1 200 artisans radiés depuis 1998

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Le diagnostic fait dans le secteur, selon Kamel Gaci, chargé de la promotion de l’artisanat, n’est pas des plus reluisants.

«la majorité des artisans, confrontés aux problèmes fiscaux ont dû changer d’activité. Les charges les plus lourdes s’avérant être les impôts et la CASNOS», révélait notre interlocuteur. Il y a ensuite ceux qui ont été radiés et dont le nombre est estimé par ce responsable à 1200 artisans depuis 1998 au 4 janvier dernier. Au total, selon les données fournies par ce dernier, ce sont 4 539 artisans qui continuent à exercer leurs métiers. L’une des priorités auxquelles s’est attaché le directeur de la chambre est d’organiser périodiquement des séminaires où sont invités les différents acteurs de ce secteur consécutivement à sa stratégie, laquelle allie préservation des métiers traditionnels et modernité pour être de plain-pied avec les exigences d’une économie productive et performante. Le but est de sensibiliser les artisans sur certains droits qu’ils semblent ignorer. Par exemple, les activités développées dans le cadre de l’artisanat traditionnel sont exonérées d’impôts. Pour le fisc ou la Casnos, l’objectif est d’expliquer à l’ensemble des artisans les avantages dont ils bénéficient et pour ceux qui n’en bénéficient pas de leur faire prendre conscience de leurs devoirs. Le nouveau responsable recourt, donc, aux expositions bimensuelles afin de mieux structurer la corporation et de lui permettre de disposer d’une carte d’artisan soit pour s’acquitter de sa feuille d’impôts soit pour être exonérés au titre d’artisan traditionnel. «Beaucoup n’ont pas leur carte et ne bénéficie donc pas de ces avantages fiscaux», commentait le chargé de la promotion de l’artisanat. Dans ce sillage, selon lui, une soixantaine d’artisans ont pu obtenir leur carte et se voir orienter vers les services d’impôt et de CANOS en vue de la régularisation de leur situation, tant du point de vue du fisc que de la sécurité sociale. Pour l’heure, sur les 21 programmes élaborés dans le cadre de la promotion pour l’année en cours, cinq expositions ont pu voir le jour : 3 à l’occasion de Yennayer, (Ahl Ksar, Maison de la culture, anciennes galeries, Uno et Tassala). Des encouragements sont prodigués depuis décembre dernier en direction des artisans de haut niveau afin qu’ils participent à des salons nationaux ou internationaux comme celui qui se tient du 22 au 29 mars prochain à la Safex, à Alger. Seul l’effort de participation qui était de 25 000 DA et qui va doubler cette année constitue un obstacle que ne franchiront que ceux dont les produits ont une valeur marchande importante. Au total, à l’instar de la bijoutière de Bechloul qui a participé à Dubaï en 2016 et cette fabricante de savon à Versailles, une quinzaine exposent chaque année leurs productions dans des rendez-vous d’envergure régionale, nationale ou internationale, aux dires de notre interlocuteur.

Conflit ouvert entre artisans et direction de la chambre de l’artisanat

Pour ce chargé de la promotion, il existe trois catégories d’artisans : les potiers, les bijoutiers, les couturiers des habits traditionnels (ceux sont exonérés d’impôts comme on l’a dit) ; les artisans de production (boulangers, pâtissiers, soudeurs, menuisiers etc.) et les artisans de services (ces deux catégories payent leurs impôts, car, ils sont producteurs de plus values). Par ailleurs, selon le même responsable, il existe un fonds national de promotion qui, depuis 2013, a profité à 48 d’entre les artisans actifs. Le total de la somme débloquée au titre d’aide pour l’achat d’équipements est évalué à 2 000 millions de centimes. Enfin, dans le sillage de la nouvelle stratégie qui mise sur la valorisation des ressources humaines et l’amélioration de la gestion, un stage de formation organisé entre le 6 et 8 février à Tikjda par la chambre de l’artisanat de Bouira a concerné 17 cadres représentants 13 chambres d’artisanat, dont Tizi Ouzou, Béjaïa, Alger, Blida, Tipaza, Chlef, Aîn Defla, M’Sila, Djelfa, Gardaïa, Laghouat etc. Deux autres stages sont prévus cette année, un sur le tissage et l’autre sur le design de la bijouterie. Cela dit, à côté de ces belles prévisions théoriques, des artisans mécontents mènent une fronde dans le secteur depuis six mois, refusant de participer aux expositions et critiquant ouvertement la gestion de la chambre qu’ils accusent de favoriser la vente de produits artisanaux étrangers et d’autres sans liens avec l’artisanat et qui portent les uns et les autres un rude coup à la production nationale artisanale, celle qui selon Aboubekr Sahah, un artisan frondeur, fait revivre le vrai savoir-faire ancestral et le développe.

Aziz Bey

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