«Le Doctorat Honoris Causa sera décerné incessamment au chanteur Aït Menguellet et à Matoub Lounes, à titre posthume, vers la fin de l’année», c’est là la grande annonce faite hier par le recteur de l’université de Tizi-Ouzou, Pr Tessa.
C’était à l’ouverture du colloque international sur l’œuvre du chanteur Lounis Aït Menguellet, au niveau de l’auditorium de l’université de Tizi-Ouzou. Le coup d’envoi a été donné conjointement par le recteur de ladite université, et le professeure Noura Tigziri, coordinatrice scientifique de ce colloque en présence de Lounis Ait Menguellet. Plusieurs personnalités étaient présentes également à ce rendez-vous. On peut citer, entre autres, Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut commissariat à l’amazighité (HCA), la directrice de la culture de Tizi-Ouzou, Mme Goumeziane, le chanteur Kamel Hamadi et le poète Benmohamed. Kahina Flici de l’université de Tizi-Ouzou a animé la première communication intitulée «L’analyse de l’œuvre d’Aït Menguellet : état des lieux». L’oratrice a dressé un état des lieux détaillé et critique des études qui ont été faites sur l’œuvre d’Aït Menguellet, que ce soit sur le plan de la recherche scientifique, de la traduction ou des différentes visions. «Pendant 30 ans, des recherches ont été effectuées sur l’œuvre de ce chanteur, poète et amussnaw. La première qui s’est intéressée à ce grand poète fut Tassadit Yacine. Dans son ouvrage «Aït Menguellet chante», publié en 1986, cette universitaire a traduit pas moins de 134 chansons traitant principalement deux volets dans la poésie d’Aït Menguellet, à savoir l’amour et la politique», dira la conférencière. D’autres travaux de recherche ont été réalisés tout au long de ces trente dernières années. «Une analyse thématique de la poésie d’Aït Menguellet a été l’objet de recherche de Khouas et Cherifi. Elle s’est intéressée aux différents thèmes suivants : l’amour, la politique, la société, l’identité et la philosophie», soulignera Kahina Flici qui signalera que le chef-d’œuvre ‘’Tiregwa’’ d’Ait Menguellet est inédit et qu’aucun chanteur n’avait fait ce travail auparavant. La deuxième communication a été animée par Lahoucine Bouaakoub, de l’université d’Agadir, sous le thème «Aït Menguellet et Tabaamrant : parcours différents et destins croisés». Avec une approche comparative, cet anthropologue tente de comparer les parcours des deux artistes qui ont vécu des histoires différentes et dans des conditions distinctes mais dont les combats se croisent et se rencontrent en la défense de l’identité. «L’histoire contemporaine de chaque pays, l’Algérie pour Ait Menguellet et le Maroc pour Fatima Tabaamrant, semble peser lourdement sur leur itinéraire. Tous les deux sont nés dans des villages, ce qui nous renseigne sur le contexte social et historique où ils ont vu le jour. Malgré des différences historiques et des conditions sociales, les deux ont fini par être des personnalités et figures emblématiques de leurs sociétés respectives, kabyle pour Aït Menguellet et Soussie pour Tabaamrant», expliquera l’universitaire. Quant à la troisième intervenante dans ce colloque, en l’occurrence Thiziri bachir, elle abordera le volet traduction dans l’œuvre d’Aït Menguellet. Intitulée ‘’Lounis Ait Menguellet : un poète entre traduisibilité et intraduisibilité’’, cette traductrice de profession s’est posé, dès le départ, les questions suivantes : Peut-on traduire la poésie d’une langue vers une autre langue ? Que doit-on traduire dans un poème ? Des questions auxquelles elle a essayé d’apporter des éléments de réponse en se basant sur une approche comparative de deux poèmes traduits par deux personnes différentes et en deux langues, à savoir le français et l’arabe.
Hocine Moula