Ce furent les retrouvailles à Ighil Hamad

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Le village Ighil Hamad de la commune de Saharidj a organisé, lundi dernier, le rituel ancestral de l’immolation «Timechret». Lors de ce rituel, pas moins de 8 bœufs et un mouton ont été sacrifiés et repartis en parts en fonction du nombre de foyers, selon cette tradition millénaire. Ce rituel est bien ancré dans les us et coutumes, à travers toute la Kabylie. Aussi, en cette belle journée ensoleillée du lundi dernier, les citoyens originaires de ce village se sont déplacés avec femmes et enfants, pour assister à cette cérémonie des plus sacrées. Sur les lieux, on a assisté à un impressionnant regroupement de villageois sur un air de fête ponctué de stridents youyous de femmes, agrémentées par une troupe folklorique d’ «Idebalen». Durant plusieurs heures, des bénévoles s’étaient attelés activement à partager les parts de viande, au nombre de 540 parts en plus de 50 autres destinées aux invités. Il est à noter que ce village, d’environ 6000 âmes, est composé de 4 «Adhrum», de 4 à 6 familles chacun de Ath Daoud, Ath Ahmed, Ath Amar ou Slimane, et Ath L’hadj. Nous apprenons que la première famille arrivée à Ighil Hamad est celle d’Ath Ouaras. Notons que les villageois ont préparé une offrande en couscous à laquelle ont pris part tous les présents. Ceci en parallèle à l’organisation d’une collecte d’argent destinée à financer cette grandiose cérémonie, et par la même occasion renflouer les caisses du village, dont les recettes sont utilisées pour la réalisation de projets d’utilité publique.

Un village révolutionnaire

Tout comme le reste des villages de la région, Ighil Hamad situé à quelque deux km à l’est du chef-lieu de commune, est un village révolutionnaire qui a sacrifié pas moins de 55 martyrs, tombés au champ d’honneur. Le village a aussi servi de refuge et lieu de ralliement où se regroupaient des maquisards qui y trouvaient gite et couvert. Ce qui a conduit les autorités coloniales à le raser le 15 août 1959. Les villageois, on été, alors, éparpillés à travers les villages de l’ex commune mixte de Maillot, actuelle daïra de M’chedallah. Ce n’est qu’une année plus tard, soit en 1960, qu’ils ont été regroupés de nouveau par l’administration coloniale qui les a «parqués» dans le sinistre camp de concentration de Saharidj, sous la haute surveillance d’un régiment des chasseurs Alpins à la cité Ighil Ouzekkour, où ils vivent toujours. De nos jours, très rares sont ceux qui ont regagné le village bien qu’il ait bénéficié de l’essentiel des commodités, dont les réseaux d’AEP et de l’électricité, ainsi que d’une route goudronnée qui le relie au chef-lieu de commune.

Oulaid Soualah

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