Le village d’Ichikar, situé à 5 kms du chef-lieu d’Aït R’zine, est à vocation purement agropastorale. Le visiteur qui y mettrait les pieds pour la première fois sera indubitablement saisi par tant de verdure qui s’étend à perte de vue. Situé sur une vaste plaine bordée de petites buttes, Ichikar est un petit paradis sur terre, où les vergers constitués d’oliviers, de figuiers, d’agrumes, d’amandiers, de néfliers et bien d’autres sont omniprésents. Les cultures maraîchères font également partie du décor paradisiaque qui entoure cette localité. En ce début de mois de mars, les lieux offrent une vue magnifique. Il est vraiment difficile de détacher le regard de ces lieux « enveloppés » dans la verdure et les couleurs bariolées des fleurs des prairies et surtout de celles des amandiers qui ont d’ores et déjà ouvert leurs pétales et qui commencent même à tomber ! De temps en temps, des silhouettes apparaissent de loin pour disparaître aussitôt, comme des spectres, dans les serres ou les unités avicoles qui pullulent dans ce village rustique. Ce sont les paysans de cette contrée qui ne rechignent pas à travailler la terre avec amour et abnégation. Leur produits agricoles (fruits, légumes, poulets, œufs, huile d’olive,…) sont très prisés dans la région, eu égard à leur qualité irréprochable. Malgré quelques difficultés, les agriculteurs arrivent tout de même à tenir le coup en multipliant les sacrifices qui sont toujours couronnés de « succès ». « Ce n’est guère une sinécure que d’exploiter des dizaines d’hectares d’oliviers et autres arbres fruitiers, en sus des unités avicoles. Nous manquons en moyens, comme par exemple le gaz de ville pour les poulaillers. En hiver et pendant le froid rigoureux, nous perdons beaucoup de nos cheptels avicoles à cause du froid. Aussi, il y a l’aliment qui est cher et l’électricité. Quant à l’eau, elle est disponible en bonne quantité, car nous sommes sur une nappe phréatique importante, et puis nous sommes proches de l’oued Sahel… » indique un paysan rencontré au village. Par ailleurs, cette petite bourgade d’à peine 500 âmes, où les habitations sont éparses, est traversée par la pénétrante autoroutière de Béjaïa-Ahnif. Pour les besoins de sa réalisation, des milliers d’oliviers multiséculaires ont été arrachés et des centaines d’hectares de terre agricoles ont été ensevelis sous des couches volumineuses de tout-venant et de bitume ! Néanmoins, il est à soulever dans le même ordre d’idées l’avancée imparable du béton avec cette urbanisation anarchique au détriment des terres agricoles laissées pour une bonne partie en friche. L’extension urbaine sauvage s’effectue sans rationalisation aucune, alors que les besoins en produits agricoles vont en augmentant avec la croissance démographique. Au rythme où va la bétonisation des terres agricoles il y a fort à parier qu’il n’y aurait plus un mètre carré à cultiver à l’avenir !
Syphax Y.
