Qui se soucie des malades ?

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Les habitants de la daïra de Bouzeguène s’indignent de la dégradation des prestations de service au niveau de la polyclinique de Louda, l’unique structure de santé qui fonctionne H24.

Les citoyens disent n’avoir de recours que la presse, pour faire entendre leur voix. Ils dénoncent notamment le fait que les patients sont contraints d’attendre des heures avant de se faire ausculter ou pour un simple changement de pansement. Cette polyclinique ne dispose en effet que de deux praticiens, l’un affecté aux urgences et l’autre aux consultations. «J’ai attendu pendant deux heures sans aucune prise en charge. Et puis l’agent d’accueil fait fi de toute équité en faisant passer ses connaissances. C’est une honte, un manque total de professionnalisme !», se plaindra un citoyen. L’on signale également l’indisponibilité de certains médicaments, comme Perfalgan, un antalgique. Pour tout soin, ce sont les malades eux-mêmes qui achètent jusqu’à la moindre compresse. Les quantités sont limitées et sont réservées seulement pour les urgences. Pis encore, même le matériel de stérilisation fait défaut. Les infections menacent de toutes parts. La salle de soins est quant à elle très exiguë et le manque d’hygiène règne. Nous apprendrons par ailleurs que le cabinet de psychiatrie ne fonctionne qu’une fois par semaine et seulement la matinée. «Pour me faire renouveler le traitement, il a fallu que j’y aille plusieurs fois. La dernière fois, à 11H20, la psychiatre était déjà partie», nous confiera une citoyenne. Le personnel que nous avons également approché se plaint des très mauvaises conditions de travail : «On manque atrocement d’effectif. Un seul médecin ne peut pas faire face à 45 patients, notamment la nuit, et quand on est surchargés, on se concentre moins, on s’emporte et on risque de se tromper. Tous ces manques pénalisent et les patients et nous», dira un des praticiens. Dans les salles d’observation, les draps et les couettes sont repoussants de saleté. Les garde-malades patientent des heures, debout, attendant le verdict du médecin et craignant la plupart du temps le transférer de leur proche malade vers Azazga. Autre constat aberrant et inquiétant, dont personnel et patients se plaignent, c’est l’absence de sécurité. Le portail est tout le temps ouvert, sans aucun agent dans les environs. Les intrusions et agressions sont devenues monnaie courante, nous dira-t-on. «Plusieurs fois, ce sont des jeunes du voisinage qui sont intervenus pour secourir des membres du personnel féminin», nous rapportera-t-on. Lors de sa dernière visite, le ministre de la Santé avait pourtant insisté sur l’urgence d’améliorer les conditions de travail et les prestations de services dans tous les établissements de santé. Mais sur le terrain, force est de constater que les choses n’ont pas bougé. Les citoyens de Bouzeguène appellent de leurs vœux tous les responsables du secteur à faire aboutir en toute urgence le projet de l’hôpital de 60 lits, seule voie pour pallier aux insuffisances de la dite polyclinique.

Fatima Ameziane

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