Les guérisseurs et les gris-gris

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Les dits herboristes et autres charlatans et marchands de poudre de perlimpinpin ont, à Tizi-Ouzou, le vent en poupe. Commerce illicite mais toléré et communément admis par le commun des mortels. Ils ont pignon sur rue et s’adonnent à leurs négoces le plus normalement du monde. Et pourtant, pour faire ce métier, qui nécessite des connaissances, il faut avoir une autorisation. Ce que n’ont pas ceux qui l’exercent et tant pis pour les naïfs consommateurs. Ils font des placards publicitaires, des affiches et tout le toutim sans vergogne. L’un soigne toutes les maladies, même les cancers, le diabète et le Sida, cet autre les maladies mentales, il est exorciste, il éloigne le mauvais œil et neutralise la sorcellerie. Sans jamais craindre pour la santé de ceux qui les consultent. La «Roqia» aussi fait partie de leurs spécialités. Un décès y a pourtant été enregistré il y a quelques années de cela. La malheureuse victime est morte pour avoir ingurgité trop d’eau, et puis qui sait ce qu’il y avait dans ce liquide que le «raqi» lui a donné à boire. Ce commerce est en train de prendre de l’ampleur. Avec l’acuité de la crise, on préfère se rendre chez ce type de commerçants, qu’aller chez le médecin ou le pharmacien. Comment se peut-il que l’exercice de cette médecine parallèle, marginale, paranormale puisse se faire sans contrôle. Qu’on devienne fou ou qu’on ait une dépression, la solution est chez le guérisseur, le cheikh ou la taleb. «Ne vas pas chez le médecin, le psychiatre ou quelques autres spécialistes, ils vont aggraver ta maladie. Il faut aller chez le «raqi», lui te soignera de ton mal et te dira qui t’a jeté un sort ou l’a causé». Il faut que les services de la santé s’intéressent d’un peu plus près à ces charlatans à la petite semaine. Nonobstant la situation des consultants, pour la plupart incompétents, analphabètes et même instruits se rendent de bonne grâce chez ces imposteurs et les rétribuent grassement, en nature (moutons, poulets…) et en numéraires sonnantes et trébuchantes.

S. Ait Hamouda

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