Le secteur de la santé, à l’échelle de toute la wilaya de Bouira, a été touché de plein fouet par le dispositif d’austérité adopté par le gouvernement pour faire face à la baisse des prix des hydrocarbures.
Ainsi et selon un rapport exposé, hier, par le directeur de la santé et de la population (DSP), à l’occasion d’un conseil de wilaya consacré au secteur, pas moins de sept projets importants d’infrastructures de santé ont été gelés dans la wilaya de Bouira. Toujours selon le même rapport, il s’agit des projets de réalisation d’un centre de transfusion sanguine à Bouira, d’un complexe mère-enfant de 150 lits, d’un centre d’hémodialyse à Aïn-Bessem, d’un institut national de paramédical à Sour El-Ghozlane, d’une polyclinique à Ath-Leqsar, de l’acquisition de 10 ambulances médicalisées, ainsi que du projet du futur siège de la DSP. Toujours selon le même responsable, d’autres projets ont été touchés par les exigences de plafonnement des dépenses. Il s’agit essentiellement d’opérations d’acquisitions d’équipements pour les structures de santé réalisées récemment et de réhabilitation d’anciennes structures, à l’image de l’annexe de l’institut Pasteur de Sour El-Ghozlane, de la mise en service de l’EHS psychiatrique de la même localité et du raccordement à l’électricité des nouvelles polycliniques des communes de Saharidj et de Guerrouma. Le DSP a également soulevé le cas d’autres projets inscrits depuis 2006 et qui n’ont toujours pas été finalisés, à l’instar du projet d’aménagement de l’ancien hôpital de Sour El-Ghozlane, celui de la réalisation d’un hôpital de 80 lits au niveau de la daïra de Bordj-Okhriss et des projets de réalisation des UMC (urgences médicaux chirurgicales) au profit des hôpitaux d’Aïn-Bessem et de Lakhdaria. Dans le même sillage, le DSP de Bouira soulignera un autre problème auquel son secteur est confronté. Il s’agit du manque d’effectifs, particulièrement de médecins spécialistes, de techniciens anesthésistes, de techniciens de la santé publique (infirmiers et aide-soignants) et de sages-femmes. L’intervenant citera le cas de l’hôpital de Sour El-Ghozloane, l’un des plus grands de la wilaya avec une capacité de plus de 300 lits qui ne dispose d’aucun médecin gynécologue, du nouveau bloc opératoire de l’hôpital de Lakhdaria qui manque sérieusement de techniciens anesthésistes, ainsi que le manque de médecins radiologues. Concernant l’effectif global exerçant dans ce secteur à l’échelle de la wilaya, le DSP a assuré que le nombre d’agents hospitaliers dépasse les 4 600 agents, dont 313 médecins spécialistes, 424 généralistes, 1 807 agents paramédicaux, 87 anesthésistes, 177 sages-femmes et 23 pharmaciens. Selon le même responsable, ce nombre reste largement insuffisant vu le nombre important des structures de santé dont dispose la wilaya : 5 établissements publics hospitaliers (EPH), avec une capacité technique de 1 086 lits ; 5 établissements publics de santé de proximité (EPSP) ; 34 polycliniques ; 143 salles de soins et 1 établissement hospitalisé spécialisé en psychiatrie (EHS) à Sour El-Ghozlane. Un manque d’effectif qui a également provoqué la fermeture de 15 salles de soins. 8 autres salles de soins sont elles fermées pour des raisons sécuritaires.
Le wali plaide pour une meilleure répartition des effectifs
Après avoir eu un aperçu général sur le secteur de santé de la wilaya, le wali de Bouira, M. Cherifi, a suggéré au directeur de la santé d’adopter une nouvelle stratégie, afin de mieux gérer les effectifs et les budgets dont dispose ce secteur. Il ordonnera l’ouverture de points de gardes spécialisés au niveau de chaque daïra et de rapprocher davantage les médecins des citoyens, particulièrement ceux habitant des zones isolées : «Au niveau de chaque grande daïra, dont l’hôpital dispose de médecins spécialistes et de moyens, nous pouvons concentrer les effectifs. Avec cette méthode, la majorité de nos concitoyens peuvent bénéficier de vos services, en plus, nous réduirons sensiblement le taux des transferts vers les hôpitaux d’autres wilayas», a-t-il préconisé. Concernant les projets touchés par le plafonnement financier, M. Cherifi proposera le financement de deux projets, sur budget de la wilaya. Il s’agit des polycliniques de Saharidj et de Bouderbala : «Quand il s’agit de petites opérations, surtout quand les structures sont presque achevées, nous pourrons intervenir en débloquant des fonds de la wilaya. Les EPH peuvent aussi prendre en charge certaines opérations, comme c’est le cas pour l’hôpital de Sour El-Ghozlane et dont l’opération de réhabilitation d’un immeuble de 3 étages a été financée sur son propre compte. Le reste des projets peut être relancé progressivement». A propos du manque des effectifs des paramédicaux, M. Cherifi proposera le lancement d’une étude pour l’augmentation du nombre de places pédagogiques au niveau de l’institut de formation de Sour El-Ghozlane. Le nombre de places disponibles ne dépassent pas les 120 actuellement. M. Cherifi insistera également sur la nécessité de généraliser les centres de suivi et de médecine scolaire, à travers les 45 communes de la wilaya, ainsi que pour la relance des opérations de soins à domicile. Par ailleurs, M. Cherifi soulignera également l’importance de concrétiser des investissements privés, pour le renforcement de ce secteur à l’échelle de la wilaya : «Il faut attirer davantage d’investissements privés dans toute la wilaya, particulièrement pour la radiologie, la gynécologie et l’hémodialyse. Il faut réserver les meilleurs terrains aux centres urbains pour ce genre d’investissements. Le secteur privé peut améliorer sensiblement le secteur à l’échelle de la wilaya», a-t-il ajouté.
Oussama Khitouche