Comme on regrette le facteur…

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Le courrier postal est en déperdition dans la commune de M’cisna.

Bien souvent, signale-t-on, il emprunte d’improbables circuits détournés avant de parvenir à son destinataire. Pire : bien des citoyens de cette petite circonscription rurale attestent n’avoir jamais vu la couleur de leur pli postal. «Elle est vraiment loin l’époque où le facteur arpentait les ruelles de nos villages, le sac en bandoulière chargé de lettres. Affable et courtois, l’agent nous remettait le courrier en main propre. Cela nous comblait de recevoir des nouvelles en temps opportun et en toute confidentialité. Aujourd’hui, la poste semble avoir choisi de nous tourner le dos en nous abandonnant à notre propre sort», peste avec un brin de nostalgie, un sexagénaire du village Amagaz. Bien des villageois soutiennent que le courrier transite de personne en personne, avant d’atterrir enfin chez son destinataire final. «Cela peut prendre plusieurs jours, voire des semaines», affirme un jeune habitant du village Iazzouzen. «Si, par malheur, votre lettre est interceptée par une personne avec laquelle vous avez eu une embrouille, ou par un quelconque individu malveillant, vous n’aurez aucune chance d’en voir la couleur», relève un commerçant de Sidi Saïd, rappelant que plusieurs citoyens ont en fait l’amère expérience. Certains parmi les habitants d’Ighil Meloulen et Ighil Ouantar, avouent préférer se déplacer jusqu’à l’agence postale du chef-lieu communal pour chercher leur courrier. Mais là encore, ce n’est pas donné à tout le monde de le faire : «Il faut compter sur la seule force de ses jambes», dira un retraité d’Ighil Meloulen. Même à ce prix, se désole-t-on, le pari n’est pas gagné, car il faut bénéficier d’un heureux concours de circonstance pour ne pas retourner bredouille. «Cela m’est arrivé de faire plusieurs déplacements inutiles. À chaque fois, on m’invite à repasser et à chaque fois mes efforts s’avèrent vains», déplore un jeune d’Ighil Ouantar. Nombre de résidents de ces villages reculés en veulent à Algérie-Poste, d’avoir sacrifié ce service de proximité, au profit de segments plus porteurs. «Il n’y a rien de plus légitime qu’une entreprise s’inscrive dans une logique de rentabilité, mais ce n’est pas pour autant qu’elle devrait renoncer à sa mission de service public qui était sa raison d’être», s’insurge un citoyen de M’cisna.

N. Maouche

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