Le thapsia “reine” du printemps !

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Le thapsia refait parler d’elle à l’occasion de la fête du printemps (Amenzu n’tafsut), que l’on s’apprête à célébrer dans les différentes localités de la vallée de la Soummam.

Une fête d’agapes et de réjouissances qui scelle la fin des rigueurs hivernales et annonce la reprise de la vie végétative, le renouveau, comme l’appellent les poètes. Les végétaux se réveillent de leur léthargie et reprennent leur toison verte, les champs se drapent de leur tapis herbacé, les bourgeons se relèvent de leur dormance, les boutons floraux éclosent, donnant lieu à une explosion spectaculaire aux multiples fragrances. Il va sans dire que la préparation du repas rituel ne peut aucunement s’accommoder de l’absence du thapsia (Adheryis). On se sert des racines de cette plante vivace, pour vaporiser les mets : du couscous accompagné d’un assortiment de légumes, qu’on arrose généreusement d’un filet d’huile d’olive de saison. Les œufs durs sont aussi de la partie. «En guise de légumes, beaucoup préfèrent plutôt le chardon et les fèves. Le tout cuit à la vapeur. D’autres optent pour le cardon et les navets. Néanmoins, il ne vient à l’esprit de personne de faire l’impasse sur les racines du thapsia, sans lesquelles le repas du printemps perd son âme», explique un vieillard de la région de Seddouk. «Pour l’avoir appris de mes lointains aïeux, qui dit fête du printemps, dit couscous au thapsia, et jamais couscous tout court. L’un ne va jamais sans l’autre. Cette pratique, qu’on perpétue de génération en génération, est très ancienne. Les vapeurs de cuisson issues du thapsia sont utilisées pour leur prétendue action purificatrice. Une action qui complète la stérilisation thermique des aliments, apprêtés à cette occasion», rapporte un sexagénaire de Chellata, sur les hauteurs d’Akbou. Pour se procurer les racines du thapsia, il n’y a rien de plus simple, puisqu’on en trouve pratiquement dans tous les marchés hebdomadaires et aux abords des routes, où elles sont proposées autour de 100 da. On peut aussi déterrer soi-même les racines dans les clairières et les espaces champêtres, que la plante colonise à foison. Sous ses allures de plante prosaïque, la plante dissimule des atouts insoupçonnés. Le thapsia trouve ainsi, largement sa place dans le registre de la pharmacopée traditionnelle. Depuis les temps les plus reculés, on lui prête des propriétés tonifiantes et laxatives. On s’en sert aussi comme remède contre les affections rhumatismales. Les Grecques l’employaient comme antidote pour neutraliser le venin de serpent. C’est dire…

N. Maouche

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