«La musique est un don !»

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Kerrouche Salem, ancien professeur de musique au lycée de Larbâa Nath Irathen, est aussi chef d’orchestre à la Maison de la culture Mouloud Mammeri. Il a accompagné un grand nombre de chanteurs, à l’instar de Nouara, Zedek Mouloud et Aït Menguellet. Il a, par ailleurs, composé les musiques de plusieurs films tels Le mariage par annonce, La veuve…

La Dépêche de Kabylie : Vous devez sans doute travailler actuellement sur un projet…

Salem Kerrouche : Oui, je suis en collaboration avec la direction de la Maison de la culture, pour préparer une exposition de livres et d’instruments de musique en perspective du 12 janvier, Yennayer. Présentement, à l’occasion des vacances scolaires, je suis également présent dans ce même établissement où j’ai mis à la disposition des enfants des manuels pour qu’ils comprennent et saisissent l’importance de la connaissance de la musique locale, nationale et universelle, car la musique est une science. Vu leur ancienneté, ces livres sont très rares. Nous avons aussi d’anciennes méthodes d’apprentissage de piano, de flûte, de saxophone, de solfège, de polyphonie…

Il n’y a pas de manuels consacrésà la musique kabyle, pourquoi à votre avis ?

Tout simplement, parce qu’il n’y a pas eu de recherches dans ce sens. Pourtant, notre musique est très riche en rythmes, en modes, en gammes…

A votre avis, qui devrait s’occuper de ce travail de recherches ?

Il y a des musicologues kabyles, mais ils sont ailleurs. Si des recherches étaient faites, nous aurions beaucoup de surprises, par exemple concernant Thivourarine et Idheballen pour ne citer que ces deux genres.

Quelle appréciation portez-vous sur le style de la chanson et de la musique kabyles ?

Sur le plan harmonie, un excellent travail a été fait par Sofiane, Malika Domrane, Takfarinas, Idir…

Parlez nous un peu des instruments utilisés…

Nous avons des instruments à cordes tels le violon, le benjo, la mandoline, la guitare, avec des sonorités basses et des sonorités aiguës. L’autre catégorie sont les instruments à vent : flûte traversière, flûte en roseau, flûte indienne (plastique, fer). La première flûte date de 35 000 ans et c’est la flûte en roseau, Probablement berbère (rire !). La flûte péruvienne ressemble à la flûte kabyle. C’est le premier instrument qui a accompagné la voix humaine. Elle captive l’oreille. Il faut aussi relever l’évolution de la flûte depuis sa conception (flûte en roseau) jusqu’à nos jours (flûte traversière entre autres). Citons la flûte Piccolo, la flûte à bec, la flûte irlandaise, chinoise, la flûte Ney… Le métronome est quant à lui un instrument de mesure de la musique. Il est indispensable. Le kawala est une flûte arabe, orientale. La flûte a quelque chose de magique.

Selon vous, l’intérêt porté par les jeunes à la musique est-il suffisant chez nous ?

La musique s’apprend dès la petite enfance. Une étude a été faite sur 4 000 enfants au Canada. Le résultat est éloquent. Les enfants qui font de la musique sont intelligents. La musique développe l’intelligence, le cerveau en somme.

C’est votre conclusion ?

Pour avoir cette génération d’enfants, de futurs et grands musiciens, il faut mettre les moyens. La nécessité de construire des écoles de musique et des conservatoires se fait sentir, cela devient indispensable. La musique est aussi un don ! Nos établissements scolaires pullulent de talents et d’enfants passionnés de musique ! Cependant, les moyens font défaut.

Entretien réalisé par M A Tadjer

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