Site icon La Dépêche de Kabylie

L’exode vide les villages

Autant les agglomérations urbaines de la wilaya de Bgayet croulent littéralement sous le poids d’une démographie galopante, autant la zone rurale se vide graduellement de sa substance humaine. Le cas d’Ath Djellil, une circonscription rurale formée d’une mosaïque de villages et hameaux, illustre ce déséquilibre ville-campagne. Lovée dans un vaste massif montagneux, cette commune, relevant administrativement de la daïra d’Amizour, a vu la plupart de ses villages se dépeupler inexorablement au fil des ans. Succombant aux sirènes de l’exode, des cohortes successives de villages abandonnent leur clocher pour venir trouver refuge en ville. A se fier à des témoignages de citoyens, toutes les localités sont, peu ou prou, touchées par ce phénomène inexorable. «On doit avouer que le mouvement d’exode dans notre commune et les autres régions de la Kabylie, ne date pas d’hier. En effet, de tout temps, les citoyens s’expatriaient pour aller chercher pitance ailleurs, dans les grandes agglomérations de la Soummam, en dehors de la wilaya, et même à l’étranger. En revanche, la nouvelle donne, qui a fait son éruption ces dernières décennies, réside dans l’ampleur de cet exode, lequel est allé crescendo. L’autre nouveauté est liée au fait que les gens quittent leur village pour de bon», explique un retraité du village Tala Moumen. Les villageois, avec lesquels nous nous sommes entretenus, reconnaissent à l’unisson que les conditions minimales requises pour la fixation de la population rurale ne sont pas réunies. «Les équipements publics de base, notamment les structures de santé de proximité, font cruellement défaut. En dehors de la polyclinique du chef lieu, seuls deux villages, notamment Bounaim, sont dotés d’unités de soins fonctionnelles. Et encore, avec des moyens rudimentaires», relève un jeune du village Aghvala. «Etre obligé de faire une dizaine de km pour se faire délivrer un extrait de naissance ou accéder à des soins infirmiers, n’est pas de nature à encourager les gens à vivre dans leur patelin», déplore un citoyen du village Taourirt. Et à un autre citoyen de ce village d’ajouter : «pour tout vous dire, même la polyclinique du chef lieu communal fait face à de multiples carences, tant sur le plan humain que matériel. Les citoyens n’ont souvent d’autre alternative que de se rendre jusqu’à Amizour ou El Kseur pour des soins dentaires, une consultation médicale ou un bilan biologique». Néanmoins, convient-on, la course derrière un poste de travail salarié reste le facteur déterminant poussant les villageois à mettre les bouts. «L’économie rurale d’antan, basée sur l’agriculture et l’élevage, est en plein délitement. Les gens se retrouvent face à un dilemme : déguerpir ou végéter dans le dénuement. La plupart choisissent la première option», explique un ex citoyen d’Ath Djellil, résident à Ouzellaguen.

N Maouche

Quitter la version mobile