La fréquence des naissances par césarienne est en effrayante progression à Akbou. Selon plusieurs sources médicales, la proportion des parturientes qui accouchent par l’entremise de cette opération a plus que doublé ces dernières années.
«Une femme sur trois accouche par voie abdominale, en subissant une ouverture chirurgicale de l’utérus», confie un médecin de santé publique. «Ce taux de césarienne est considérable, comparativement aux normes édictées par l’Organisation Mondiale de la Santé, fixant ce taux entre 5 et 15% des naissances», indique-t-il. Le toubib rappelle qu’il n’y a pas si longtemps encore, l’extraction du nouveau-né par césarienne était le dernier recours. L’option ultime à laquelle on était astreint de se résoudre pour éluder la souffrance fœtale et les séquelles qui pouvaient en résulter. «La pratique de la césarienne était limitée à certaines indications. Elle était décidée au cas où la parturiente présentait un bassin étroit, ou en cas d’anomalie dynamique liée à l’insuffisance des contractions. On pouvait également l’envisager dans le cas d’une grossesse anormalement prolongée, une malformation de l’utérus ou alors en cas d’association de certaines pathologies comme le diabète et l’hypertension artérielle avec la grossesse», explique un praticien officiant dans le secteur privé. Depuis les perfectionnements techniques, l’usage des antibiotiques et l’avènement de la césarienne segmentaire, permettant l’intervention au cours du travail, cette opération est parfaitement réglée et anodine pour la mère. Les progrès de la médecine ont aussi révolutionné la donne, fait-on savoir. Résultat : la césarienne n’est plus l’exception mais la règle dont on fait sienne, aussi bien à des fins prophylactiques que curatives. «Le développement des moyens et des techniques de surveillance et de diagnostique a aussi largement contribué à booster cette pratique chirurgicale. Dès que l’on repère la moindre anomalie fœtale, l’option de la césarienne est déjà mise sur la table. On y recours au moindre soupçon de complication ou de risque supposé, pouvant engager le pronostic vital du nouveau-né», déclare un autre médecin d’Akbou. Dans bien des cas, informe-t-on, c’est le couple qui insiste auprès du chirurgien ou du gynécologue, pour qu’une césarienne soit pratiquée. «Après de longs mois chargés d’angoisse, de stress et de sacrifices en tout genre, le couple veut avoir un bébé sain à tout prix. Cette préoccupation, au demeurant légitime, est d’autant plus obsédante que les grossesses sont limitées à deux ou trois, tout au plus», souligne un gynécologue d’Akbou.
N Maouche