Les ressources en eau mal exploitées

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L’ambition affichée par le wali de Béjaïa, M. Mohamed Hattab, lors du dernier conseil de wilaya consacré au secteur de l’hydraulique, d’alimenter les foyers en eau potable H24 est réalisable, estiment les spécialiste, pourvu que les ressources hydriques dont dispose la wilaya soient exploitées au maximum.

Si le taux de raccordement au réseau AEP a atteint les 95% et le nombre de réservoirs disponibles est de 1 023, d’une capacité de 221 105 m3, néanmoins plusieurs localités souffrent des pénuries récurrentes en eau potable. La raison ? Le problème se situe dans la vétusté du réseau de distribution qui souffre de dégradation avancée et de colmatage chronique. À en croire le constat de la direction de l’hydraulique, le taux de perte estimatif d’eau dans les réseaux est de 45%. Actuellement, la dotation moyenne est de 145 l/j/habitant. Le volume d’eau produit pour l’AEP est de 256 800 m3/j, alors que le volume global s’élève quant à lui à 300 700 m3/j. Les vrais besoins des citoyens sont loin d’être satisfaits. Pourtant, la wilaya dispose de plusieurs sources hydriques dont la production doit être optimisée pour atteindre le but escompté, à savoir l’alimentation des foyers H24.

Eaux superficielles

La wilaya de Béjaïa dispose de deux grands barrages d’eau capables de couvrir une grande partie des besoins de ses cinquante-deux communes. Actuellement, leur production est estimée à 113 400 m3/j, utilisées à 100% pour l’AEP. Le plus important est le barrage de Tichy Haf situé entre les communes de Bouhamza (rive droite) et Tamokra (rive gauche) sur l’Oued Bousselam. Ce barrage a été lancé en 1988 et mis en exploitation en 2006. Ayant une capacité de 75 hm3, il régularise un volume de 150 hm3. Un transfert d’AEP pour alimenter les communes sises sur le couloir de la vallée de la Soummam a été réalisé à 100% par l’ANBT. Les travaux réalisés concernent une conduite s’étendant sur 90 km, Ø 1 800 à 1 000 mm, une station de traitement de 120 000 m3/j, 7 réservoirs de 23 000 m3 et une station de chloration de 75 000 m3/j. La mise en service de la première tranche à partir des ouvrages déjà réalisés a bénéficié à 18 communes, à savoir Tamokra, Akbou, Ouzellaguen, Amalou, Seddouk, Bouhamza (en partie), M’cisna (en partie), Sidi Aïch (provisoirement), Timezrit (en partie), El Kseur, Amizour, Beni Djellil (provisoirement), Semaoun (provisoirement), Feroun (provisoirement), Oued Ghir (en partie), Béjaïa (en partie), Chellata et Fenaia Il Maten (en partie). Pour une alimentation meilleure, il est prévu la réalisation de 130 km de conduites, 30 réservoirs et 25 stations de pompage. Selon la direction de l’hydraulique, des travaux sont engagés pour réaliser l’AEP de 10 communes sur l’opération PSD 2014. Ces municipalités sont Chemini, Tifra, Tibane, Tinebdar, Souk-Oufella, Sidi Ayad, Akfadou, Barbacha, Beni Maouche et El Flay. Les travaux de réalisation ont été confiés à six groupements d’entreprises, qui consistent à réaliser 232 km de conduites, 72 réservoirs et 58 stations de pompage. «L’avancement du projet est de 37%», a souligné la même source. Le volume global alloué aux communes sus-énumérées est de l’ordre de 65 hm3/an, a-t-on précisé. Par ailleurs, un appel d’offre a été lancé pour la prise en charge de l’AEP des six communes sud de la wilaya. Il s’agit respectivement de Tazmalt, Beni Melikeche, Boudjellil, Ighram, Ait R’zine et Ighil Ali. Les travaux visent à réaliser 197 km de conduites, 33 réservoirs et 15 stations de pompage. L’ouverture des plis a été effectuée le 30 janvier 2017, a-t-on appris de même source. À noter que l’on a prévu un prélèvement d’AEP à partir de ce barrage pour les deux wilayas de Sétif et Bordj Bou Arreridj. Le deuxième barrage est celui d’Ighil Emda, sis dans la commune de Kherrata, à l’extrême Est de la wilaya.

Eaux souterraines

Aux eaux de barrages et celles qui peuvent être encore conservées par des retenues collinaires, la wilaya de Béjaïa est riche en eaux souterraines. Ces dernières sont exploitées par des forages, des puits et des sources. La production actuelle est estimée à 183,000 m3/j, utilisée à 80% pour l’AEP. Elles sont exploitées au niveau des champs captant des Oueds Sahel, Soummam, Agrion, Djamaa, Zitouna et Taida par le biais de 130 forages sur un total de 237 (97 pour AEP, 23 pour irrigation et 10 pour l’industrie). Ces forages alimentent les communes de Béjaïa, Melbou, Souk El-Tenine, Aokas, Tizi N’Berber, Tichy, Tala Hamza, Adekar, Taourirt Ighil et Beni Ksila. Le reste des communes, en l’occurrence Kendira, Kherrata, Draâ El Gaid, Darguina, Taskeriout, Ait Smail, Tamridjet et Toudja s’alimentent à partir de sources qui sont au nombre de 850.

Eaux minérales

La wilaya de Béjaïa dispose de 12 unités fonctionnelles exploitant 23 forages et une source, totalisant 129 l/s (6 000 m3/j), selon un rapport communiqué par la direction de l’hydraulique sur la situation de ce secteur dans la région. Ces unités couvrent les besoins de la région et du marché national. Une quantité de la production est aussi exportée vers des pays du continent africain. De par ses hautes montagnes, qui bénéficient d’un taux de pluviométrie conséquent, la région de Béjaïa recèle de sources d’eau minérales intarissables. Les plus connues sont les sources de Toudja, Ifri, Alma et Lainceur Azegza. Certaines de ces sources ont donné leurs noms à des marques déposées d’eau minérale. Avec tout ce potentiel riche et diversifié qui existe dans la wilaya de Béjaïa, les citoyens n’ont pas à vivre constamment dans le stresse hydrique, comme si le cas actuellement dans plusieurs des communes.

Boualem Slimani

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