Le constat est toujours le même. La wilaya de Tizi-Ouzou est sale. L’environnement a pris un mauvais coup depuis plusieurs années et la dégradation continue.
On est bien loin de la petite Suisse. Les assises sur l’environnement initiées par l’ex-wali Abdelkader Bouazgui n’ont rien changé. Le problème de l’insalubrité et de la pollution n’a pas été résolu. L’autre wali qui lui a succédé avant de partir à son tour, Brahim Merad, lui, n’a presque rien fait pour guérir ce mal qui gangrène la région. L’actuel wali appelle à plus de propreté et même des opérations de nettoyage du chef-lieu ont été organisées, mais le lendemain, c’est le retour à la case départ. Les différentes actions de nettoyage et de volontariat organisées ça et là à travers la wilaya ne sont pas venues à bout des immondices et des déchets de tout genre. Le concours Aïssat Rabah du village le plus propre qu’organise l’APW, même s’il a le mérite d’amorcer le déclic à travers notamment les villages ayant participé, mais il n’est pas venu, lui aussi, à améliorer la situation de l’environnement en général. Quant on sait que seuls 73 villages sur les 1 500 que compte la wilaya ont participé à la dernière édition, on comprend que l’effet de ce concours est limité. Que faire alors pour améliorer l’état des lieux dans ce domaine ? Une question lancinante et à multiples équations que personne n’arrive à résoudre. Les spécialistes en la matière sont invités à se pencher sur ce dossier et à faire des propositions pour redorer le blason de Tizi. Ce phénomène d’insalubrité menace les hommes, la faune, la flore, l’air et surtout les ressources hydriques. A long terme, s’il n’est pas pris efficacement en charge, il risque d’être à l’origine d’une pollution généralisée, dont les conséquences seront dramatiques.
Les décharges sauvages foisonnent à travers de nombreuses localités
à Maâtkas, à titre d’exemple, malgré les efforts des élus locaux, le problème de l’insalubrité n’est pas réglé. Le maire de Maâtkas indiquera à ce sujet : «Nous avons entrepris plusieurs opérations de volontariat à travers le territoire de notre commune mais le lendemain, c’est toujours le retour à la case de départ. Les moyens de notre APC sont insuffisants, voire dérisoires, pour assurer une collecte régulière à travers le chef-lieu, les 50 villages de notre commune avec en plus 17 écoles primaires, 5 collèges, 2 lycées, un centre de santé et plusieurs unités de soins. L’incivisme complique davantage la situation et notre tâche». A Souk El Tenine, le constat n’est pas meilleur. Au chef-lieu, les différents points de chute des ordures débordent. Certains commerçants non soucieux jettent leurs ordures sans respecter les horaires de passage des camions. Un peu plus loin du chef-lieu, au niveau de l’ancienne décharge communale et bien c’est le chaos. Déjà sur toute la longueur de la route, les déchets de différentes natures occupent les abords de la route. Les oliveraies sont jonchées de bouteilles et de canettes et au niveau de l’ex-décharge, c’est parfois la route qui est réduite de moitié à cause du débordement des ordures sur la chaussée. Il est utile de préciser que parfois, la décharge est nettoyée mais quelques jours après, elle grossit de nouveau. Plus loin à Mechtras, la pollution bat son plein. Les oueds sont tous pollués. Des centaines de puits aussi et les fontaines publiques ont connu le même sort. En empruntant la RN30 vers Tizi N Tléta, notamment à proximité du stade communal, les cannettes et bouteilles vides dénaturent les lieux. Lors de sa visite, le wali Bouderbali n’a pas manqué d’attirer l’attention des élus sur cette insalubrité. «Cet amoncellement d’immondices et d’emballage est une honte. Ce phénomène sociétal il faut le gérer. Il suffit d’un camion et de quelques ouvriers pour ramasser tout ça», dira le wali. Toutefois, les moyens de la localité ne sont pas suffisants pour ramasser quotidiennement ces divers contenants. Les pollueurs doivent, eux, aussi participer à la collecte de ces cannettes et de ces bouteilles vides. A Tizi N Tléta, c’est aussi le même son de cloche, la pollution est partout. Il faut dire que la benne tasseuse ne passe qu’une seule fois par semaine dans les villages.
Des volontariats mais…
à Aït Abdelmoumène, entre le collège et l’école primaire, une niche à ordures grossit toute la semaine. Les odeurs nauséabondes, les nuées d’insectes, les chiens et chats errant côtoient les écoliers et les riverains. A Tizgui, une énorme décharge sauvage limite la chaussée. Dernièrement, le comité de village de Tighilt Oumezir, face à la vacance des autorités, a pris sur son dos le nettoyage de cette décharge enlaidissant et mettant à mal les lieux. Mais rien ne dit que la décharge ne reprendra pas son droit. Tant que les incivilités perdurent, rien n’est garanti. Le week-end passé, le comité d’Ighil N’Ait Chila s’est joint à la partie en organisant un volontariat, où des dizaines de sachets noirs remplis de détritus ont été ramassés. «C’est le comité de village et les habitants, personne ne nous a aidé», indiquera le président du comité de village. Auparavant, les comités d’Aït Graiche et de Tassoukit ont également organisé des opérations similaires. Mais l’insouciance et les incivilités demeurent. Les saletés aussi ! A Alma N Slah, en allant vers Ouadhias, le talweg qui reçoit les eaux usées d’une partie du village de Cheurfa et d’Aït El-Hadj Ali est tout bonnement une source de pestilence et de risque sur la santé des hommes, de la faune et de la flore. Plus loin à Ouadhias, le grand talweg rend l’atmosphère des plus pestilentes. C’est à se demander comment les riverains y font pour vivre ? Le projet d’ovoïde est enterré depuis la crise économique. L’environnement dans ces lieux là est, lui aussi, enterré avec la politique des restrictions et des gels de projets. En allant vers Taguemount El Djedid, c’est encore les bouteilles et les cannettes qui foisonnent le long du chemin de wilaya. Pire encore, des bouteilles sont brisées sur les abords de la route pour empêcher les consommateurs de stationner mais tout le monde est pénalisé. Une crevaison de pneu et le montage d’une autre roue doit se faire sur la route, ce qui peut être à l’origine d’un accident. L’ancienne décharge étant fermée, une plaque annonce l’interdiction de dépôt d’ordures sous peine de poursuites judicaires mais à qui le dit-on ? Les gens se débarrassent quand même de leurs cargaisons et de leurs sachets. A signaler qu’un centre d’enfouissement technique a été ouvert à Boghni depuis quelques mois, mais l’état de l’environnement ne s’est guère amélioré, du moins pour le moment. Il est vite recommandé de sévir et d’agir pour préserver cette belle région. La dotation des communes en moyens matériels et humains, la réalisation de décharges contrôlées et de CET, l’encouragement du tri, de la récupération et du recyclage peuvent contribuer à la préservation de la nature, mais la création de la police de l’environnement peut s’avérer un corps qui mettra fin à ce cauchemar. Ne touche pas à mon portefeuille, je ferai attention ! Les Algériens comprennent bien cela.
H. T.

