L’anarchie et le manque de prise en charge des malades règnent en maître mot à l’établissement public hospitalier (EPH) Mohamed Boudiaf de Bouira, où les patients ne cessent de se plaindre de carences, et surtout du mépris des médecins et infirmiers à leur égard.
Les insuffisances touchent pratiquement tous les services médicaux, notamment la maternité, les urgences et le service d’imagerie. Une virée sur les lieux nous a permis de constater de visu le supplice quotidien des patients en quête de prise en charge, et qui passent plusieurs heures dans les couloirs et salles d’attente. Au service de la maternité, la situation est beaucoup plus compliquée en raison du manque de gynécologues et de sages-femmes ainsi que de chirurgiens. Un déficit que les responsables de l’établissement n’arrivent toujours pas à combler, laissant ainsi les malades notamment ceux aux faibles revenus livrés à eux-même. «Moi, je suis de Bordj Khris, j’ai amené ma sœur enceinte à l’hôpital pour l’accouchement, mais les sages-femmes m’ont renvoyé et m’ont demandé de l’évacuer vers Lakhdaria et ce sans que la patiente ne soit consultée ou contrôlée par un médecin, c’est un calvaire qui dure», s’est plaint Raouf. Ce dernier a avoué avoir vu d’autres femmes qui ont été prises en charge sans aucun problème grâce à de leurs affinités et connaissances à l’hôpital. «Pour se soigner, tout se passe par la maârifa (connaissance)», dit-il avec amertume. Plusieurs autres patientes se sont plaintes du même problème, qui est «l’absence de prise en charge», ce qui crée souvent des scènes d’anarchie à l’intérieur du service et même de l’hôpital. Le même climat règne au service des urgences, où les patients se baladent dans les couloirs en quête de soins. Si certains ont la chance d’être soignés facilement, d’autres souffrent dans le silence. Cette anarchie n’a pas épargné le service d’imagerie médicale où le patient doit avoir des connaissances nécessaires pour pouvoir effectuer une radio, échographie ou un scanner, qui restent inaccessibles pour la majorité des pauvres. Sur un ton de méchanceté, une des réceptionnistes et le médecin accueillent les malades avant de les renvoyer ailleurs, chez les radiologues privés, pour qu’ils fassent leurs radios ou scanners. «Moi, je suis là depuis 8h du matin pour avoir un rendez-vous en vue d’un scanner cérébral, je suis resté jusqu’à 14h pour subir le refus du médecin», a confié un patient désespéré rencontré dans le couloir du service. «Je n’ai trouvé aucun responsable à qui me plaindre de cette situation, c’est désolant que de constater un tel imbroglio», a-t-il rouspété. Pour rappel, au lendemain de son installation, le wali de Bouira, Mouloud Cherifi, en visite inopinée au niveau de l’EPH, a donné des instructions pour la remise en marche des appareils de radiologie inopérants et surtout pour l’amélioration de la prise en charge des malades. La visite avait été effectuée au lendemain d’une nuit agitée marquée par des incidents au niveau du bloc des urgences.
T. S.

