La campagne d’olivaison bat son plein dans la région de la vallée du Sahel à l’instar de toutes les autres régions de la Kabylie. Cette année, elle ne s’annonce pas sous de bons auspices, eu égard à la diminution de la production. La fructification a pris un sérieux coup, cette fois-ci, avec la persistance de la sécheresse et les violentes intempéries du début de l’automne qui ont fait tomber de grandes quantités d’olives encore vertes, ce qui va influer inexorablement sur la production. Sur un autre registre, il est à noter la persistance de certaines pratiques qui n’honorent guère la profession des oléiculteurs, où l’on constate, comme d’habitude, le déversement par les huileries de quantités impressionnantes de margines et de grignons dans la nature. Si le grignon est plus ou moins recyclé à travers son utilisation comme combustible et aussi comme un fertilisant naturel, il n’est pas le cas, en revanche, pour les margines qui sont déversées directement dans la nature. Effectivement, cette substance, hautement polluante, coule « tranquillement » à travers des rigoles aménagées par les propriétaires des presses d’olives, pour finir dans les rivières qui traversent cette région du Sahel. Pourtant, les huileries sont censées, selon le cahier des charges, disposer de bassins de décantation afin de purifier l’eau chargée de déchets d’olives triturées pour ne pas polluer l’environnement. Mais force est de constater que cette clause, ô combien salvatrice pour l’écosystème, est frappée contre le mur par les tenanciers des presses qui n’en ont cure de la pollution et ses répercussion graves sur l’environnement, et surtout sur la nappe phréatique située au sous-sol des oueds. Comme il est connu, les margines, l’un des sous-produits oléicoles, sont hautement acides et possèdent des composés organiques et chimiques qui se révèlent toxiques à fortes doses pour la faune et la flore. La pollution des rivières de la vallée du Sahel pendant la période de production de l’huile d’olive dure durant plusieurs mois, et ce, dans l’impunité totale. A titre d’illustration, l’oued Sahel, même si son débit a chuté dernièrement à cause de la persistance de la sécheresse, a vu sa couleur changer pour tirer vers le noir, synonyme d’une pollution alarmante à cause des margines déversées par les huileries implantées dans la région. Le Sahel ressemble, à s’y méprendre, à un oued d’encre noir tellement ses eaux sont teintées à outrance aux margines. Une couche visqueuse apparaît sur la surface des eaux sous le soleil qui brille, avec en sus des dépôts de corps gras noirâtres sur les rivages. Il est à se demander, enfin, ce que font les services d’hygiène des communes, sises dans la vallée du Sahel, pour endiguer cette pollution aux margines qui devait cesser il y a bien longtemps de cela.
Y Samir