Tel un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage, le renchérissement du coût de la vie n’en finit pas de laminer les ménages, poussant de larges franges de la société vers la paupérisation et la précarité. Amorcés dès l’installation de la crise financière, les prix des biens et services n’ont pas cessé de fluctuer à la hausse. Par effet d’anticipation de la loi de finances 2017 qui a introduit de nouveaux impôts et taxes, certains produits et services ont connu une hausse fulgurante dès la fin 2016, avant de flamber littéralement au cours de ces derniers mois. La mercuriale des produits agricoles frais a accusé une hausse significative, avec une mention spéciale pour la tomate et les œufs, qui ont bondi de près de 100%. Pour les légumes secs, qui ont globalement emprunté la même courbe ascendante, la palme revient aux pois-chiches, lesquels sont passés de 190 DA en moyenne à 320 DA le kilo, soit un glissement de plus de 80%. «Chaque jour, on se rend à l’évidence qu’on doit se serrer davantage la ceinture pour survivre», fait remarquer sur une pointe de dépit, un smicard de Tazmalt. La tendance au renchérissement touche également les produits manufacturiers non alimentaires, comme l’habillement et chaussures, les meubles et les articles d’ameublement, ainsi que les produits de santé et d’hygiène corporelle. Les services ne sont pas en reste, puisque aussi bien les prestations de transport que celles liées à la communication, sont ancrées sur une courbe haussière. La convergence de plusieurs indicateurs négatifs, expliquent les analystes, est à l’origine de la hausse de l’indice des prix à la production et à la consommation. On cite le relèvement des taxes consacrées par la loi de finances de l’année en cours, la dépréciation de la valeur du dinar et les pratiques spéculatives qui gangrènent la sphère économique. Pour paradoxal qu’il soit, même les produits ayant accusé un recul sur le marché mondial, sont localement happés par la spirale inflationniste. Ainsi, l’«étau» d’inflation se resserre sur les ménages qui voient leur pouvoir d’achat s’effilocher au fil des semaines. «Nous ne savons plus où donner de la tête. Il ne se passe plus un seul jour sans qu’on nous annonce l’augmentation du prix de tel ou tel produit», déclare, désemparé, un fonctionnaire d’El Kseur. «Il y a quelque chose d’inquiétant dans ces hausses généralisées qui n’épargnent même pas les produits alimentaires de base. À ce rythme, il est à craindre que dans un avenir proche, on ne trouvera plus rien d’accessible à se mettre sous la dent», s’alarme un père de famille d’Akbou, journalier de son état.
N. Maouche
