Le maire d’Aïn-Bessem, M. Omari Ahmed, d’obédience PRA (Parti du Renouveau Algérien), revient dans cet entretien sur les principaux projets dont a bénéficié sa commune, sur la gestion des récentes intempéries, sur le dossier du logement et sur l’investissement.
La Dépêche de Kabylie : Plusieurs services étaient mobilisés lors des récentes intempéries. La commune d’Aïn-Bessem a été sensiblement touchée, comment avez-vous géré cette situation ?
M. Omari Ahmed : En réalité, dès que nous avons reçu le BMS annonçant d’importantes chutes de neige, nous avons procédé à l’installation d’une cellule de crise locale qui regroupe les services de l’APC, de la daïra, de la Protection civile, de la STP, de la Police, de la Gendarmerie nationale et de l’Armée nationale. Sur le terrain, nous avons entrepris plusieurs actions dès le premier jour des intempéries, notamment la réouverture des routes bloquées par l’amoncellement de la neige, à l’image des RN 18 et 25 au niveau du village Sidi-Yahia. Nous avons aussi veillé à l’acheminement et la livraison d’un important nombre de bonbonnes de gaz butane, notamment au niveau des villages non-raccordés au gaz naturel, ainsi pour la disponibilité des produits alimentaires de première nécessité, à l’image du pain et du lait. Aussi, nous avons réquisitionné l’auberge des jeunes Malek Bouguermouh sise au centre-ville afin d’abriter les sans-abris, les malades mentaux et les personnes de passage. Dans le même ordre d’idée, nous avons pris en charge cinq personnes, dont deux malades mentaux, un ressortissant nigérian, un SDF et une personne de passage, au niveau de cette même auberge. La cellule de crise continue actuellement son travail. D’ailleurs, nous venons tout juste de transférer l’un des deux malades mentaux pour une prise en charge médicale au niveau de l’hôpital de psychiatrie de Sour El-Gozlane, le reste est toujours pris en charge au niveau de l’auberge des jeunes. Nous faisons des patrouilles nocturnes, chaque soir, à la recherche des personnes en difficulté ou de passage, afin de les prendre en charge et les loger dans de bonnes conditions. Je tiens à rendre un hommage particulier aux soldats de l’ANP de la caserne de Sidi-Yahia, qui nous ont aidés et accompagnés, notamment pour le déneigement de la RN25 et l’acheminement du gaz butane, des produits alimentaires et des couvertures à des dizaines de villageois qui se trouvaient isolés par la neige dans cette zone montagneuse.
Lors de la récente rencontre du ministre de l’Intérieur avec les walis, il était question de diversification des ressources pour les communes. Au niveau de votre commune, comment comptez-vous vous y prendre ?
Au niveau de notre commune, toutes les possibilités sont étudiées, à commencer par les sommes que nous doivent les locataires des logements sociaux et des locaux commerciaux. D’ailleurs, nous allons entamer une vaste campagne pour la restitution de ces dus. Nous comptons surtout sur les différentes adjudications aux privés pour l’exploitation d’espaces publics ou autres structures commerciales, à l’image du marché couvert du centre-ville, du marché hebdomadaire et celui des bestiaux, de l’abattoir communal, de l’arrêt des bus… Le marché de gros en fruits et légumes, une fois mis en service, sera également très rentable pour les caisses de notre commune.
Au mois d’août dernier, une étude a été lancée pour l’aménagement d’une zone d’expansion touristique au niveau du barrage Oued Lek’hal, pouvez-vous nous dire plus sur ce projet ?
Effectivement, une étude pour l’implantation d’une ZET a été lancée par la direction du tourisme au barrage d’Oued Lek’hal, surtout que cette région dispose de toutes les potentialités nécessaires, avec notamment une forêt de plusieurs hectares, le barrage, plusieurs routes et des réseaux nécessaires (eau, électricité et gaz). Selon les informations en notre possession, un important investisseur dans le domaine est intéressé pour son exploitation et il s’est déjà manifesté auprès de la direction du tourisme. Ce dernier a même proposé la réalisation d’un complexe entier qui comportera un hôtel, des restaurants et autres équipements touristiques. De notre côté, nous sommes toujours prêts à aider et à accompagner l’implantation de ce genre de projet qui sera très bénéfique à notre commune, côté création d’emplois et de richesses.
Quel est le taux de raccordement de votre commune au gaz naturel ?
Sur ce point particulièrement, je dirai qu’on est parmi les communes les plus chanceuses à l’échelle de la wilaya, car le taux réel de raccordement a atteint les 80%. Récemment et en présence du wali de Bouira, nous avons mis en service le nouveau réseau du village Sidi-Yahia. D’autres villages ont été récemment raccordés, à l’image de Mouataâ, Ouled Brahim, Oued Lakhmiss, Cheboubia. Actuellement, il nous reste la localité d’Aïn-Chellala, où le projet a été lancé le 20 août dernier, mais les travaux sont malheureusement à l’arrêt et les villageois commencent à s’impatienter. J’ai fait état de cette situation à M. le wali de Bouira qui a tenu à me rassurer et je dirais à ce propos que le projet sera relancé très prochainement.
Et pour l’alimentation en eau potable ?
