Abou Djamal, de son vrai nom Arezki Rabah, a rejoint le royaume des Cieux. Originaire d’Aït Abdelmoumène, d’où viennent ses parents, il est natif de la Casbah où il vint au monde le 14 mars 1938.
S. Ait Hamouda
Il a entamé à l’âge de 10 ans son intérêt pour l’art dramatique qu’il ne quittera que terrassé par la maladie. Chemin faisant, il laissera une jambe, en passant. Il est venu, pratiquement la veille de sa mort, visiter le village de ses parents. On lui a offert bien des présents dont il ne profitera pas, un burnous et quelques babioles pour marquer ses souvenirs ultimes d’un brin d’hommage rendu par le bourg qui a vu naître ses géniteurs. Arezki Rabah fut un acteur et comédien racé, typé autant qu’atypique, il campait des rôles difficiles, et beaucoup exigeant en composition, à l’image de Hassen Taxi, Hassen Nya, El Ghoula et tant d’autres comme Pépé le Moko, L’avare, et Brancaleone s’en va-t-aux croisades de Mario Monicelli aux côtés de Vittorio Gassman. Il faut dire que la carrière d’Abou Djamel fut florissante et riche en succès, de ce succès ingrat, qui vous laisse en rade lorsque vous ne servez plus à rien. Qui vous abandonne sur le chemin de croix au moment où vous lui criez toute vôtre amertume, votre désarroi, votre peine, votre chagrin et vos bleus à l’âme et il reste impassible et sans état d’âme. L’art, lorsqu’on le sert aussi sincèrement, avec autant de plaisir et de dévouement que le défunt ne peut que mal vous récompenser en retour. Il reste qu’il hantera «le Tontonville» par sa taille, ses gouailleries, ses blagues et ses histoires qui tantôt vous donnent l’envie de pleurer, tantôt de rire à ne plus vous retenir. L’homme en tout cas demeurera dans la mémoire de ceux qui l’ont connu comme un monument du 4e et 7e Arts algériens, une icône, un adepte quasi mystique de ces belles choses que sont le théâtre et le cinéma algériens et français. Cependant, quoi qu’il en soit, il a rejoint leur royaume et comme eux, il s’est caché pour mourir.
S. A. H.