Il est révolu le temps où la localité de Sidi-Aïch faisait parler d’elle aux quatre coins du pays. Ses enfants érudits et son marché hebdomadaire couronnaient la réussite d’une région que d’aucuns n’ont oubliée. Sidi Aïch a connu ses années de gloire, au milieu des années quatre-vingt, en raflant la vedette aux autres villes de la vallée, devenant incontestablement le centre qui accueille toutes les activités dans différents domaines et autour duquel gravite tout le beau monde de la vaste Soummam. Si certains lui prédisaient un avenir radieux, d’autres par contre savaient bien que le temps finit toujours par faner toutes fleurs, même les plus belles et noircir les horizons, même les plus éclairés. À l’instar de plusieurs villes du pays, et de Kabylie en particulier, sa situation socioéconomique est des plus déplorables, peinant à répondre aux aspirations de croissance de sa population. Et comment le pourrait-elle sans la moindre zone industrielle et sans réel programme de relance économique. Elle tend même à devenir une véritable citée dortoir de 20 000 habitants. Distante de 43 km de la ville de Béjaïa, traversée par le mythique fleuve de la Soummam, elle peine à retrouver ses repères et se cherche un second souffle. Vers 19 h déjà tous les commerces sont fermés et les rues sont désertées, pas une âme qui vive. Depuis une dizaine d’années, la vie nocturne peine à redémarrer dans cette ville de la Soummam, qui à une certaine époque offrait à ses habitants et aux visiteurs des soirées mémorables. Dés le coucher du soleil, Sidi Aïch est une ville fantôme. Hormis les sempiternels projets qui tournent en boucle à l’exemple des trottoirs et le bitumage des chemins vicinaux, aucun autre projet d’envergure n’est venu sortir la ville de sa léthargie. Par ailleurs, le projet routier, consistant en un tunnel qui permettra le passage de la pénétrante autoroutière Tubiret-Bgayet à partir de Maâlla est en phase d’achèvement, d’autant plus que la population locale l’attend avec impatience pour en finir avec le calvaire des bouchons qui se forment au quotidien au centre-ville. Toutefois, la situation écologique est loin de faire l’unanimité auprès des férus de l’écologie et même du citoyen lambda. Il vous suffit juste d’entamer une petite virée dans les rues et ruelles de la ville pour vous apercevoir du grand dépotoir que devient, lentement mais sûrement, Sidi Aïch. Les causes sont connues : au désordre, à la gestion catastrophique et aux manques croissants qui règnent dans les services municipaux viennent s’ajouter l’incivisme des citoyens et leur piètre rapport à l’environnement. Les ordures s’entassent dans tous les coins et recoins de la ville, à proximité de l’APC, des commerces, des arrêts de bus, des quartiers… presque aucun espace n’échappe à l’insalubrité qui gagne du terrain chaque jour. Du côté du marché, le constat est des plus sordides. Des déchets de toutes sortes et des relents nauséabonds empestent les sols et l’air. En effet, les déchets y sont incinérés et les fumées toxiques qui s’en dégagent sont très nocives pour la santé et néfastes pour l’environnement, dont Oued Soummam. Ce dernier est abandonné à son triste sort avec des retombées néfastes pour la santé des habitants. Son état est très préoccupant, pourtant il ne rencontre que mutisme et indifférence de la part des autorités locales et des associations. En l’absence d’une station d’épuration, les eaux usées de toutes les communes limitrophes s’y déversent sans traitement préalable.
Bachir Djaider
