La commune de Tirmitine, dans la daïra de Draâ Ben Khedda, à 10 kilomètres au Sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, compte, selon le dernier GPRH de 2008, 19 061 habitants répartis sur une trentaine de villages. Avec le premier magistrat de la commune, Saïd Senaoui (élu indépendant), qui est à son 4ème mandat successif, nous avons fait le tour de tout ce qui a trait à cette commune rurale dépendant exclusivement des subventions de l’état.
La Dépêche de Kabylie : Vous êtes maire de Tirmitine depuis 4 mandats successifs, quels sont les projets qui ont été réalisés ?
M. Senaoui Saïd : Nous en avons réalisé un grand nombre. Je me contenterai de citer ceux accomplis en ce dernier mandat. Il y a en premier lieu le gaz naturel dont le taux de couverture a atteint aujourd’hui les 90%. Il ne nous reste plus qu’un dernier lot, qui est d’ailleurs en cours de réalisation, pour atteindre le taux de 100%. C’est vous dire l’importance que nous avons donnée à ce projet. Nous sommes aussi sur l’autre projet d’importance qu’est l’AEP. Nous avons pu décrocher un projet de renforcement de l’alimentation en eau potable, ce qui mettra bientôt un terme aux pénuries d’eau qui malmènent nos concitoyens. Ce projet est en voie de finalisation. Dans le secteur de la jeunesse, nous avons construit une maison de jeunes de type 3 qui est prête et sera inaugurée incessamment. Nous avons aussi, dans le cadre de l’électrification rurale, décroché trois lots dont un a déjà été mis en service. Nous avons aussi pu décrocher un réseau d’assainissement pour toute la partie basse de notre municipalité. Les 50 logements RHP sont finalisés et 15 ont été attribués. Concernant l’habitat rural, nous avons décroché, rien qu’en 2015, 436 aides, toutes distribuées. La cerise sur le gâteau, et c’est là notre fierté, c’est l’ouverture du lycée Hocine Aït Ahmed au mois de janvier dernier.
Quels sont les manques qui persistent dans la commune ?
En effet, malgré les réalisations que je viens d’énumérer, nous sommes conscients que beaucoup de choses manquent à notre localité. Le plus criant c’est celui du logement, car notre municipalité ne dispose pas de foncier étatique pour accueillir des projets. La seule alternative qui nous reste est celle de l’habitat rural. D’ailleurs, nous avons au niveau de la direction du logement 500 dossiers ficelés. Nous souhaiterions un quota plus important pour satisfaire la très grande demande. Nous avons aussi un autre problème de taille, il touche le secteur du sport. Nous n’avons toujours pas de stade homologué. La seule aire de jeu qui existe est dans un état peu reluisant. Nous interpellons d’ailleurs les services concernés en vue de nous inscrire sa remise à niveau, notamment la pose de gazon synthétique, à l’instar de toutes les autres communes de la wilaya. Notre club de football, l’ACT, évolue toujours hors de ses bases, c’est un club SDF. Notre salle de sport, dont la première tranche a été réalisée dans le cadre des PCD, est toujours en attente de la 2ème tranche. La DJS s’était engagée à la finaliser, mais rien n’est fait.
Et dans le secteur de la santé publique ?
La santé publique, c’est l’autre parent pauvre de notre commune. Notre centre de santé, érigé en polyclinique, est toujours sous-équipé en moyens humains et matériels. Malgré son statut de polyclinique, les soins y demeurent élémentaires. Nous n’avons ni ambulance, ni service de radiologie, ni laboratoire d’analyses médicales ni encore moins une maternité ou des consultations spécialisées. Notre population est toujours ballotée d’une région une autre en quête de soins efficaces.
Qu’en est-il de votre siège d’APC et des services postaux ?
Oui, en effet, notre mairie est très dégradée en plus d’être exiguë. Elle ne répond à aucune norme. Du coup, élus, fonctionnaires et usagers en souffrent. Nous avons pourtant une assiette foncière et nous avons même fait une étude, mais à ce jour l’inscription n’est pas à l’ordre du jour. Concernant le secteur postal, nous disposons d’une agence au chef-lieu, mais les antennes des villages de Ménacera et Zerouda ont été fermées. Les clients d’Algérie poste en sont très lésés. Nous demandons leur réouverture. L’autre manque qui nous pénalise c’est la fibre optique. On nous avait promis le lancement des travaux pour juillet dernier, mais à ce jour, nous ne voyons rien venir.
Le réseau routier de votre commune est très dégradé et votre chef-lieu n’a pas bénéficié de travaux d’aménagement urbain…
Il est vrai, en effet, que notre réseau routier est très dégradé. Les raisons sont les différents travaux engagés à travers tout le territoire de la commune. Le Gaz naturel, l’AEP et l’assainissement sont venus à bout des routes. Il nous faut un programme spécial pour réparer tout le réseau. Quant à notre chef-lieu, il est également dans un état peu enviable. Nous n’avons bénéficié que de petites opérations comme l’éclairage public et le dallage des ruelles. Il nous faut un projet complet d’amélioration urbaine pour embellir notre agglomération. L’environnement est également en souffrance, même si la collecte des ordures est généralisée et quotidienne. L’incivisme y est malheureusement pour beaucoup. Il y a aussi l’absence de la moindre station d’épuration et d’un bassin de décantation pour traiter les rejets, qui se déversent dans la nature, et protéger la faune, la flore et l’environnement en général.
Serez-vous candidat à un 5ème mandat ?
De nos jours, être maire est synonyme de souffrances et de pressions. Notre commune dépend exclusivement des subventions de l’Etat et celles-ci sont extrêmement réduites ces dernières années. Les PCD ont été réduits de 60% et les deux subventions de fonctionnement ont été supprimées. Il sera difficile de gérer une commune de 13 écoles primaires, 17 mosquées, en plus des dépenses relatives à l’éclairage public et au ramassage scolaire. Du coup, se présenter pour un 5ème mandat demande réflexion. De toutes les manières, la question n’est pas encore tranchée. Je préfère temporiser en attendant de voir plus clair.
Entretien réalisé par Hocine T