberté de plaidoirie. Ainsi, devant «la sourde oreille» de l’administration judiciaire, l’ORAB annonce la poursuite de la grève des avocats, «jusqu’à satisfaction des revendications». Ces dernières sont purement professionnelles, a souligné un membre du conseil de l’ORAB. Les avocats exerçants au barreau de Béjaïa réclament, entre autres, la réouverture des tribunaux saccagés en 2001, l’autorisation de la défense à avoir une copie complète des dossiers criminels et l’envoi des documents du dossier original objet d’un recours à la cour suprême. A propos des tribunaux restés fermés, malgré l’achèvement des travaux de rénovation, le président de l’ORAB informe que la tutelle a promis d’équiper ces infrastructures judiciaires depuis des années, sans concrétiser ses promesses. «Nos confrères de Kherrata travaillent dans une usine, alors que le tribunal de Sidi Aïch est affecté à Akbou. Nous exerçons dans des conditions très difficiles», dénonce Me Djennadi.

Boualem Slimani

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