Quand le développement est otage de la politique

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Le projet de la zone industrielle de Souama peine à se lancer, encore moins à se concrétiser.

Pourtant, le projet a été inscrit depuis 2012 par un décret exécutif portant justement sur la création des zones industrielles. Le choix du terrain avait été bien auparavant. Dès 2011. L’assiette retenue s’étale sur une superficie de 312 hectares. Initialement, tout le monde semblait s’en réjouir d’un tel acquis pour la région. Sauf que les données pour ne pas dire «les humeurs» ont visiblement évolué. Le projet est sujet en effet présentement à plusieurs oppositions. Y compris de l’administration elle-même. Tout d’abord, les services agricoles avaient considéré que ces terres étaient à potentialités agricoles. Premier couac ! Il fallait donc déjà trouver une alternative. La solution fut alors de défalquer une partie de cette zone. Elle est passée de 372 à 327 hectares. La population enthousiaste au projet crut alors que le bout de tunnel n’était pas loin. Un grand soulagement fut ressenti car beaucoup d’espoirs étaient et restent placés dans cette zone d’activité, censée créer de l’emploi, booster le développement local et sortir la région de la situation précaire qu’elle vit. La phase d’étude du projet a été alors entamée en 2013. «Une seule opposition d’un citoyen a été enregistrée à ce moment-là», a précisé le maire de Souama. Sauf que, plus tard, une «quarantaine» d’opposants surgiront, revendiquant la propriété des terrains. Et malgré plusieurs tentatives des autorités, aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé avec les opposants en question. Le constat a été fait encore une fois tout dernièrement lors de la toute récente visite du wali effectuée dans la région la semaine dernière. «La zone a été détournée de sa vocation initiale», finira par s’en apercevoir le premier responsable de la wilaya. Des habitations ont été entre temps construites sur les terrains. Le maire de Souama a estimé, toutefois, que la superficie de la zone détournée «ne dépasse par les 10 hectares», laissant entendre par là que tout reste récupérable. Lorsque ce dernier aborde le motif des autres oppositions (voir entretien en page 2), pour lui, il est désormais évident que «les enjeux sont plus importants que ceux affichés par l’association des opposants». Il va jusqu’à parler de «manipulations» et accuser l’association des opposants de «vouloir bloquer le projet pour des raisons malsaines, politiques et d’argent, beaucoup d’argent !», s’exclame-t-il. Pour lui la diplomatie ne servira plus à rien pour le règlement de cette situation «qui n’a que trop duré!». Il se dit ouvertement loin de partager l’option privilégiée par le wali, optant pour une solution «diplomatique», celle-ci «ne fera que nous faire perdre encore du temps car au vu de la tournure des choses, les opposants ne veulent pas céder et leur but est justement de gagner du temps pour en faire un fond de campagne le moment venu», s’explique-t-il. Car ces opposants, le maire les identifie clairement : «Ils étaient candidats en 2012 et ils seront candidats en 2017», assène-t-il. «L’État doit prendre ses responsabilités et trouver une solution au problème, au plus vite». Le maire est on ne peut plus affirmatif : «J’aurais bien aimé que la démarche du wali réussisse mais je suis convaincu qu’elle échouera», dira-t-il. Plus offensif, il va jusqu’à pointer du doigt «la légèreté» dans le traitement du dossier et la «responsabilité de l’administration et des autorités dans le retard accusé dans la réalisation de ce projet». Dans la foulée, des voix ne s’empêchent même plus de s’interroger sur «la volonté de faire aboutir ce projet», supputant que ces oppositions qu’on a tendance à «respecter plus qu’il n’en faut» ne serait qu’un prétexte de façade. «N’est ce pas bizarre quand même qu’aucun des trois walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya, n’a pu trouver le moindre compromis pour faire avancer les choses !», lâchent des voix frustrées par une telle situation qui perdure au détriment de toute une région, et même plus, au vu de la grandeur du projet.

Kamela Haddoum

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