Pour le chef-lieu de la commune, nous sommes raccordés à 100% via les grands transferts d’eau potable du barrage Koudiat Acerdoun. Le réseau local vient d’être renforcé avec la réalisation d’un nouveau réservoir de 2000 M3, sur les hauteurs de la ville. Concernant les localités rurales, notamment le versant sud, les villages de Touhami, Houachria, Ouled Zidane sont aussi raccordés. Actuellement, il nous reste que le village Trarfa, où une étude sera lancée pour son raccordement à l’eau potable. Pour le versant nord, les travaux de raccordement du village Sidi-Yahia sont actuellement en cours, idem pour les villages d’Ouled Aïche, Cheboubia et Sidi Ziyane. Le seul village qui n’est pas raccordé de ce côté-là est celui d’Aïn-Chellala, où une étude a été réalisée pour son raccordement via un système d’extension du réseau de la commune voisine de Souk El-Khmiss.
Aïn-Bessem a été l’une des premières communes à implanter une zone d’activités communale (ZAC) sur son territoire. Actuellement, force est de constater que cette zone n’abrite plus aucun investissement…
Effectivement, et bien malheureusement, il n’y a plus aucune activité dans cette zone. Cette situation est due à deux paramètres : Le premier est que cette zone, réalisée durant les années 1970, a été rattrapée par le tissu urbain et elle est actuellement presque située au centre-ville. Le second élément est qu’en raison de la dégradation du climat sécuritaire durant les années 1990, cette zone a accueilli des centaines de familles qui ont fui le terrorisme et au fil du temps, elles se sont installées et la zone a été transformée en une zone d’habitation plutôt que d’activités. De notre côté, nous avons proposé à l’ex-wali l’implantation d’une nouvelle zone au niveau de la localité de Draâ Lahdjar où nous disposons de plus de 100 ha de terrain à faible potentialité agricole. Cette zone dispose de toutes les commodités pour l’implantation d’une nouvelle ZAC, à savoir l’eau potable, l’électricité, le gaz et les accès routiers. D’ailleurs, je viens de recevoir une correspondance de la commission de wilaya d’investissement, dont les membres se déplaceront chez nous le 31 janvier prochain. Ça sera une occasion pour nous de relancer cette proposition.
Durant votre mandat, quels sont les principaux projets que vous avez inscrits dans le programme communal (PCD) ou le budget communal ?
Sous mon mandat, l’exécutif communal s’est axé sur l’aménagement urbain et l’image de la ville. Avant, Aïn-Bessem avait des apparences d’un énorme chantier, c’est ce qui nous a poussés à agir de sorte à redorer le blason à notre belle ville, commençant par le projet de réaménagement du quartier Zmala, l’un des plus importants de la ville, qui a été enfin achevé. Idem pour le quartier de l’ex-course et le lotissement social. Nous avions aménagé plusieurs nouveaux accès routiers ainsi que la rue Aïssa Amar et le CW127 vers El-Hachimia. D’autres sont toujours en cours, à l’image du dédoublement de la route du quartier Aradh Saleh et l’aménagement du boulevard du centre-ville. Par ailleurs, nous avons réalisé plusieurs opérations, à l’image de la réalisation d’une nouvelle station, la réhabilitation de plusieurs écoles primaires et l’ouverture de nouvelles pistes. Nous avons aussi financé des opérations d’électrification rurale, notamment pour les maisons réalisées dans le cadre de l’aide à l’habitat rural et la réhabilitation de plusieurs réseaux d’éclairage public. D’autres projets sont proposés pour le PCD 2017.
À l’instar d’autres communes de la wilaya, Aïn-Bessem connait sans doute une véritable pression sur le logement social…
Pour les demandes des logements sociaux, nous avons enregistré près de 5 000 demandes pour un ensemble de 820 unités actuellement en cours de réalisation. Il est vrai que nous subissons cette pression au même titre que les demandeurs, dont certains s’impatientent vu leur situation. L’attribution de ces logements ne se fera qu’une fois la totalité des projets réceptionnés et ce, afin de satisfaire le maximum possible. En parallèle, nous étudions d’une manière régulière, en collaboration avec les services de la daïra, les dossiers des demandeurs afin de les classer selon les priorités. Pour les autres formules, nous avons actuellement 100 unités de type LPA en réalisation et 160 sur 600 de type AADL qui seront prochainement lancées. D’autres projets seront également inscrits, notamment avec la validation du nouveau PDAU de la ville, qui va nous permettre de récupérer de nouvelles assiettes.
Certains riverains se plaignent de la perturbation du service de ramassage des ordures ménagères, comment pouvez-vous expliquer cette défaillance ?
Je ne dirai pas qu’il y a une défaillance. Au contraire, nos agents font de leur mieux et parfois avec des moyens très limités. Je lance un appel à nos riverains afin d’être plus compréhensifs et d’adopter un comportement pour aider nos agents dans leur tâche. Ils doivent respecter les horaires pour sortir leurs poubelles, ils doivent aussi préserver les bacs à ordures qui sont souvent détériorés par des gens malintentionnés.
La date des élections locales se rapproche, serez-vous de nouveau candidat ?
Franchement non, je ne le serai pas. Nous avons travaillé durant ces cinq dernières années avec très peu de moyens et un effectif très réduit. Je pense que je partirai de ce poste avec le sentiment du devoir accompli.
Un dernier mot pour conclure…
Je tiens à remercier les citoyens d’Aïn-Bessem pour m’avoir fait confiance durant ces cinq dernières années. Pour moi, c’est une énorme expérience et j’en garderai un très bon souvenir.
Entretien réalisé par Oussama Khitouche

