Garoura au "chevet" de l’environnement

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Œuvrer pour un environnement sain et un milieu naturel favorable à l’épanouissement de l’être humain est l’objectif nodal de l’association écologique Garoura du village Tarihant, dans la commune de Boujdima, à une vingtaine de kilomètres au nord de Tizi-Ouzou.

Interpellés par la dégradation de l’environnement dans la région, des jeunes universitaires ont décidé en 2013 de s’unir dans un cadre légal devant leur permettre de mener des actions en vue de « stopper le massacre », a expliqué à l’APS Djamel Semani, secrétaire général de l’association, agréée en février 2014. Les jeunes Noredine, Djamel, Mourad, Samia, Kahina et les 25 autres membres du bureau de l’association qui compte 132 adhérents, ont déjà fait face à des contraintes pendant les trois années d’exercice sur le terrain, sans que leur détermination et leur engagement ne soient affectés. « L’éducation environnementale est notre cheval de bataille, car nous sommes convaincus que seules la sensibilisation et la prise de conscience de la population peuvent contribuer au règlement définitif du problème de pollution et de prolifération des dépotoirs sauvages à travers les villages », a soutenu le président de l’association, Noredine Medjouti. Les enfants sont la première cible de l’association Garoura qui a organisé des volontariats de nettoyage du village de Tarihant qui compte plus de 5000 habitants et a placé des poubelles à travers tous les hameaux, à l’image de Tarihant Badda (la partie sud du village), Tarihant Oufella (la partie nord), Tissegouine et la placette du village ainsi que les abords de chemin communal, a-t-il indiqué. « Nous ciblons en premier lieu les enfants à travers leur implication dans des opérations de volontariat et de plantation au niveau des forêts. Nous effectuons également à leur profit des sorties sur le littoral pour nettoyer les plages en collaboration avec le Commissariat national du littoral (CNL) et la direction de l’environnement, tout en leur inculquant une certaine culture environnementale », a souligné M. Semani.

Projet de réalisation d’un centre de tri des ordures ménagères

En sus de ces aspects, l’association a lancé une opération de tri des ordures ménagères au niveau du village. Après avoir sensibilisé et informé les citoyens sur le bien fondé de l’action, une quarantaine de bacs offerts par l’APC de Boudjima ont été répartis sur l’ensemble du village pour servir, dans un premier temps, au tri du plastique, a-t-il fait savoir. Une convention a été signée avec une entreprise de récupération et de recyclage du plastique qui assure la collecte de ces déchets à raison d’une fois par semaine, a-t-il affirmé, précisant que l’opération est à sa troisième année. L’ambition des jeunes animateurs de l’association est d’élargir l’opération de tri à d’autres types de déchets notamment le papier et le carton, d’autant plus qu’un acquéreur a été déjà trouvé et il ne reste plus qu’à organiser la collecte, a-t-on signalé. Dans cette même optique, l’équipe de Garoura a lancé un projet de création d’un centre de tri des ordures ménagères dans la commune de Boudjima et proposé son implantation sur le site de l’ancienne décharge de Yafadjen, a expliqué le président de l’association. L’Assemblée populaire communale qui a soutenu le projet au même titre que la direction de l’environnement, a donné son aval pour le lancement des travaux, mais c’était compter sans l’opposition de citoyens au projet… Une autre assiette a été dégagée à Tarihant, mais une fois de plus des oppositions ont fait en sorte que le projet soit maintenu au stade embryonnaire, a-t-il regretté. Convaincue que le projet apportera une solution définitive à la problématique de gestion des ordures ménagères dans la commune, l’association mène encore des démarches en vue de régler les oppositions sur le site de Tarihant ou dégager un autre terrain pouvant servir à l’implantation de cette structure. Un jardin d’éducation environnementale à Azma Azma est un terrain domanial sis sur les hauteurs du village Tarihant. Il constitue un lieu de rencontre et de divertissement pour les jeunes de la région qui en profitent notamment pour organiser des matchs de football, des spectacles de chants et d’autres activités culturelles et artistiques en été. Dans la perspective de valoriser cet espace, l’association qui reçoit des subventions des autorités locales et des dons de bienfaiteurs, a proposé la création d’un jardin d’éducation environnementale.

Ces oppositions qui bloquent tout

Il s’agit d’une aire de jeu qui s’étalera sur une dizaine d’hectares et qui sera dédiée à l’environnement. Les enfants qui visiteront ce lieu, recevront des informations sur le milieu naturel, l’importance de la plantation et de la préservation des différentes espèces floristiques et faunistiques, a soutenu Djamel Semani. « Nous comptons introduire des équipements faits à base de déchets recyclés, à l’instar de tables, de chaises et d’accessoires récréatifs pour expliquer l’utilité du tri, la récupération et le recyclage des produits jetés quotidiennement dans des poubelles après usage », a-t-il observé. Une demande a été introduite auprès de toutes les autorités concernées (l’APC, la daïra, les directions de l’environnement et les domaines et la wilaya) en vue de mener à bien ce projet dont le lancement est tributaire d’un bornage du terrain domanial devant l’accueillir par un expert qu’engagera l’APC de Boudjima, a-t-on appris de même source. Contacté à ce sujet, le P/APC, Smaïl Boukherroub, a assuré que l’expert qui effectuera la délimitation, sera engagé « juste après le dépôt de devis de l’opération par l’association auprès des services municipaux ». L’association Garoura compte aussi développer le tourisme solidaire à travers la valorisation des six sites archéologiques que compte le village Tarihant, a ajouté son secrétaire général. Le village Tarihant compte six sites archéologiques dont un classé comme bien culturel local en août dernier par la commission de wilaya de classement des biens culturels, en l’occurrence Azrou Imyazen. « Les cinq autres lieux, à savoir Tamda Oukelouache, Lafayer, Azrou Tzizoua et les deux moulins taillés directement sur des rochers et Garoura sont dans un état de dégradation lamentable », a-t-il relevé. Dans le but de préserver ces sites, les membres de l’association ont adressé des écrits à la direction de la Culture pour demander leur protection à travers leur proposition au classement au même titre qu’Azrou Imyazen. « Des tailleurs de pierre ont déjà détruit une partie de cet héritage patrimonial que nous devons impérativement protéger et saisir pour développer l’activité touristique dans la commune de Boudjima qui compte plusieurs autres sites à preserver », a indiqué M.Semani La directrice de la Culture, Nabila Goumeziane, a réitéré dans ce sillage la volonté de ses services de protéger l’ensemble de l’héritage archéologique de la wilaya de Tizi Ouzou qui est, a-t-elle dit, témoin d’une grande civilisation humaine et d’un patrimoine riche et varié que sa direction ne ménagera aucun effort pour le préserver et le valoriser. (APS)

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