À Ath Waghlis, c’est particulier!

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Les oliveraies reprennent vie à travers l'ensemble des bourgades de l’arch n’Ath Waghlis. C’est à la faveur du lancement effectif de la campagne oléicole qui atteindra sa vitesse de croisière dans les semaines à venir.

Dans cette région de l’ouest de la wilaya de Bgayet, les olives sont déjà mûres, vu le climat méditerranéen qui caractérise la région, contrairement à d’autres régions du versant sud de la Soummam, où la récolte de ce fruit ne débutera que vers le début de mois de janvier. À Chemini et les communes limitrophes, durant le week-end dernier, des familles entières se sont mobilisées pour envahir les champs d’oliviers, profitant de ces journées ensoleillées. Une ambiance particulière règne dans les champs et les villages ces derniers jours. Comme chaque année, la cueillette des olives débute vers la mi-automne pour atteindre son plein niveau en fin décembre, avec les vacances d’hiver.

Il faut par ailleurs rappeler que la récolte des olives représente tout un art en Kabylie ; de la cueillette, au gaulage en passant par le stockage et enfin l’extraction. Tous ces paramètres doivent être maîtrisés pour obtenir une huile de qualité. La collecte des olives est un véritable rituel dans certaines localités qui respectent encore la tradition à la lettre.

Des familles entières sont parfois réunies autour d’un même arbre pour ramasser ses fruits si impatiemment attendus. Les retrouvailles de ces villageois se font dans un cadre familial. Femmes, hommes, jeunes et vieillards s’attèlent à faire de cette campagne une véritable fête. Cette année, les propriétaires de vergers oléicoles ont préféré attendre la mi-novembre pour lancer officiellement la cueillette du fruit noir.

Néanmoins, tout le monde s’accorde à dire que la campagne de la cueillette des olives, dont le coup de starter a été donné cette semaine, sera indiscutablement de l’avis même des oléiculteurs des plus décevantes. Et pour cause, les oliviers sont presque à nu compte tenu des quantités infinitésimales du fruit noir ornant leurs branches. Ainsi, l’usage de la gaule dans cette partie de la Kabylie altère amplement l’olivier.

L’usage de la gaule, «une sorte de long bâton» pour secouer les branches est une technique réprouvée par les professionnels de la filière eu égard aux dégâts causés à l’olivier. En substance, rares sont les oliviers en production dans la région qui sont travaillés par les paysans. L’ancienne génération est gagnée par la sénilité.

Quant à la nouvelle génération, elle est obnubilée par le gain facile et le farniente», ironise un septuagénaire de la localité de Souk-Oufella. Par ailleurs, le fait que les oliviers soient situés sur des terrains abrupts ne dissuade pas les villageois qui n’hésitent pas à les atteindre. Cette année, la pluviométrie n’aura pas été satisfaisante pour venir à bout d’une saison de cueillette, car l’oliveraie avait tellement soif.

Ainsi, la région de Kabylie, à l’instar du reste du pays, connaissant des perturbations climatiques étalées sur des mois de chaleur, a été frappée de disette. Les arboriculteurs, notamment les oléiculteurs se retrouvent en léthargie en attendant de meilleures saisons. De l’avis des oléiculteurs de la région, la récolte sera différente de celle de la précédente saison.

Selon ces derniers, la production connaîtra une régression à cause, notamment, de la faible pluviométrie et le manque d’entretien de ces arbres séculaires, ce qui risque de se répercuter négativement et d’une manière singulière sur la récolte. Dans le même sillage, la baisse de la production est expliquée par le phénomène de l’«alternance», selon lequel l’olivier produit abondamment une fois tous les deux ans.

Tout ne semble pas baigner dans l’huile pour cette saison oléicole, pour le moins compromise dans pas mal de villages en Kabylie. En effet, après deux bonnes saisons d’affilée, la récolte pour cette année laisse à désirer, et ce n’est point une surprise pour les paysans qui savent que la culture de l’olive connaît régulièrement des creux pour diverses raisons.

De nombreuses huileries n’ont pas encore ouvert leurs portes alors que durant les bonnes saisons, les machines battent leur plein à cette période. Tout porte à croire que la récolte sera médiocre, pour ne pas dire insignifiante, cette année. Les prévisions pessimistes quant à la mauvaise récolte pour cette saison oléicole risquent de mettre de l’huile sur le feu pour tirer vers le haut le prix du litre de l’huile d’olive qui s’écoule déjà à 700 dinars le litre.

Bachir Djaider

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