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«La religion de ma mère»…

Karim Akouche, auteur de «Allah, au pays des enfants perdus» sort un nouveau roman intitulé «La religion de ma mère».

Comme à l’accoutumée, cet écrivain, établi au Canada ne dérogera pas à son style incisif. Dans ce livre, il décortique encore la société de son pays qui a subi tant de décompositions et de tragédies. D’ailleurs, il l’explicite lui-même «La religion de ma mère» est une métaphore de la vie : dépossession identitaire, désintégration de l’être, délabrement du pays, décomposition du peuple, destruction du monde… En somme, explique-t-il, c’est une dystopie ou une utopie à rebours. Dans cet ouvrage, l’auteur recourt à plusieurs mots commençant par la lettre «d» décrivant ce qui ne va pas. Pour l’auteur, «ici-bas, ailleurs, chez les siens et les autres, dans les îles et en exil, tout échappe à l’être. Si ce dernier a le courage d’assumer sa vie, en a-t-il, un tant soit peu, pour accepter sa naissance ou sa mort ?». L’auteur lui associe une multitude d’explications. «Ce livre est une allégorie sur mon pays perdu. La révolution n’a pas tenu ses promesses. La doctrine de la délivrance, tant chantée par des faussaires et les coqs encrottés, a tué l’espoir dans le ventre d’une nation inventée dans les laboratoires… C’est aussi un ouvrage qui touche au sensible, au sacré, à l’essentiel : à la vie, à la mort, à l’homme nu, au néant, à la terre et au temps. Il (ce livre) gratte les plaies, exhume les cadavres et juge les martyrs. L’être humain est dépossédé dès qu’il atterrit au monde. Naître, c’est déjà commencer à mourir», note-t-il. Il compare son personnage principal à un animal égaré auquel on a collé une étiquette d’égaré. «Son acte de naissance est un acte de décès. On a fait de lui ce qu’il n’est pas. On a ensorcelé son esprit. On l’a transformé en zombie. Il doit pouvoir se battre pour parler la langue de sa mère, pour boire le lait de ses racines, pour être libre de dire ce qu’il ressent et ce qui l’anime. Il marche, transpire, gueule dans des micros, dénonce la prophétie des corbeaux, répare son cœur et sa chair, tombe, se relève puis, ignoré par les légendes nationales, il quitte le radeau et s’enfuit», explique-t-il, d’autant plus que le personnage du roman est exilé. Et en résumé, «La religion de ma mère», est un livre à la fois innocent et violent : il dit l’énigme de l’existence, raconte l’histoire d’un homme qui était quelqu’un et devient tout à coup quelque chose, lui qui avait tout et qui soudain se retrouve sans rien. L’histoire écrite par l’auteur est celle de Mirak, exilé à Montréal (Canada) qui apprend la mort de sa mère qu’il n’a pas revue depuis longtemps et rentre en Algérie pour l’enterrement. Il traverse une dépossession au fur et à mesure qu’il croise les lieux et les visages de son enfance dans un pays méconnaissable où règnent l’absurde et le chaos. À travers la quête désespérée d’un passé révolu et la découverte d’un présent violent, le narrateur brosse l’émouvant portrait de sa mère et le confronte à l’égarement de son peuple. Alternant monologue et récit, Mirak interroge l’identité d’une nation fragmentée qui peine à se remettre d’une longue crise politique. Et d’avertir : «Celui qui dit «je» dans ce livre n’est pas l’auteur, mais le lecteur, c’est-à-dire, vous, les autres». Il s’agit de mettre toute personne qui le lit en face de cette réalité amère. Tout comme dans «Allah, au pays des enfants perdus», c’est l’écrivain haïtien, Gary Klang qui a écrit sa postface : «C’est un roman totalement original car, en le lisant, on ne pense à rien de ce qui s’est fait avant». Pour cet écrivain, cette manière d’écrire de Karim Akouche est le style mitraillette. «De la plume de Karim naît une atmosphère d’une originalité surprenante. Ses mots jaillissent avec rapidité, avec la force des balles d’une mitraillette, une mitraillette qui ne cracherait pas pour tuer, mais pour ne pas laisser indifférent», nous éclaire cet ami de Karim (Gary Klang). Celui-ci estime que, concernant le fond et la forme, la prose et la poésie se marient pour exprimer métaphoriquement l’éternelle tragédie de l’être : tout homme est jeté nu et en sort nu. Il conclut que «La religion de ma mère» est un roman universel qui renvoie au lecteur l’image crue de sa condition humaine». Cet ouvrage paraîtra dès le 8 mars aux éditions Frantz Fanon (Algérie) et en avril prochain aux éditions Michel Brûlé (Canada). Selon son éditeur en Algérie, Karim Akouche fera ensuite une grande tournée mondiale en passant par Tizi-Ouzou, Alger, Paris, Lyon, Bruxelles, Alicante, New York, Marrakeche et Montréal.

Amar Ouramdane

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