«Passer de l’oralité à l’écriture»

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La Journée internationale de la langue maternelle a été célébrée avec faste, hier, à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou qui porte le nom de celui qui a consacré sa vie à cette langue. Des hommes et des femmes de lettres, le fils de Si Mohand U Lhocine Sahnouni, à qui sera rendu un hommage, l’inspecteur de la langue amazighe, Abdallah Arboub, entre autres, étaient présents. La directrice de la culture, Nabila Gouméziane, dans son allocution, a insisté sur l’importance de la préservation de cette langue maternelle : «Cette journée internationale de la langue maternelle nous renvoie à la femme, la maman qui est gardienne du temple. C’est elle le pivot central de la famille et c’est elle qui transmet la langue à son bébé». Elle rappellera ensuite les démarches, séminaires et colloques qui ont contribué à l’officialisation de Tamazight. L’inspecteur de la langue amazigh, Abdallah Arboub, en homme de terrain, dira quant à lui : «La langue amazighe est en bonne voie, grâce à ceux qui ont lutté pour elle. Mais il reste beaucoup à faire». La salle était notamment pleine de collégiens venus de différents CEM. Trois communications étaient au menu. La première, sous le thème «Préservation du patrimoine immatériel», a été animée par M. Hassan Halouane, la deuxième «Tamazight langue maternelle : quelles perspectives pour son développement», animée par Saïd Chemakh, puis Brahim Bentaleb a présenté «Le triptyque amazigh : poèmes, fables, maximes de Si Lhussin Sahmouni». Rachid, le fils du défunt poète présentera un livre posthume de son père intitulé «Ameslay Inna Baba» (les propos tenus par mon père), recueil de poèmes, fables et maximes. C’est un livre de 512 pages comprenant 15 chapitres, non encore mis en vente. «Je suis très fier de mon père qui a fait beaucoup de recherches sur la langue amazighe dès son très jeune âge», dira Rachid. Comme l’expliquera Saïd Chemakh, du département de langue et culture amazighes, la Journée internationale de la langue maternelle a été instaurée par l’UNESCO en 2000. Claude Azech, linguiste français, a écrit «Halte à la mort des langues». Il a travaillé pour l’Unesco et a tiré la sonnette d’alarme : «D’ici 2050, sur les 6000 langues maternelles qui existent, la moitié disparaitra, notamment en Afrique et en Amazonie où les langues usitées sont restées au stade de l’oralité». Comme l’expliquera Saïd Chemakh, chez nous en Algérie, plusieurs facteurs contribuent à ce désastre : le facteur politique avec l’arabisation, les mariages mixtes et la citadinité, entre autres. C’est ce qui attend le berbère à Hodna, à Betioua (Arzew), dans l’Ouarsenis et à Tamensit (Timimount). La dernière femme à parler le berbère y a été enregistrée par Mouloud Mammeri, en 1971. Seul moyen de préserver cette langue, dira le conférencier, c’est de la faire accéder aux moyens modernes de transmission, le sous-titrage des films, la collecte de tout le patrimoine existant (poésies, berceuses…) et le passage de l’oral à l’écrit.

M A T

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