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Un café littéraire est né

Un café littéraire a ouvert ses portes au centre-ville d’Iferhounène, chez Si Hadj Mohand Mahfoud qui en a confié la gérance à son frère Hamid, un diplômé en sociologie.

La première activité fut organisée dans l’après-midi du 30 décembre écoulé, consistant en une table ronde ayant pour thème «L’immigration et ses mutations de génération en génération», animée par Aït Ben Ali Boubeker, ingénieur de formation en électrotechnique et blogueur sur les réseaux sociaux. L’intervenant a débuté son intervention en établissant un parallèle entre les premières vagues d’émigrants, en 1906, vers la France. Il expliquera : «Pour remplacer, dans les manufactures de l’hexagone, les ouvriers français partis à la guerre, le gouvernement français a contraint les «indigènes» des colonies à s’exiler vers la métropole. Une main d’œuvre bon marché à laquelle on fit signer des contrats à durée indéterminée». Ensuite, l’animateur s’est étalé longuement sur le rôle des émigrés dans le mouvement national : «L’apport de ces derniers, encadrés par la fédération de France, était d’une extrême importance pour la révolution algérienne, sur le plan politique et sur le plan financier», a-t-il expliqué. Un peu plus loin, concernant l’émigration postindépendance, M. Aït Ben Ali dira : «C’est une immigration économique. Les gens étaient contraints d’abandonner leurs foyers et partir s’exiler sous d’autres cieux à la recherche d’un travail qu’ils ne trouvaient pas dans leur pays. Ce fut notamment le cas pour la Kabylie». Pour conclure, le conférencier parlera d’une nouvelle forme d’immigration «illustrée par un départ massif de la classe instruite vers les pays occidentaux». Il citera, entre autres pays choisis, le Canada et les Etats-Unis d’Amérique. Le sujet n’a pas manqué de susciter un grand débat après la conférence, notamment de la part des nombreux jeunes présents. En réponse à une question sur le choix privilégié de la destination «France», le conférencier expliquera : «C’est dû à divers facteurs, principalement la langue». Répondant à un étudiant qui demandait si l’émigration était un problème ou une solution, l’animateur dira : «Elle est à la fois un problème, puisqu’il y a séparation et éloignement de la famille et des proches, mais elle est aussi bénéfique en matière de rentrées de devises pour le pays». Un autre étudiant soulèvera la problématique «du départ massif sans retour des nouveaux migrants, contrairement à leurs ainés». Et c’est le gérant du café, diplômé en sociologie qui lui répondra en expliquant : «C’est dû à l’effritement des liens sociaux et au manque de perspectives d’avenir dans le pays. Mais il y a également une volonté des grandes puissances de détruire les identités des petits Etats». A la fin de la rencontre, tous les présents se sont dits très satisfaits des échanges et ont décidé d’une autre rencontre, sur un autre sujet d’actualité, pour les prochains jours.

Madjid A.

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