Spéculations sur l’huile d’olives

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Bien que la récolte des olives ne soit pas encore entièrement terminée, l’huile de l’année est déjà mise en vente sur le marché, depuis plus d’un mois.

Les meules des pressoirs que nous avons visités ne s’arrêtent pas d’écraser les fruits qu’on y introduit par quintaux, à longueur de journée. Ce qui augure d’une rente importante pour les oléiculteurs. Depuis qu’ils sont entrés en possession de leur huile, certains agriculteurs ne cessent de revoir à la hausse le prix de leur produit qui a été cédé à 650 dinars le litre, au début de la campagne. Plusieurs mois plus tard, paradoxalement, c’est le moment où l’huile est abondante sur le marché que certains choisissent pour tester leur clientèle en montant leur prix à plus de 700 dinars, voire 800 dinars. Au marché hebdomadaire où elle est disponible à longueur d’année, son prix fluctue entre 600 et 700 dinars au grand dam des spéculateurs, déçus par les «casseurs du marché» disent-ils. Chez les vendeurs de Tazmalt et d’autres contrées comme du côté d’Ait Frah, les prix n’ont pas connu de hausse. D’ailleurs, de nombreux citoyens de la région s’approvisionnent d’autres régions telles Imsouhal, Iferhounene et même Bouira, où les prix sont plus cléments et la qualité du produit irréprochable. Bien que le produit de la région de Michelet soit considéré de bonne qualité, les consommateurs locaux ne sont pas prêts d’aller au-delà des coûts raisonnables. Dans les huileries où nous nous sommes rendus, l’huile toute verte, sentant l’olive, coule à flots dans les bassins de décantation, à la joie des paysans qui se frottent déjà les mains en pensant à l’argent qu’ils en tireront. «C’est mérité» nous disent-ils avant de se lancer dans un discours mettant en relief «la difficulté de leur travail avant d’en arriver là». C’est aussi le moment de dire que «quel qu’en soit le prix, l’huile est toujours bon marché». Une manière de préparer les consommateurs à payer plus cher. Or la loi de l’offre et de la demande est inexorable. Les clients savent que cette année, la récolte est abondante et que ceux qui disposent d’un surplus le mettront sur le marché, tôt ou tard. L’huile ne se stocke pas durant plus d’une année ou deux avant de prendre un goût acide. Le marché local est inondé. Les aires de stockage des pressoirs ne désemplissent pas alors que les oléiculteurs continuent à ramasser encore les olives.

A. O. T.

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