La déperdition intolérable des terres agricoles en Kabylie

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Par S. Aït Hamouda

Tizi-Ouzou assiste à la déperdition de ses terres agricoles au profit de structures privées et publiques, de l’habitat et des commerces. Il fut un temps où la wilaya sans être autosuffisante en termes de produits agricoles arrivait tout même à nourrir son homme. Par la production d’huile, de figues fraîches et sèches, d’olives, de cerises, de lait, de figues de barbarie et de toutes sortes de fruits et de légumes. Aujourd’hui, elle souffre de ne pouvoir survivre par ses potentialités, elle est condamnée à dépendre des autres régions du pays, plus nanties, pour subsister. Il y avait tellement dans cette région qui n’a pas une réputation foncièrement agricole qui, sans engendrer de la céréaliculture, ou du moins pas assez, ce qu’elle compensait par le troc, huile et figues contre d’autres produits qu’elle n’arrivait pas, vu l’état de sa terre, à produire. Qu’est-ce qui a amené une contrée d’une telle «relative» richesse à se retrouver aussi indigente en production de bouche indispensable à la vie de ses habitants ? Certes, il existe encore des moyens, mais qui se réduisent en peau de chagrin, de subsistances. Cependant, il y a d’autres contre lesquelles la volonté de l’homme s’est assujettie, ce sont ceux de l’argent. Les terres propres à l’agriculture sont soumises au dictat du mieux disant. Alors on en est à vendre, vu le prix toujours inabordable du foncier qu’il soit agricole ou pas, à négocier des lopins de terre à bon prix. Il n’en faut pas plus pour passer de la situation de Job à celle de Crésus en un tour de main. Il y a un mal auquel on doit, toute proportion gardée, y réfléchir, plutôt deux fois qu’une, c’est le sort qu’on réserve à la terre nourricière. Les appétits voraces des acteurs du trafic du foncier en même temps que les décisions arbitraires de quelques ronds de cuir qu’on est tenté de qualifier de mégalo-autistes, ont en voulu ainsi. De plus, lorsqu’on veut protéger le patrimoine agraire, il y a la loi c’est vrai, mais qui doit veiller à la préservation de cette manne sans police du foncier agricole. Certainement cette police a d’autres chats à fouetter. Bientôt, si ça continue à ce rythme, on ne trouvera pas une pomme de terre dans ce généreux territoire qu’est la Kabylie.

S. A. H

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