Les oiseleurs sont de retour

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Tout comme chaque hiver, à cette période précise, les oiseleurs sortent leurs pièges et s’adonnent à la chasse des oiseaux migrateurs. D’ailleurs, tous les jeunes de plusieurs de village sont à la quête de ces oiseaux. « Dans certains endroits, on ne peut plus trouver les grives parce que les olives manquent et aussi à cause du ronronnement des moteurs des engins qui effectuent les terrassements de la pénétrante vers l’autoroute Est-Ouest. Donc, il faut aller placer nos pièges dans d’autres maquis loin de ces bruits », dira un jeune chasseur accosté sur la RN25 en train de proposer ces oiseaux aux automobilistes. « Tout de même, je peux vous dire que j’arrive à gagner ma journée. Je prends jusqu’à une vingtaine par jour. Pour le réveillon, j’en ai vendu plus d’une centaine », confie notre interlocuteur . Ils sont nombreux à Ath Moh Kaci, par exemple, à chasser en groupe. « Certes, il n’y a plus de terroristes qui écument les maquis jusqu’à Boumahni, mais on craint que des engins explosifs parsèment toujours nos lieux de prédilection’, dit un autre jeune du village. Quant au prix, ils varient entre 100 dinars et 120 dinars la pièce. La plupart de ces chasseurs ne chassent pas par plaisir, mais ils le font parce qu’ils n’ont rien à faire dans cette région, où il n’y a aucune entreprise aussi minime soit-elle. « Certains bravent le froid glacial pour tamiser le sable. Mais, ils risquent beaucoup parce qu’il est interdit d’extraire le sable. Si les gendarmes vous arrêtent, vous risquez même la prison. Qu’est-ce que vous voulez ? il n’y a rien d’autre à faire dans cette commune. D’ailleurs, nombreux sont mes camarades qui vont dans d’autres villes du pays à la recherche d’un boulot», explique un autre chasseur. «Tout l’argent que je gagnerai, je l’utiliserai pour quitter le village et aller ailleurs. Des jours plus difficiles pointent à l’horizon, d’autant plus que même les constructeurs privés ont arrêté leurs chantiers, faute de ressources financières suffisantes», précise le premier interlocuteur. C’est dire que si ces jeunes chassent ces oiseaux, ils ne le font pas par gaité de cœur , mais, parce qu’ils sont contraints de le faire. «Je vous assure que j’aime beaucoup les oiseaux. Cependant, je ne peux pas m’en passer de les chasser. C’est une passion», conclut l’un d’eux.

A. O.

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