À l’occasion du 44ème anniversaire de la disparition du colonel Akli Mohand Oulhadj, l’association historique qui porte son nom lui a rendu, vendredi dernier, un vibrant hommage.
Les festivités se sont déroulées au siège de l’association et à Athwizgan, son village natal, dans la commune et daïra de Bouzeguène. Étaient présents, son fils Mohand-Saïd, des éléments de la protection civile, de la sûreté de daïra, et de nombreux moudjahidine. Après le recueillement et le dépôt d’une gerbe de fleurs sur sa tombe, l’assistance a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs. Des expositions permanentes de photos et d’articles de journaux, pour rappeler le long et l’honorable parcours du colonel, étaient au programme de la journée. Son fils, le moudjahid Akli Mohand-Saïd, a pris la parole pour témoigner de la grandeur du «vieux renard», comme le surnommaient les Français qui ne l’ont jamais eu aux pièges. «Aux côtés de Hammadi Mohand-Saïd, Sadaoui Ferhat, Rabah Oufarth et plusieurs autres sous instruction de Krim Belkacem, le colonel Akli Mohand-Oulhadj fut choisi pour organiser le maquis dans la région d’Ath Idjeur en 1955. Il faisait peur aux forces coloniales qui ont, pour l’affaiblir, incendié sa maison, emprisonné sa femme et sa belle-fille qui ont été libérées par la suite», témoigne son fils. Et d’ajouter : «Amghar, comme on l’appelait au village pour sa sagesse et sa clairvoyance, a su convaincre les dirigeants de la révolution d’être le mieux placé pour organiser les maquisards. D’ailleurs, il fut promu chef de la wilaya III qui faisait peur aux Français. Durant l’opération jumelle du 22 juillet 1959, la France qui savait que la Kabylie est le berceau de la révolution, a déployé de grands moyens matériel et humain pour le bombardement, la torture et la destruction de la région et Mohand-Oulhadj en premier lieu. Ce dernier a vu les milliers de soldats, camions blindés, chars, navires de guerre et hélicoptères arriver et envahir la Kabylie, il a alors renforcé son instance avec trois commandants, à savoir Si Ahcène, Chikh Tayeb et Si Moh-Ouali. La France a perdu plus de 20 postes militaires sans compter les dégâts humains des deux côtés. De Gaulle a demandé un compte rendu au général Challe qui lui a parlé de la résistance et de l’impossibilité de toucher au vieux renard, en lui disant que Mohand-Oulhadj a mis 7 000 militaires français à genou. Ce qui a conduit la France à organiser le vote sur l’avenir de l’Algérie, l’autodétermination, le 7/9/1959. Et c’est ainsi que nait le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) pour négocier avec l’ennemi. C’était à Cheurfa N’Bahloul à Azazga que le colonel Mohand-Oulhadj a installé provisoirement son poste de commandement et la commission mixte du cessez-le-feu», raconte t-il encore. Fils de Mohand Saïd et Habbas Fatma, le colonel Si Mohand-Oulhadj, de son vrai nom Akli Mokrane, est né le 7 mars 1911 à Athwizgan, dans la commune et daïra de Bouzeguène. Il a fait ses études primaires à l’école d’Aït Ikhlef. Il a eu son certificat d’études primaires à Michelet en 1926. Mohand-Oulhadj a grandi dans une famille modeste, riche en principes, patriotisme et en dignité. Il ne reste pas indifférent face aux difficultés de la vie, il a commencé à travailler avec son père comme forgeron dès 1926. Pour améliorer le sort des siens, il part en France pour travailler dans une usine mais l’attachement, la nostalgie et l’amour du pays l’ont poussé à y revenir en 1936. Il a travaillé à Sétif et à Alger en 1947. Il regagne son village natal pour régler une affaire de famille. Une année après, il s’installe à Ighil Bouamas, chef-lieu de la commune de Bouzeguène, où il a travaillé comme vendeur de denrées alimentaires et de matériaux de construction. Sa bonne conduite, éducation, sagesse et son sens de responsabilité n’ont pas échappé aux moudjahidine qui l’ont désigné à la tête de la Djemaaâ d’Akfadou. En octobre 1954, Amghar a su gagner son arme, heureux de pouvoir réaliser son rêve de participer à la libération de son Algérie. En avril 1955, il assiste à la première réunion avec Krim Belkacem, Si Nacer et Amar Ath Chikh. Il a été chargé de la coordination entre les maquisards, récupère les armes et sensibilisait les habitants de la région de Bouzeguène et d’Azazga. Il rejoint le maquis en compagnie de ses trois enfants. Il a mis toute sa fortune (7 millions de francs) au service de la révolution. Si Mohand-Oulhadj a occupé plusieurs postes en 1955, à savoir commissaire politique, sous lieutenant, lieutenant, chef de la région, capitaine, en 1956 chef de zone, en 1957 commandant-adjoint du colonel Amirouche, en 1958 était grièvement blessé, en 1959 était chef de wilaya par intérim puis officiellement nommé au poste le 31/10/1959. C’était le colonel Mohand-Oulhadj qui a baissé les couleurs françaises et hissé le drapeau national à Sidi Fredj le 5 juillet 1962, date qui coïncide avec l’arrivée des forces coloniales en 1830 et ce après avoir rendu hommage à tout le peuple algérien. Le 28/10/1962, il envoi un bataillant à la radio nationale et ordonne au lieutenant Chaib Mohand Chérif de remplacer le drapeau français par les couleurs algériennes. Honnête qu’il était juste après l’indépendance, il rend 46 kg d’or au trésor public. «Ce qui est au peuple revient au peuple», dira-t-il. Le colonel Mohand-Oulhadj a occupé plusieurs postes après l’indépendance, comme membre du secrétariat exclusif du FLN en juin 1965. Hospitalisé à l’hôpital militaire d’Alger puis à Paris, il quitta ce monde le 2 décembre 1972. Son enterrement a eu lieu dans son village natal aux côtés des siens comme fut sa volonté.
Fatima Ameziane