Figure de proue de la résistance anticoloniale et chef de fil de l’insurrection fondatrice de 1871, El Mokrani aura bientôt un monument à la hauteur de sa stature.
Il s’agit, en l’occurrence, d’un mausolée dont les travaux ne sont pas encore pour autant achevés. Pris en charge par une provision budgétaire imputée sur les programmes sectoriels de développement (PSD), le projet est implanté à hauteur du village Kalaâ Nath Abbas, dans la commune d’Ighil Ali. Perché sur un plateau rocheux culminant à 1600 mètres d’altitude, la Kalaâ Nath Abbas fut, il y a quatre siècles, le berceau d’un royaume rayonnant sur les Bibans. Son essor s’est affirmé après la chute de Bgayet et la fin du règne de son dernier souverain hafside, Abou El Abbès Abdelaziz. Le royaume indépendant des Ath Abbas remonte au début du XVIe siècle. Son noyau urbain est dû au démembrement, voire à la chute des royaumes musulmans du Maghreb. Les deux fils du sultan hafside Abou Abdelaziz, survécurent à l’attaque de Bgayet par Pedro Navarro, et à la bataille qui s’ensuivit. C’est alors qu’ils se refugièrent à la Kalaâ en 1510. Sous la direction du Bachagha El Hadj Mohamed El Mokrani, soutenu par l’appel au djihad de Cheikh Aheddad, le mouvement insurrectionnel de 1871 a soulevé 250 tribus, soit le tiers de la population algérienne. Dans le tumulte de la violente répression qui s’est abattue sur les insurgés, El Mokrani a été tué le 5 mai 1871. Il fut enterré à la Kalaâ, près de Djamaâ El Kbir, ce qui n’empêcha pas la révolte de se poursuivre sous le commandement de son successeur Boumezrag Al Wanoughi, jusqu’à son arrestation. On se rappelle aussi que c’est à El Kalaâ Nath Abbas que devait initialement se tenir le congrès de la Soummam, avant l’épisode rocambolesque de la mule qui se fourvoya avec, dans ses bâts, des documents confidentiels du FLN. La Kalaâ Nath Abbas offre aujourd’hui une image de ruines et de désolation. Celle qu’a laissée le colonialisme après la destruction du village en janvier 1958.
N Maouche