La localité d’El-Adjiba a été endeuillée, jeudi après-midi, après l’annonce de la mort d’une collégienne qui s’est tuée en se précipitant dans le vide du haut d’une batisse.
Un geste qui, selon des riverains, a été commis lors d’une séance de «roqia» exercée par son père. Ce dernier était, dit-on, en train de «soigner» sa fille décrite comme soi-disant «possédée».
Ce «Raqi» exerçant chaque week-end à El-Adjiba, où il avait ouvert une bicoque non loin de la bretelle autoroutière, était en pleine séance d’exorcisme sur sa propre fille et psalmodiait des versets du Saint Coran.
Une séance apparemment fort violente et empreinte de brutalité car la jeune fille, visiblement en transe, s’est enfuie en montant sur la dalle de leur maison. De cette dalle, elle sautera sur la toiture d’une maison avoisinante avant de s’écraser sur la chaussée et de rendre l’âme sur le coup.
Son père qui la poursuivait sur la dalle tombera également dans le vide. Ce dernier souffrant de multiples fractures a été évacué en urgence vers l’hôpital de M’Chedallah avant d’être transféré au CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou. Ce «Cheikh» pratiquait la roqia depuis de nombreuses années et sa réputation a largement dépassé les frontières de la wilaya de Bouira pour s’étendre à l’ensemble du territoire national.
Faudrait-il rappeler que ce drame intervient au lendemain de l’ouverture (puis fermeture), en grande pompe, d’une clinique de «roqia» au sein même d’un local d’une association à Relizane par le très médiatisé Belahmar. Un personnage déjà condamné pour exercice illégal de la médecine et qui en dépit de cela récidive une fois de plus malgré la mort l’année dernière dans son local d’une de ses «patientes», originaire de Bordj Bou Arreridj.
Pour le «raqi» d’El Adjiba, ce drame est d’autant plus injustifié que son local se trouve à un jet de pierre d’un barrage fixe de la gendarmerie et se trouve chaque week-end envahi par un monde fou venant de toutes les wilayas du pays. La région de Bouira connaît plusieurs charlatans qui pratiquent la roqia au vu et au su de tous.
De Chorfa jusqu’à Aïn Turk, aucune localité n’est épargnée par les activités de charlatans se proclamant guérisseurs. L’épisode le plus marquant, il y a de cela quelques années, aura sans nul doute été le bouc de Semmache, un animal hermaphrodite dont le lait était vendu à prix d’or. Un lait de bouc censé guérir toutes les maladies et qui aura été l’occasion pour son propriétaire de s’enrichir rapidement, sans pour autant avoir apporté soulagement pour les patients en quête de guérison.
Et force est de constater qu’aujourd’hui encore ces «faiseurs de miracles» exercent en toute impunité et ne cessent de profiter de la fragilité et de la naïveté de pauvres malades. Malades appelées à être victimes si aucune mesure radicale n’est prise pour mettre un terme au charlatanisme ambiant.
Bachouche Idir