Depuis quelques mois, le marché de véhicules d’occasion est quasiment en constante hausse et rarement à la baisse.
Les véhicules neufs ne sont pas disponibles chez les concessionnaires. Ou pas assez de choix du moins. De plus, avec les dernières augmentations enregistrées, les clients ne se bousculent pas trop devant les show-rooms. Ce qui fait que bien des clients se rabattent sur l’occasion. Du coup, les marchés spécialisés sont pris d’assaut. C’est le cas pour celui d’Aomar, lieu de rendez-vous incontournable pour ceux voulant acheter ou vendre leurs voitures dans la région. Ils viennent de Bordj Bou Arreridj, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, Alger et essentiellement de Bouira pour vendre ou acheter un véhicule à bon prix. Mardi matin, malgré la pluie, l’espace de négoce d’Aomar était quasiment plein. Quasiment, car des grandes mares d’eau avaient envahis le marché et les propriétaires de véhicules ne voulaient pas se garer au milieu de ces cloaques à ciel ouvert. Dès 7 heures du matin, le jour à peine levé, des revendeurs, lampes torches à la main, s’affairaient à déceler les meilleurs affaires tandis que d’autres bichonnaient leurs véhicules avec des peaux de chamois. Beaucoup de vendeurs de véhicules ne se donnent pas la peine d’entrer dans ce marché et on ignore si ce sont les droits d’entrée qui sont jugés exorbitants (600 DA) ou bien le marché en lui-même, où il faut se chausser de bottes afin de circuler entre les véhicules garés. Ces vendeurs se garent sur la RN5 et des affiches avec leurs numéros de téléphones sont visibles sur la lunette arrière de leurs véhicules. Ils ne sont jamais bien loin de leurs voitures pour entamer une négociation. Ce stationnement n’est pas sans engendrer des embouteillages avec les va-et-vient incessants des camions de gros tonnage qui empruntent ce tronçon. Cependant, l’ambiance comparativement aux années précédentes à pareille saison est beaucoup plus animée et pour cause, les remises de fin d’année sur les véhicules auprès des concessionnaires de grandes marques n’ont toujours pas eu lieu. Apparemment, pour les marques de véhicules les plus prisées, à savoir généralement les Françaises et les Coréennes, l’indisponibilité serait la seule raison avancée.
Les modèles français et coréens se disputent le marché
La Symbol de Renault semble toujours avoir la cote, notamment pour les anciens modèles qui n’étaient pas encore fabriquées en Algérie. Pour ce modèle d’apparence correcte et sans aucune option, immatriculée en 2009, il vous faudra compter un peu plus de 110 millions de centimes, car en deçà le vendeur ne daignera même pas vous accorder de l’importance. Pour le modèle phare de chez Hyundai, à savoir l’Accent sous l’ancien design mis en circulation en 2009, son propriétaire annonce qu’il lui a été offert la somme de 112 millions, mais qu’à ce prix il ne s’en séparerait pas. Malgré l’effervescence que suscite ce véhicule auprès des revendeurs de véhicules et surtout malgré l’insistance de ces derniers auprès du propriétaire pour le céder à ce prix, il exigera la somme de 120 millions ferme et non négociable. Il faut dire que le même modèle année 2008, affichant 229 000 km au compteur et pas mal cabossé avec plusieurs retouches sur la carrosserie, s’était vendu quelques minutes auparavant pour la somme de 98 millions de centimes. La Logan de Dacia également suscite des émules, notamment pour la berline en modèle essence. Entre 85 et 130 millions pour des modèles de 2007 à 2014, selon l’état et le kilométrage affiché au compteur. Kilométrage pas souvent fiable, selon les experts qui parviennent toutefois à déterminer si le chiffre indiqué au compteur est réel. Ceci dit, les véhicules français de type 307, 207, 206, et malgré leurs prix élevés, ont trouvé acquéreurs pour les mieux entretenus toutefois. La 206, la plus abordable pour l’année 2009, a été cédée à 95 millions de centimes, la 207 hdi, moteur 1.4 année 2012 avec 120 000 km au compteur a été vendue à 135 millions. Pour les budgets les plus modestes, la 405, année 1993, a trouvé preneur à 25 millions de centimes. L’autre marque française au losange avec notamment sa Clio attire également les acheteurs et le modèle Campus Extrême année 2010 s’est négocié à 132 millions. La Mégane et son incontournable moteur 1.9 très prisé se négociait, quant à elle, entre 40 et 50 millions de centimes pour des modèles immatriculés entre 1998 et 2001.
Une R16 année 1978 à… 70 millions
Une pièce de collection a attiré beaucoup de curieux et de badauds en tout début de matinée, une Renault 16 de 1978, dans un état impeccable. L’argument de vente de son propriétaire en a fait sourire plus d’un : «Cette voiture a appartenu à un ministre sous la présidence de Boumediène», annoncera-t-il fièrement. La voiture en elle-même était parfaitement conservée, sans trace de rouille ni de peinture refaite et avec un salon quasi neuf. Cette pièce de musée se vendra tout de même à 70 millions de centimes. La gamme Toyota avec son modèle Corolla datant de 2004, 2005 et 2006 était très présente sur ce marché mais malgré l’offre diverse, les prix, eux, refusaient de descendre sous la barre des 100 millions. Le modèle 2012, présentant plusieurs impacts et refait à neuf, s’est vu offrir 152 millions mais sans trouver d’acheteur. Les Asiatiques côtoient les Anglaises et les Allemandes. Il faut dire que dans tout le marché, les occasions ne manquaient pas, le profil des acheteurs était également diversifié, mais la plupart des personnes venues s’enquérir des prix cherchaient essentiellement des citadines, peu gourmandes en carburant. La Zoty, avec son moteur de 3 chevaux, année 2015, s’est marchandée à 78 millions de centimes et la très populaire Maruti de Suzuki dans sa version 2015, s’est envolée à 65 millions. D’autres potentiels acheteurs cherchaient à tout prix à acquérir des véhicules disposant de GPL pour éviter les dépenses quotidiennes en carburant. Toutefois, ce marché de véhicules d’occasion ne connait pas uniquement des acheteurs au budget restreint et preuve en est avec la vente d’une Land Rover Evoque Dynamique de 2016 affichant 10 000 km au compteur. Un prix gardé «secret» par le vendeur qui n’a pas voulu en dire plus, mais on saura que quelques minutes auparavant, des acheteurs lui avaient proposé un prix avoisinant les 6 millions de dinars ! Volkswagen dans ses différents modèles récents maintenait toujours des prix assez hauts avec son incontournable Golf, dont la série 7 année 2016 avec licence de moudjahid qui se marchandait à près de 460 millions de centimes. En somme, la flambée des prix du marché de véhicules d’occasion touche l’ensemble des gammes et modèles. Leurs propriétaires veulent s’en débarrasser certes à l’approche de 2017 où il est fait état de plusieurs augmentations dont les assurances des véhicules, mais en aucun cas ces vendeurs cherchent à brader leurs biens.
Hafidh Bessaoud