Sollicité au lendemain du colloque sur l’opération «Oiseau bleu», initié par la fondation qui porte le nom de son père, Nordine Aït Hammouda est revenu sur l’événement mais a aussi évoqué les prochaines élections législatives
La Dépêche de Kabylie : La fondation Amirouche Aït Hammouda a organisé hier (NDLR samedi) un colloque sur l’opération «Oiseau bleu», pourrions-nous en savoir plus ?
Nordine Aït Hammouda : Oui en effet, nous avons initié ce colloque en collaboration avec le village Aït Salah (Bouzeguène) une première pour la fondation en collaboration avec un village. J’estime que le rendez-vous a été un succès sur tous les plans. L’opération ‘’Oiseau bleu’’, pour rappel, fut une opération initiée en 1955 par des jeunes officiers de la wilaya III historique, dont Assis, Ahmed Ouzayed et Ousmir, sous le commandement de Krim Belkacem. Il s’agissait d’infiltrer l’Armée française par des jeunes militaires choisis par l’ALN.
Quel est votre objectif par cette démarche ?
La fondation est dans son rôle qui consiste à préserver le patrimoine historique. Cette démarche s’inscrit dans le cadre du lever du voile sur toutes les zones d’ombre et les non-dits qui ont caractérisé cette opération.
Vous parlez d’un rôle historique pour la fondation, certains observateurs parlent d’un rôle politique qu’elle pourrait jouer à l’occasion des prochaines échéances électorales. Qu’en est-il réellement ?
La fondation aura peut-être à faire de la politique, parce qu’Amirouche Aït Hammouda faisait de la politique et son fils aussi. Ceci dit, la fondation reste ouverte à toutes les personnes quelles que soient leurs appartenances politiques, sauf ceux qui ont trahi hier et trahissent aujourd’hui.
Qu’entendez-vous par ceux qui ont trahi hier et aujourd’hui ?
J’entends par là les harkis d’hier et ceux d’aujourd’hui. Ceux qui ont dénigré les martyrs de la révolution nationale, ceux qui ont dénigré la fondation avant même qu’elle ne voit le jour officiellement.
Ceux qui ont dénigré Nordine Aït Hammouda aussi, peut-être ?
Non, ceux-là ne sont pas concernés. Moi c’est permis, je ne suis pas intouchable.
Dans ce sens, en tant que président de la fondation Amirouche et fils de Chahid, que pensez-vous des dernières déclarations de Manuel Macron, le candidat à l’élection présidentielle française ? Pensez-vous que la France doive présenter des excuses à l’Algérie ?
Avant de parler de ça, j’aimerais dire que je suis outré du fait que la télévision nationale ait consacré un espace à la petite fille de Bachagha Bengana pour parler de cet homme et le présenter comme «un roi des Zibans». Cet homme est le premier traitre de l’Algérie. Il avait le titre de «Roi des Arabes», il était à la solde des colonisateurs. Il a assassiné des résistants algériens et leur a coupé l’oreille pour rendre des comptes aux Français. Si aujourd’hui sa petite-fille est dans son droit d’écrire sur son arrière-grand-père, elle n’a néanmoins pas le droit de faire dans le révisionnisme. Pour en revenir à votre question, personnellement, je ne demande pas des excuses à la France, mais je n’accepterai pas que la France glorifie le colonialisme et l’esclavagisme.
Nordine Aït Hammouda présentera-t-il une liste indépendante aux législatives prochaines ?
Je n’ai pas des difficultés sur ce plan, je vais en recueillir plus qu’il n’en faut. Ce seront un peu des primaires pour moi, ça me permettra d’évaluer mes chances.
Plus de détails peut-être sur la liste ?
Il est encore tôt pour parler de ça. Rien n’est encore fait. En tout cas, c’est une liste de jeunes universitaires et aucun d’eux ne traîne derrière lui des casseroles.
Où en est aujourd’hui Nordine Aït Hammouda ?
Aujourd’hui, j’ai tourné une page de mon passé, je me prépare pour les prochaines législatives. Mon parcours est connu, mes positions aussi. Je laisse les citoyens choisir les personnes qu’ils pensent être les mieux indiquées pour les représenter à l’APN. Ma campagne, je l’ai déjà faite lors des deux derniers mandats que j’ai faits au sein de cette assemblée. Je peux assurer aux citoyens de Tizi-Ouzou que je suis toujours dans la même disposition que lors de mes deux derniers mandats.
Propos recueillis par Kamela Haddoum

