En cette période de vacances scolaires, force est de constater que les artères de la ville de Bouira sont quasi désertes et ce à n’importe quelle heure de la journée. La circulation est devenue extrêmement fluide et même les passants se font rares, comme si les Bouiris s’étaient donné le mot pour quitter la ville vers d’autres destinations. Pourtant, à quelques jours du nouvel an, les agences de voyages de la ville de Bouira n’ont pas connu d’affluence particulière, et ce, à cause de la cherté des déplacements en famille ainsi que d’autres priorités. En effet, cette année, la saison oléicole semble avoir pris le dessus sur les loisirs. C’est du moins ce que nous affirment certains gérants d’agences de voyages de Bouira qui sont conscients que les offres préparées à l’occasion des vacances d’hiver ne conviennent pas particulièrement à une clientèle ayant sa propre vision des vacances. C’est ce que nous confirme M. Chermat, propriétaire de l’agence ‘La découverte’ qui propose des séjours au Sud à des prix avoisinant les 60 000 DA. Un prix jugé excessif pour des salariés, dont la fiche de paie n’excède pas les 30 ou 40 000 DA. Pourtant, si des séjours au Sud sont inabordables, des sites touristiques à l’intérieur même de la wilaya de Bouira peuvent être proposés mais là encore, les gérants des agences de voyages font face à des «refus polis» auprès des établissements hôteliers pouvant accueillir les touristes. «Au niveau du CNLST, nous avons demandé à signer des conventions sur l’année, mais cela n’a pas pu se réaliser. De ce fait, nous ne pouvons pas proposer la destination Tikjda aux touristes», indique M. Chermat qui compte organiser prochainement une rencontre nationale des agences de voyages pour envisager des solutions à même de faire découvrir la destination Algérie. L’Algérie connait pourtant une affluence record de touristes étrangers dans le grand Sud, mais très peu d’algériens s’y rendent à pareille époque de l’année en raison des prix pratiqués. «Des gens de Bouira se rendent parfois au Sud pour les fêtes de fin d’année, mais par discrétion peut-être, ils préfèrent s’adresser à des agences de voyages hors wilaya», déclare notre interlocuteur. Auprès d’une autre agence de voyages de Bouira, on nous fera savoir que certains clients ont réservé des billets pour la Turquie et la Tunisie. «Ces clients sont rares à pouvoir se permettre des billets d’avion pour eux et leurs familles, d’autant plus qu’à cette période de l’année, il n’y a pas beaucoup de réduction tarifaire», dira la préposée au guichet de cette agence. D’ailleurs, en voulant en savoir plus, on apprendra qu’à peine une dizaine de places ont été réservées pour ces deux destinations. Dans une troisième agence de voyages, on sera étonné de notre présence et de nos questions concernant les vacances et les destinations proposées : «Nous faisons uniquement la Omra et le pèlerinage», déclarera la propriétaire, en disant «qu’à cette période de l’année, les gens sont occupés à la cueillette des olives et ne pensent pas à se distraire». Une réponse terre-à-terre mais qui n’est pas sans une certaine pertinence. «Je préfère aller au bled avec mes gosses et ramasser des olives, ce qui en plus de nous faire une sortie et nous distraire, nous permets de ramener de l’huile d’olive nouvelle. Les vacances, on verra ça au printemps ou cet été», déclare Mourad, rencontré à proximité d’une agence de voyages. Pour d’autres personnes, notamment les fonctionnaires, ils s’en remettent au bon vouloir des œuvres sociales associées à leur direction. «Généralement, on nous propose des séjours familiaux dans des centres de vacances à Tipaza, à Jijel ou à Béjaïa, mais cette année, on ne nous a pas fait d’offres, peut-être c’est dû à la politique d’austérité», s’interroge un enseignant. Toujours est-il que si les habitants de la ville de Bouira se sont «éclipsés» momentanément de chez eux, rien ne dit qu’ils sont en vacances. Car, d’après les agences de voyages, très peu de réservations ont été faites pour des vols vers l’étranger. Seule l’agence de voyages d’Air Algérie de Bouira confirme que les prochains vols à destination de la France sont complets et que sauf annulation de dernière minute, il sera difficile de vous payer un billet vers l’hexagone. Beaucoup, donc, s’offriront une bûche, sous l’olivier, à défaut d’un réveillon sous d’autres cieux.
Hafidh B.
