Le marché pétrolier à la merci des tensions politiques

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Le marché pétrolier est traversé ces derniers jours, par de nombreux soubresauts. Après les frayeurs dues aux tensions au Nigeria, il y a une semaine, voilà que la tentative d’attentat contre un site en Arabie Saoudite, écorne encore la solidité des marchés du brut. Le résultat se fait évidemment sentir au niveau des prix, qui ont gagné près de deux dollars vendredi dernier.A New York, le baril de  » light sweet crude  » pour livraison en avril progressait de 1,96 dollar à 62,50 dollars vers 17H20 GMT (18H20 à Paris), après un pic à 62,85 USD. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,71 dollar à 62,25 dollars sur l’échéance d’avril, après avoir grimpé jusqu’à 62,56 USD. Malgré l’abondance des stocks pétroliers dans le monde, le marché a pris peur, vendredi, après qu’une attaque contre une usine de traitement pétrolier en Arabie saoudite eut été déjouée par les forces de sécurité à Abqaiq, dans la Province orientale. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a assuré que la production n’avait pas été affectée par cette tentative « d’attaque terroriste ». Mais ce pays étant de loin le premier producteur et premier exportateur de brut dans le monde, et le seul à pouvoir encore accroître sa production si nécessaire, le simple fait qu’il ait été visé a effrayé le marché. Ryad produit à lui seul 11% de l’offre mondiale de brut, soit 9,5 millions de barils par jour (mbj), et assure pouvoir encore fournir près de 1,5 mbj. La nouvelle « a accentué la tendance à la hausse », a estimé un analyste, soulignant toutefois que « les prix avaient commencé à remonter avant l’attaque ». « Cela a mis le marché sur les nerfs », a renchéri un autre analyste. « Le marché est tiraillé entre d’un côté, le renflouement des stocks et de l’autre, la multiplication des tensions géopolitiques », a-t-il ajouté, citant des risques en Iran, en Irak, au Nigeria, au Venezuela et maintenant en Arabie. « Le marché redoute une grave perturbation de l’approvisionnement » a-t-il encore souligné. Au Nigeria, les récentes attaques contre les installations pétrolières du Delta du Niger (sud) ont fait chuter de 20% la production de brut du pays, et les militants séparatistes à l’origine de ces violences ont juré de frapper à nouveau. Le Nigeria est le sixième exportateur mondial et a produit 2,4 millions de barils par jour (mbj) en janvier. Son importance est accrue par le fait qu’il fournit du brut léger et non-sulfureux, une qualité très recherchée par les raffineries. Le brut léger possède une forte teneur naturelle en produits pétroliers tels que l’essence, et il est donc plus rentable à traiter que le brut lourd, ce dernier est le seul que les producteurs peuvent fournir en quantités plus importantes actuellement. Les courtiers sont aussi préoccupés par l’affrontement entre l’Occident et l’Iran sur le programme nucléaire de ce dernier, et celui entre les Etats-Unis et le Venezuela. Dans le contexte actuel de faibles capacités de production excédentaires –1,5 mbj au maximum–, une perturbation de l’offre, peu importe dans quel pays, ne pourrait pas être compensée, du moins pas entièrement.

R. N et AFP

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