Les fontaines publiques de M’cisna, une commune située en haute montagne et dont le relief est accidenté, ont été réhabilités dans tous les villages, c’est ce que nous expliquera davantage, Kabache Karim, l’édile communal.
«Nous habitons le flanc d’une immense montagne qui regorge de points d’eau. Des points d’eau qui suffisaient, autrefois, à satisfaire les besoins des populations.
Depuis l’indépendance de notre pays, la population dans notre commune allait crescendo, ce qui nous a obligés de compenser le déficit en eau potable que nous ramenons des forages situés à la lisière de l’oued Soummam et tout récemment à partir du barrage de Tichy Haft.
L’eau du barrage est remontée de l’oued jusqu’à un niveau atteignant les 1.000 mètres d’altitude avec des pompes de reprise fonctionnant avec de l’énergie électrique. Cependant, ces pompes engendrent une grande pression qui pourrait faire éclater les conduites qui présenteraient des fuites.
Pour cette raison et d’autres, nous avons décidé de réhabiliter les fontaines publiques en réalisant une dans chaque village. Des fontaines alimentées à partir des sources donnant des eaux de bonne qualité.
L’eau arrive par aspersion gravitaire dans des conduites qui ne risquent absolument pas de receler des fuites et des pannes. L’eau de la fontaine, malgré un petit débit, est disponible à tout moment pour dépanner les villageois en cas de rupture momentanée de celle du barrage», a fait savoir notre interlocuteur.
Et d’jouter :«les fontaines ont été réhabilitées, en respectant l’aspect architectural de la campagne et la manière dont elles ont été conçues par nos aïeux. C’est-à-dire, elles sont construites avec de la pierre locale façonnée et charpentée avec de la tuile rouge. Pour éviter le gaspillage de l’eau, nous les avons dotées de robinets qu’on peut ouvrir pour laisser l’eau couler le temps de remplir son récipient. L’eau qui s’en échappe va dans un bassin qui sert aussi d’abreuvoir pour les animaux domestiques. L’eau qui déborde du bassin est récupérée par les propriétaires des jardins situés en contre bas. Pour vous dire, que tout est fait pour qu’aucune goutte ne se perde. Pour que ces fontaines soient fréquentées même de nuit, nous les avons même dotées de l’éclairage public», a-t-il dit.
Le maire a signalé, par ailleurs, que plusieurs particuliers ayant des puits et forages, qu’on retrouve presque dans chaque village, ont construit, chacun, une fontaine publique en sortant un robinet scellé au mur de leurs demeures, permettant et aux habitants et aux passants de s’approvisionner en eau potable.
L’édile communal pas manqué de remercier vivement ces particuliers bienfaiteurs à l’origine de ces actions louables. Avant l’avènement de l’eau coulant des robinets dans les foyers, chaque village kabyle possédait une ou plusieurs fontaines publiques. Autrefois, ces dernières étaient l’endroit idéal pour discuter et s’échanger des nouvelles entre jeunes filles des villages, qui allaient chercher l’eau dans des jarres, des peaux de chèvres (Aza3louk) ou des sceaux.
Les fontaines étaient fréquentées par la gent masculine qui prenait le relai, le soir. Un pan d’histoire des jeunes, dans les villages kabyles, que nous racontera Nacer, un septuagénaire : «De notre temps, quand un jeune garçon voulait se, il fréquentait les chemins qu’empruntaient les jeunes filles en groupe, pour aller chercher l’eau à la fontaine. A la rencontre de jeunes garçons, les filles par pudeur, baissaient les yeux. Le jeune garçon, profitait de ce fait pour choisir celle qui lui plait pour, ensuite, demander à ses parents d’aller voir les parents de sa préférée pour demander sa main».
Ce bon vieux temps a disparu dans la plupart des villages et reste un lointain souvenir.
L Beddar
